Dans un tournant diplomatique surprenant qui a pris les observateurs politiques au dépourvu, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a rencontré vendredi l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, décrivant leur discussion comme “un premier pas positif” malgré leurs points de vue historiquement divergents sur la politique énergétique et l’action climatique.
Cette rencontre à enjeux élevés, qui s’est déroulée à Calgary, représente un dégel inattendu dans les relations entre deux personnalités qui se sont fréquemment retrouvées dans des camps opposés du débat énergétique canadien de plus en plus polarisé. Smith, fervente défenseure du secteur pétrolier et gazier albertain, et Carney, qui a soutenu des politiques climatiques agressives et des initiatives de carboneutralité, ont engagé ce que la première ministre a ensuite qualifié de “conversation productive sur l’approche équilibrée de l’Alberta en matière de développement énergétique.”
“Nous avons eu un échange franc sur les réalités auxquelles fait face l’économie albertaine et notre Plan de réduction des émissions et de développement énergétique,” a déclaré Smith dans un communiqué publié par son bureau après la rencontre. “Bien que nous ayons certainement des perspectives différentes sur certaines questions, nous avons trouvé un terrain d’entente dans la reconnaissance du leadership de l’Alberta en matière de développement responsable des ressources.”
Carney, qui occupe actuellement le poste d’envoyé spécial des Nations Unies pour l’action climatique et le financement et qui, selon les rumeurs, se positionnerait pour un éventuel rôle de leadership libéral, a offert une réponse mesurée à cette rencontre. “J’apprécie que la première ministre Smith ait pris le temps de discuter de l’approche de l’Alberta en matière de transition énergétique,” a déclaré Carney. “La voie à suivre exige des solutions pragmatiques qui équilibrent les responsabilités environnementales et les réalités économiques.”
Cette rencontre survient à un moment critique pour la stratégie énergétique de l’Alberta. Le gouvernement de Smith a récemment dévoilé son Plan de réduction des émissions et de développement énergétique, qui vise à réduire les émissions tout en soutenant l’industrie pétrolière et gazière dominante de la province. Le plan fixe des objectifs de réduction des émissions sans imposer de plafonds de production auxquels Smith s’est constamment opposée, les jugeant préjudiciables aux intérêts économiques de l’Alberta.
Les analystes politiques suggèrent que cette rencontre pourrait faire partie d’une stratégie plus large des deux personnalités. Pour Smith, dialoguer avec des figures importantes proches des libéraux comme Carney démontre une volonté de travailler au-delà des clivages idéologiques tout en défendant fermement les intérêts provinciaux. Pour Carney, comprendre les perspectives des provinces productrices d’énergie serait essentiel s’il nourrit des ambitions politiques nationales.
L’économiste en énergie Peter Tertzakian de l’ARC Energy Research Institute souligne l’importance de ce dialogue. “Ces conversations entre des points de vue apparemment opposés sont précisément ce dont le Canada a besoin. La polarisation de notre discours énergétique a empêché des solutions pragmatiques qui reconnaissent à la fois les impératifs climatiques et les réalités économiques.”
La rencontre se déroule également dans un contexte de tensions croissantes entre le fédéral et les provinces sur la politique énergétique. L’Alberta a répétitivement contesté les réglementations environnementales