Le beau jeu s’apprête à prendre de l’ampleur—beaucoup d’ampleur. Des sources proches de la FIFA ont révélé que l’instance dirigeante du football envisage sérieusement une expansion sans précédent à 64 équipes pour la Coupe du Monde 2030, transformant potentiellement le tournoi en le plus grand spectacle sportif de l’histoire.
Ce changement dramatique interviendrait seulement huit ans après la dernière expansion significative de la FIFA, qui a augmenté le nombre d’équipes de 32 à 48 pour le tournoi de 2026 co-organisé par les États-Unis, le Canada et le Mexique. La vitesse fulgurante de ces changements soulève de profondes questions sur l’avenir de l’événement phare du football international.
“Le football a toujours été une question d’inclusion”, aurait déclaré le président de la FIFA, Gianni Infantino, aux dirigeants lors de réunions à huis clos à Zurich la semaine dernière. “Cette expansion représente notre engagement à intégrer davantage de nations, de supporters et de rêves dans l’expérience de la Coupe du Monde.” Alors que la machine de relations publiques de la FIFA présente cela comme une évolution démocratique du jeu, les considérations économiques racontent une histoire parallèle convaincante.
Les calculs financiers derrière une telle décision sont vertigineux. La Coupe du Monde 2022 au Qatar a généré environ 7,5 milliards de dollars de revenus, et la FIFA prévoit que le tournoi à 48 équipes de 2026 pourrait pousser ce chiffre au-delà de 11 milliards. Une compétition à 64 équipes pourrait potentiellement faire grimper les revenus vers un seuil étonnant de 15 milliards de dollars—des chiffres qui transforment cet événement sportif en l’une des propriétés de divertissement les plus précieuses de la planète.
Mais à quel prix pour le jeu lui-même? D’anciens joueurs et managers ont exprimé une inquiétude croissante concernant l’encombrement du calendrier et le bien-être des joueurs. “Nous poussons déjà les joueurs d’élite à leurs limites physiques”, a noté l’ancien international français et commentateur actuel Marcel Renoir lorsque je lui ai parlé lors du festival CO24 Culture le mois dernier. “Ajouter une ou deux semaines de matches à haute intensité pourrait fondamentalement altérer la qualité du jeu et la longévité de la carrière des joueurs.”
La logistique d’organisation d’un tournoi aussi massif présente un autre défi de taille. La Coupe du Monde 2030 proposée—marquant le centenaire du premier tournoi en Uruguay—sera probablement organisée sur plusieurs continents, avec une candidature Espagne-Portugal-Maroc actuellement favorite. L’ajout de 16 équipes supplémentaires nécessiterait des sites, des installations d’entraînement et des hébergements additionnels dans une structure organisationnelle déjà complexe.
L’expansion profiterait le plus significativement aux confédérations comme l’Afrique (CAF) et l’Asie (AFC), qui ont historiquement été sous-représentées malgré leurs populations massives. La CAF ne reçoit actuellement que cinq places garanties dans le format à 32 équipes, mais pourrait voir ce nombre potentiellement doubler ou tripler avec un plateau de 64 équipes. Ce rééquilibrage régional représente un changement significatif dans la géopolitique du football, reflétant l’évolution mondiale du sport au cours du siècle dernier.
Les critiques soutiennent qu’une expansion aussi rapide dilue la qualité compétitive de ce prestigieux tournoi. “La Coupe du Monde était autrefois le summum de l’excellence, où seules les nations d’élite absolue s’affrontaient”, a déclaré Carlos Mendoza, ancien directeur technique de l’équipe nationale du Chili. “Nous risquons de la transformer d’une compétition d’élite en quelque chose qui ressemble davantage à un trophée de participation.” Ces préoccupations tendance ont déclenché un débat passionné entre traditionalistes et modernisateurs du football.
Ce qui est particulièrement frappant, c’est la façon dont cette expansion reflète des tendances culturelles plus larges vers l’inclusivité et la mondialisation. Tout comme nous avons vu les plateformes de divertissement élargir leur contenu pour atteindre des publics plus diversifiés, la FIFA semble suivre un scénario similaire—avec la motivation supplémentaire de rendements financiers substantiels.
La décision finale devrait être annoncée au printemps prochain, après des consultations avec les confédérations, les diffuseurs et les partenaires commerciaux. Quel que soit le résultat, il est clair que la Coupe du Monde telle que nous l’avons connue évolue dramatiquement. Le tournoi qui a captivé les audiences mondiales avec la magie de Pelé en 1958 et le génie de Maradona en 1986 se transforme sous nos yeux en quelque chose d’entièrement différent—pour le meilleur ou pour le pire.
La question que les fans du monde entier doivent se poser est profonde: L’avenir du football réside-t-il dans le fait de devenir plus grand, plus inclusif et plus commercial? Ou quelque chose d’essentiel concernant le beau jeu risque-t-il d’être perdu dans cette expansion implacable? Alors que les opinions continuent de diviser le monde du football, une chose reste certaine—le sport que nous aimons continue de refléter le visage changeant de la culture mondiale elle-même.