Les experts pressent Ottawa de s’attaquer à la crise de l’abordabilité du logement au Canada

Olivia Carter
5 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

Dans l’ombre des prix immobiliers vertigineux du Canada, un nombre croissant d’experts économiques remet en question l’approche du gouvernement fédéral face à la crise nationale du logement. Alors que les jeunes Canadiens se retrouvent de plus en plus exclus de l’accès à la propriété dans les grands centres urbains, les économistes préconisent un changement fondamental dans la réflexion politique : permettre aux prix des logements de baisser pourrait être le remède nécessaire pour un marché qui s’est détaché des fondamentaux économiques.

“La vérité inconfortable est qu’une abordabilité significative ne peut être atteinte sans un certain degré de correction des prix,” affirme Dre Emily Westbrook, économiste spécialiste du logement à l’Institut économique de Toronto. “Les politiques actuelles semblent conçues pour protéger l’avoir propre des propriétaires existants tout en faisant semblant de se préoccuper des problèmes d’abordabilité.”

Le prix moyen d’un logement au Canada a augmenté de près de 50 % depuis 2019, créant ce que beaucoup décrivent comme un écart de richesse générationnel. Dans des marchés comme Vancouver et Toronto, la situation a atteint des proportions critiques, avec un prix moyen des logements dépassant 1,2 million de dollars, nécessitant des niveaux de revenus bien au-delà de ce que la plupart des jeunes professionnels peuvent gagner.

Selon les statistiques sur le logement au Canada, les taux d’accession à la propriété chez les Canadiens de moins de 35 ans ont chuté à leur plus bas niveau depuis quatre décennies. Ce changement démographique a de profondes implications pour la mobilité économique et la stabilité sociale, préviennent les experts.

Les récentes initiatives fédérales en matière de logement se sont largement concentrées sur des solutions axées sur l’offre et des incitatifs pour les acheteurs. L’Incitatif à l’achat d’une première propriété et divers crédits d’impôt ont été présentés comme des voies d’accès à la propriété, mais les critiques soutiennent que ces mesures permettent simplement aux acheteurs de s’adapter aux prix gonflés plutôt que de s’attaquer au problème fondamental d’abordabilité.

“Nous observons un cadre politique qui dit essentiellement aux jeunes Canadiens de s’adapter à des prix inabordables plutôt que de créer les conditions pour que les prix s’adaptent à la réalité économique,” note l’analyste financier Richard Chen dans une entrevue avec CO24 Affaires.

Un récent rapport du Centre canadien de politiques alternatives suggère qu’une correction contrôlée des prix de 15 à 20 % permettrait de mieux aligner le logement sur les revenus locaux dans de nombreux marchés tout en protégeant les propriétaires de longue date contre une perte importante d’avoir propre. Une telle correction, selon le rapport, toucherait principalement les investissements spéculatifs et les achats récents effectués au sommet du marché.

La hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada a commencé à refroidir certains marchés, mais de nombreux économistes estiment qu’une intervention plus directe est nécessaire. Les propositions comprennent une taxation plus agressive des multipropriétaires, des restrictions sur la propriété d’entreprise des immeubles résidentiels et une réforme des lois de zonage pour augmenter la densité dans les zones urbaines.

“D’autres pays ont mis en œuvre avec succès des politiques qui privilégient le logement comme foyer plutôt que comme véhicule d’investissement,” explique Sarah Jameson, chercheuse en politique urbaine. “Le Canada semble réticent à faire ce virage conceptuel, malgré les preuves croissantes que notre approche actuelle crée des dommages sociaux et économiques.”

Les observateurs politiques notent que le calcul électoral complique les choses, car environ 68 % des ménages canadiens sont propriétaires et pourraient résister aux politiques susceptibles de réduire la valeur de leurs propriétés. Cependant, alors que les préoccupations d’abordabilité s’étendent pour affecter les familles à revenu moyen, la pression politique pour une action plus décisive continue de s’intensifier.

Le débat en cours soulève de profondes questions sur l’équité intergénérationnelle et le rôle du gouvernement dans les marchés du logement. Alors que le Canada fait face à des défis démographiques et à des conditions économiques changeantes, pouvons-nous élaborer des politiques de logement qui équilibrent les intérêts des propriétaires actuels avec les besoins des générations futures? La réponse pourrait déterminer si l’accession à la propriété demeure une partie réalisable du rêve canadien ou si elle devient un privilège réservé aux quelques chanceux.

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *