Le remarquable périple à travers le pays d’une adolescente de Grande Prairie pour sensibiliser à la santé mentale approche de sa conclusion alors qu’elle retourne dans sa ville natale. Emma Lockhart, dix-sept ans, a passé les trois derniers mois à traverser le Canada en courant, parcourant plus de 6 000 kilomètres tout en collectant des fonds et en sensibilisant aux ressources en santé mentale pour les jeunes.
“Quand j’ai commencé ce voyage à Halifax, je n’étais honnêtement pas sûre d’arriver aussi loin,” m’a confié Lockhart lors de notre entrevue à la cérémonie d’accueil hier. “Mais chaque message de quelqu’un me disant que ma course les aidait à se sentir moins seuls m’a donné la force de continuer, même dans les moments les plus difficiles.”
La campagne “Kilomètres pour l’esprit” de Lockhart a déjà recueilli plus de 175 000 $ pour des programmes de santé mentale spécifiquement destinés aux adolescents des communautés rurales à travers le Canada. L’initiative est née d’une expérience personnelle après que Lockhart ait lutté contre la dépression suite au diagnostic de trouble bipolaire de son frère il y a deux ans.
Le soutien local a été impressionnant, les résidents de Grande Prairie bordant certaines portions de l’autoroute 43 hier pour l’encourager lors de son approche de la ville. La mairesse Rebecca Thompson a officiellement déclaré le 26 juin “Journée de sensibilisation à la santé mentale des jeunes” à Grande Prairie, remettant à Lockhart une clé cérémoniale de la ville lors d’un rassemblement auquel ont participé plus de 300 membres de la communauté.
“Ce qu’Emma a accompli va bien au-delà de l’exploit physique,” a déclaré Dr. Amelia Chen, Directrice des services à la jeunesse de l’Hôpital régional de Grande Prairie. “Elle a créé un espace pour des conversations cruciales sur la santé mentale dans des communautés où ces discussions ont traditionnellement été stigmatisées.”
L’impact va au-delà de la collecte de fonds. Les écoles sur le parcours de Lockhart signalent une augmentation de l’engagement des élèves avec les ressources en santé mentale. À l’école secondaire composite de Grande Prairie, où Lockhart est en dernière année, les rendez-vous de counseling ont augmenté de 45 % depuis qu’elle a commencé son voyage.
“Des élèves qui n’auraient jamais franchi ma porte auparavant viennent maintenant me voir,” a déclaré le conseiller scolaire James Wilson. “Ils pointent Emma du doigt en disant ‘si elle peut traverser le Canada en courant, peut-être que je peux demander de l’aide.'”
La dernière étape du voyage de Lockhart la mènera à travers le nord de la Colombie-Britannique jusqu’à Victoria, où elle prévoit de terminer sa course en trempant ses chaussures de course dans l’océan Pacifique – reflétant ainsi comment elle a commencé en touchant l’Atlantique à Halifax.
Les responsables provinciaux de la santé prennent note. Alberta Health Services a annoncé hier qu’ils alloueront 250 000 $ pour étendre les services de santé mentale pour les jeunes dans la région de la Paix, citant la campagne de Lockhart comme catalyseur de cette décision.
“Il ne s’agit plus de moi,” a expliqué Lockhart, visiblement émue par la réponse de la communauté. “Il s’agit de s’assurer que chaque enfant sache qu’il n’est pas seul, surtout dans les petites communautés où les ressources peuvent être plus difficiles d’accès.”
Les entreprises locales se sont jointes à la cause, la Chambre de commerce de Grande Prairie coordonnant un programme de dons jumelés qui a déjà obtenu des engagements de vingt-sept entreprises locales.
Alors que Lockhart se prépare pour sa dernière poussée vers l’ouest, elle quitte sa ville natale avec une détermination renforcée et une communauté à jamais changée par son plaidoyer. La question qui se pose maintenant à Grande Prairie et aux communautés à travers le Canada est de savoir si ce moment peut être transformé en un changement durable : Comment pouvons-nous faire en sorte que les conversations qu’Emma Lockhart a commencées se poursuivent longtemps après la fin de son remarquable voyage?
