Le rituel familier de la rentrée scolaire en septembre s’est transformé en une source importante de tension financière pour les familles canadiennes. Alors que les enfants à travers le pays retournent en classe cet automne, les parents font face à des coûts croissants qui vont bien au-delà des fournitures traditionnelles comme les crayons et les cahiers, créant une pression sans précédent sur les budgets familiaux déjà mis à rude épreuve par l’inflation persistante.
Une récente enquête Leger commandée par les Comptables professionnels agréés du Canada révèle un paysage financier préoccupant : près de 40 % des parents canadiens déclarent éprouver un stress financier “modéré à important” en raison des dépenses de la rentrée scolaire cette année. L’étude souligne que les familles allouent en moyenne 680 $ par enfant pour ces préparatifs essentiels—un chiffre qui augmente considérablement pour les étudiants postsecondaires.
“Nous voyons des parents faire des choix de plus en plus difficiles concernant ce qui constitue une dépense nécessaire par rapport à ce qui peut être éliminé,” explique Doretta Thompson, responsable de la littératie financière chez CPA Canada. “Beaucoup de familles rapportent qu’elles ne peuvent tout simplement pas faire face à toutes les dépenses attendues sans compromettre d’autres besoins essentiels du ménage.”
Le fardeau financier s’étend bien au-delà des fournitures scolaires traditionnelles. Les parents font maintenant face à des coûts substantiels pour les exigences technologiques, les activités parascolaires, les vêtements, le transport et l’équipement spécialisé. Pour les élèves du secondaire, la dépense moyenne atteint environ 970 $, tandis que les dépenses postsecondaires grimpent à une moyenne de 9 300 $ par étudiant lorsqu’on tient compte des frais de scolarité, des manuels et des coûts potentiels de logement.
L’analyse des tendances du marché par le département des affaires de CO24 confirme ces résultats, notant que les prix des appareils électroniques couramment requis pour les travaux scolaires ont augmenté de 12 à 18 % depuis 2022, tandis que les coûts d’équipement sportif spécialisé ont augmenté de près de 15 %.
Les parents à travers le Canada adoptent diverses stratégies d’adaptation pour gérer ces dépenses. L’enquête indique que 68 % recherchent activement des soldes et des rabais, 52 % réutilisent des fournitures des années précédentes et 41 % n’achètent que l’essentiel absolu. Plus inquiétant encore, environ 22 % déclarent s’endetter davantage spécifiquement pour couvrir les coûts de la rentrée scolaire.
“Je n’ai jamais eu à budgéter aussi soigneusement pour quelque chose d’aussi fondamental que d’envoyer mes enfants à l’école,” déclare Michelle Karras, mère de trois enfants d’Edmonton. “Nous faisons des compromis partout—report d’autres achats, réduction des activités, nous reconsidérons même nos projets de vacances.”
Les experts financiers des grandes institutions canadiennes soulignent l’effet cumulatif de plusieurs facteurs économiques. “Nous assistons à la collision d’une inflation persistante des biens de consommation, d’une croissance stagnante des salaires pour de nombreux travailleurs canadiens et d’exigences éducatives croissantes qui incluent souvent des composantes technologiques,” note Dre Elise Montclair, économiste à l’Université de Toronto. “Le résultat est que ce qui était autrefois une dépense annuelle gérable est devenu un obstacle financier important pour de nombreuses familles.”
La situation semble particulièrement difficile dans les centres urbains comme Toronto et Vancouver, où l’enquête indique que les dépenses moyennes par enfant dépassent la moyenne nationale d’environ 15 à 20 %. Les familles rurales font face à des défis différents, souvent aux prises avec des coûts de transport et moins d’options pour les achats à rabais.
Des préoccupations concernant l’équité éducative émergent alors que les barrières financières peuvent potentiellement affecter les résultats scolaires. Les écoles et les organismes communautaires à travers le pays signalent une demande accrue pour les programmes d’aide aux fournitures, et beaucoup déclarent qu’ils ne peuvent pas répondre pleinement aux besoins croissants.
Ce phénomène soulève des questions importantes sur l’accessibilité de l’éducation au Canada. Alors que le coût de l’éducation continue d’augmenter du primaire au postsecondaire, comment la société canadienne s’assurera-t-elle que les barrières financières ne créent pas un système éducatif à deux vitesses? La réponse pourrait nécessiter des réponses coordonnées des établissements d’enseignement, des décideurs politiques et des communautés engagées dans l’équité éducative.