Le désespoir pour les nécessités de base est devenu mortel à Gaza, où au moins 35 Palestiniens ont été tués aux points de distribution d’aide au cours du dernier mois seulement. Alors que les conditions humanitaires se détériorent dans toute l’enclave ravagée par la guerre, les civils sont de plus en plus contraints de risquer leur vie simplement pour assurer la nourriture et l’eau à leurs familles.
“Chaque voyage pour collecter de l’aide est devenu un pari avec la mort,” témoigne Mohammed Abed, un père de quatre enfants de 43 ans du nord de Gaza. “Nous attendons pendant des heures sous le soleil, parfois sous les tirs, juste pour obtenir un sac de farine qui doit nous durer des semaines.”
La crise s’est intensifiée alors que les systèmes traditionnels de distribution d’aide se sont effondrés sous le poids du conflit en cours. Selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA), les mécanismes de distribution coordonnés qui fonctionnaient avant la guerre sont devenus largement inefficaces, laissant les civils se bousculer pour toute assistance qui parvient à entrer sur le territoire.
Le Programme alimentaire mondial rapporte que presque toute la population de Gaza—plus de 2,2 millions de personnes—fait maintenant face à une insécurité alimentaire aiguë. Les travailleurs humanitaires décrivent des scènes de chaos aux points de distribution, où des milliers de personnes se rassemblent dans des tentatives désespérées pour obtenir des fournitures livrées par les convois humanitaires.
“Ce que nous observons représente un effondrement catastrophique de la réponse humanitaire,” explique Dr. Sarah Khalidi, experte en opérations humanitaires dans les zones de conflit. “Quand des gens meurent en cherchant de l’aide alimentaire, nous avons franchi un seuil critique dans la crise.”
Les responsables israéliens maintiennent qu’ils facilitent l’entrée de l’aide par plusieurs points de passage, mais les observateurs internationaux rapportent que le volume reste tristement insuffisant pour répondre aux besoins de la population. Les agences humanitaires estiment que seulement environ 25% des approvisionnements alimentaires nécessaires atteignent actuellement les résidents de Gaza.
Les défis logistiques sont aggravés par des préoccupations de sécurité. Plusieurs sites de distribution d’aide ont été ciblés lors d’opérations militaires, les deux parties s’accusant mutuellement de la responsabilité. Le personnel médical de l’hôpital Al-Shifa rapporte traiter des dizaines de patients chaque semaine pour des blessures subies aux points de distribution d’aide, allant des incidents de piétinement aux blessures par balle.
Les analystes économiques du Fonds monétaire international estiment le coût des besoins humanitaires de Gaza à environ 1,2 milliard de dollars pour les six prochains mois seulement. Ce chiffre continue d’augmenter à mesure que la détérioration des infrastructures aggrave la crise.
Pendant ce temps, les efforts diplomatiques pour établir des corridors humanitaires et des cessez-le-feu ont donné des résultats limités. Le ministre canadien des Affaires étrangères s’est joint aux appels internationaux pour améliorer l’accès à l’aide humanitaire, déclarant que “la protection des civils et des travailleurs humanitaires doit être primordiale.”
Alors que la nuit tombe sur Gaza, les familles retournent dans leurs maisons endommagées avec les maigres provisions qu’elles ont réussi à obtenir. Pour beaucoup, le choix entre risquer la violence aux sites d’aide ou voir leurs enfants souffrir de la faim représente un dilemme impossible qu’aucun civil ne devrait avoir à affronter.
La question qui se pose maintenant à la communauté internationale est brutale : à quel moment le fait de ne pas assurer les protections humanitaires de base pour les civils constitue-t-il un échec moral qui exige une intervention plus énergique?