La crise de la flotte de sous-marins de classe Victoria du Canada menace la sécurité arctique

Olivia Carter
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Dans les eaux glaciales de la frontière arctique du Canada, une crise silencieuse se déroule. La flotte de sous-marins de classe Victoria de la Marine royale canadienne—autrefois considérée comme l’épine dorsale des capacités de défense sous-marine du Canada—est aujourd’hui largement immobilisée, avec un seul des quatre navires actuellement opérationnel. Cette situation qui se détériore représente non seulement un défi technique, mais aussi une vulnérabilité significative pour la sécurité nationale à un moment où la souveraineté arctique n’a jamais été aussi contestée.

“Nous fonctionnons effectivement avec un quart de notre capacité sous-marine,” explique le vice-amiral Angus Topshee, commandant de la Marine royale canadienne. “Il ne s’agit pas seulement de préparation militaire—il s’agit de la capacité du Canada à affirmer sa souveraineté dans des eaux de plus en plus fréquentées par des puissances étrangères.”

Les sous-marins de classe Victoria, achetés au Royaume-Uni en 1998 pour 750 millions de dollars, ont été affectés par des problèmes d’entretien, des pénuries de pièces et ce que les critiques décrivent comme un sous-financement chronique. Le NCSM Corner Brook subit d’importantes réparations depuis 2018, tandis que le NCSM Windsor et le NCSM Chicoutimi sont tous deux immobilisés pour un entretien qui s’est prolongé bien au-delà des délais prévus. Seul le NCSM Victoria reste opérationnel, mais même sa capacité de déploiement est limitée.

Le moment ne pourrait être pire pour les intérêts stratégiques du Canada. Alors que le changement climatique accélère la fonte des glaces dans l’Arctique, des routes maritimes auparavant inaccessibles s’ouvrent, attirant une attention accrue de la Russie et de la Chine. Ces deux nations ont considérablement élargi leurs flottes sous-marines et leur présence arctique ces dernières années, la Russie déployant des sous-marins nucléaires sophistiqués dans les eaux nordiques et la Chine se déclarant “État quasi-arctique” avec des intérêts croissants dans la région.

L’ancien ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a reconnu la gravité de la situation, déclarant: “La capacité sous-marine n’est pas un luxe pour une nation possédant le plus long littoral du monde—c’est une nécessité absolue pour la défense nationale.

La crise s’étend au-delà des navires eux-mêmes jusqu’au personnel spécialisé nécessaire pour les faire fonctionner. Les responsables navals signalent des taux d’attrition préoccupants parmi les équipages de sous-marins, les opérateurs formés quittant pour des postes dans le secteur privé après s’être frustrés par les opportunités limitées en mer. L’expertise technique requise pour entretenir et faire fonctionner ces navires complexes prend des années à développer et ne peut pas être rapidement remplacée.

“Chaque sous-marin nécessite environ 60 personnes hautement qualifiées pour fonctionner efficacement,” note l’analyste en sécurité maritime Margaret Weston. “Lorsque les sous-marins ne sont pas régulièrement déployés, cela crée un cercle vicieux où les membres d’équipage perdent à la fois leurs compétences et leur motivation, compromettant davantage l’état de préparation opérationnelle.”

Les implications financières sont tout aussi troublantes. Le directeur parlementaire du budget a récemment estimé que maintenir la flotte Victoria vieillissante opérationnelle jusqu’en 2040 coûterait aux contribuables canadiens environ 5,5 milliards de dollars—bien plus que prévu initialement. Ce chiffre n’inclut pas les coûts de remplacement éventuels, qui pourraient dépasser 10 milliards de dollars selon des programmes d’acquisition de sous-marins comparables dans des nations alliées.

Des documents internes du ministère de la Défense nationale révèlent une préoccupation croissante concernant l’écart de capacité sous-marine du Canada. Une évaluation classifiée préparée pour les dirigeants avertit que “l’état actuel de la flotte de classe Victoria présente des risques substantiels pour la capacité du Canada à surveiller les activités sous-marines dans notre zone économique exclusive, particulièrement dans les eaux arctiques où l’activité sous-marine étrangère a augmenté d’environ 40% depuis 2018.”

Les experts en sécurité maritime soulignent que les sous-marins offrent des capacités uniques que les navires de surface et la surveillance aérienne ne peuvent pas reproduire. Leur capacité à opérer secrètement pendant de longues périodes les rend inestimables pour la collecte de renseignements, la surveillance et la dissuasion—surtout dans l’immensité des eaux arctiques canadiennes.

“Les navires de surface et les aéronefs peuvent être facilement suivis et surveillés,” explique le stratège naval Commandant (retraité) James Harrington. “Les sous-marins opèrent dans ce que nous appelons le ‘service silencieux’ pour une raison—ils peuvent surveiller les activités étrangères sans être détectés eux-mêmes, fournissant un avantage stratégique crucial et des renseignements.”

Le gouvernement fait face à des décisions difficiles concernant l’avenir de la capacité sous-marine du Canada. La ministre de la Défense, Anita Anand, a reconnu que la situation nécessite “une attention urgente,” mais des plans concrets pour un investissement substantiel dans la flotte ou son remplacement restent indéfinis. Pendant ce temps, les critiques de l’opposition soutiennent que le gouvernement a laissé un atout crucial pour la sécurité nationale se détériorer au-delà des limites acceptables.

Alors que la compétition géopolitique s’intensifie dans la région arctique, la question devient de plus en plus pressante: le Canada peut-il se permettre de rester effectivement absent du domaine sous-marin qui est crucial pour affirmer sa souveraineté et protéger ses intérêts nationaux? Avec la Russie qui déploie des sous-marins de nouvelle génération et la Chine qui construit d’impressionnantes capacités sous-marines, l’unique sous-marin opérationnel du Canada représente un écart de capacité dont les adversaires potentiels sont sans doute conscients.

Alors que les puissances mondiales se positionnent dans le paysage arctique en mutation, le Canada retrouvera-t-il sa présence sous-marine avant qu’il ne soit trop tard, ou cette crise des sous-marins marquera-t-elle un retrait historique de la défense efficace de l’une des frontières les plus stratégiques de notre nation?

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