Dans une démarche qui a suscité à la fois célébration et inquiétude à Calgary, le ministre de l’Éducation de l’Alberta, Demetrios Nicolaides, a annoncé la construction de quatre nouvelles écoles dans les communautés en pleine expansion de la ville. Cette annonce survient à un moment critique alors que le Conseil scolaire de Calgary (CBE) est aux prises avec un important déficit budgétaire, soulevant des questions sur la façon dont ces nouveaux établissements d’enseignement seront adéquatement financés et entretenus.
“Ces nouvelles écoles représentent l’engagement de notre gouvernement à garantir que les élèves albertains aient accès à des environnements d’apprentissage modernes,” a déclaré Nicolaides lors d’une conférence de presse jeudi sur le site d’une future école élémentaire dans la communauté de Belmont, au sud-est. “Nous reconnaissons les énormes pressions de croissance auxquelles Calgary fait face et nous y répondons par des actions concrètes.”
Les quatre projets approuvés comprennent deux écoles élémentaires prévues pour les communautés de Belmont et de Nolan Hill, ainsi que des écoles intermédiaires planifiées pour Cornerstone et Redstone. Ensemble, ces établissements accueilleront environ 2 900 élèves une fois terminés—un soulagement bienvenu pour les zones qui connaissent une croissance démographique importante et des salles de classe surpeuplées.
Cependant, la réalité financière du CBE jette une ombre sur ce développement autrement positif. Le mois dernier, les administrateurs du conseil ont approuvé un budget comportant un déficit d’exploitation de 55 millions de dollars, soulignant la pression financière croissante sur le plus grand district scolaire de Calgary. Ce déficit fait suite à des années de ce que les défenseurs de l’éducation décrivent comme un sous-financement chronique par rapport à l’inflation et à la croissance de la population étudiante.
“Bien que nous soyons certainement reconnaissants pour la construction de nouvelles écoles, nous sommes simultanément préoccupés par notre capacité à doter correctement ces établissements en personnel et à les entretenir,” a expliqué Laura Hack, présidente du conseil du CBE, dans une déclaration à CO24 News. “Construire des écoles résout un problème mais en crée un autre si le financement opérationnel ne suit pas.”
Les défis financiers actuels du CBE ont déjà forcé des décisions difficiles, notamment l’augmentation des frais de transport et la réduction des postes de soutien en classe. Les administrateurs avertissent que sans financement opérationnel supplémentaire, ces nouvelles écoles pourraient mettre davantage à rude épreuve un système déjà tendu.
Le décalage de financement met en évidence un problème plus large au sein de la politique éducative canadienne, où les annonces de capitaux reçoivent souvent plus d’attention que les besoins opérationnels continus pour faire fonctionner efficacement les établissements d’enseignement. Les experts en éducation notent que si les cérémonies d’inauguration sont bonnes pour l’image politique, le travail quotidien de l’éducation nécessite un financement cohérent et adéquat.
Les parents des communautés concernées expriment des émotions mitigées. Amanda Reeves, mère de trois enfants à Belmont, m’a confié: “Nous attendons depuis des années une école locale. Mais je m’inquiète du type d’expérience éducative qui sera disponible si les écoles sont sous-financées dès le premier jour.”
Le gouvernement provincial maintient que le financement opérationnel de l’éducation a globalement augmenté, Nicolaides soulignant un investissement de 2 milliards de dollars dans les infrastructures scolaires à travers l’Alberta. Les critiques rétorquent que, ajusté à l’inflation et à la croissance des inscriptions, le financement par élève a effectivement diminué ces dernières années.
Les contraintes budgétaires du CBE reflètent également des pressions économiques plus larges auxquelles font face les services publics de l’Alberta. Les conseils scolaires de toute la province ont signalé des défis similaires pour équilibrer les budgets tout en maintenant la qualité de l’éducation et en répondant aux besoins de plus en plus diversifiés des élèves.
Alors que Calgary continue de s’étendre vers l’extérieur avec de nouvelles communautés suburbaines, la tension entre l’expansion des capitaux et la durabilité opérationnelle soulève d’importantes questions sur l’avenir de l’éducation publique dans la plus grande ville de l’Alberta. La province prévoit que ces nouvelles écoles accueilleront des élèves d’ici 2027, mais la question demeure: les ressources seront-elles là pour leur offrir l’éducation de qualité qu’ils méritent?
Comment l’Alberta conciliera-t-elle son engagement à construire de nouvelles infrastructures éducatives avec la réalité financière à laquelle font face les conseils scolaires chargés de les exploiter—et qu’est-ce que cela signifiera pour la prochaine génération d’élèves de Calgary?