Une controverse concernant la transparence et la responsabilité a éclaté à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, alors que le conseiller municipal David Hickey a appelé à la dissolution complète de la Commission de police de Saint-Jean. Cette proposition audacieuse survient dans un contexte de frustrations croissantes face à ce que Hickey décrit comme une “déconnexion fondamentale” entre les opérations de la commission et les structures de gouvernance de la ville.
“Le modèle actuel ne fonctionne tout simplement pas pour notre communauté,” a déclaré Hickey lors de la réunion du conseil de lundi, où il a présenté une motion pour faire pression sur le gouvernement provincial afin d’abolir entièrement la commission de police. “Il existe un manque important de transparence qui doit être résolu, et le statu quo ne peut pas continuer.”
Au cœur du différend se trouve la question de la surveillance civile. La Commission de police de Saint-Jean, établie en vertu de la législation provinciale, fonctionne actuellement avec une autonomie considérable par rapport au conseil municipal. Cette organisation a créé des frictions alors que les conseillers cherchent à avoir plus d’influence sur les priorités policières et l’allocation des budgets dans une ville confrontée à d’importantes contraintes financières.
Le chef de police Robert Bruce a défendu la structure de la commission, soutenant qu’elle offre l’indépendance nécessaire aux opérations policières. “Le modèle de commission existe partout au Canada pour garantir que les services de police restent libres de toute ingérence politique,” a noté Bruce dans une déclaration.
Cependant, les critiques évoquent des incidents récents qui ont mis en lumière les défis de gouvernance. Le mois dernier, la commission a approuvé une augmentation budgétaire controversée avec une consultation publique minimale, provoquant une réaction négative des résidents préoccupés par les implications fiscales municipales. Le processus de prise de décision à huis clos de la commission a davantage alimenté les appels à la réforme.
La proposition du conseiller Hickey remplacerait la commission par une structure de rapport direct au conseil municipal, similaire à d’autres services municipaux. “Tous les autres services municipaux sont responsables devant le conseil et le public. Pourquoi la police devrait-elle être différente ?” s’est interrogé Hickey.
La motion a reçu des réactions mitigées de la part des autres conseillers. Donna Reardon a exprimé sa sympathie pour ces préoccupations, mais a suggéré que des modifications plutôt qu’une élimination pourraient être plus pratiques. “Nous devons trouver un juste milieu qui préserve l’indépendance tout en renforçant la responsabilité,” a-t-elle déclaré.
Les experts juridiques notent que tout changement nécessiterait des modifications à la Loi sur la police du Nouveau-Brunswick, rendant essentiel l’adhésion du gouvernement provincial. La spécialiste du droit municipal, Dr Ellen Thompson de l’Université du Nouveau-Brunswick, a expliqué : “Ce n’est pas quelque chose que la ville peut changer unilatéralement. La province devrait être convaincue des mérites d’un nouveau modèle de surveillance.”
Le ministère de la Sécurité publique a accusé réception des préoccupations, mais n’a pas encore offert de commentaire de fond sur la proposition.
Les groupes de défense communautaire se sont emparés du débat pour faire pression en faveur de réformes policières plus larges. La Coalition pour la justice sociale de Saint-Jean a demandé que toute nouvelle structure de surveillance inclue une solide représentation civile. “Cette conversation ne devrait pas seulement porter sur les lignes hiérarchiques bureaucratiques, mais sur un véritable engagement communautaire dans les priorités de sécurité publique,” a déclaré la porte-parole de la coalition, Maria Chen.
La motion de Hickey est prévue pour un vote lors de la prochaine réunion du conseil, bien que les observateurs notent que même si elle est adoptée, elle ne marquerait que le début de ce qui pourrait être un long processus de réforme.
Alors que ce débat se déroule à Saint-Jean, il soulève une question fondamentale qui résonne bien au-delà du Nouveau-Brunswick : dans notre démocratie moderne, quel est l’équilibre optimal entre l’indépendance de la police et la responsabilité démocratique envers les communautés qu’elle sert ?