Dans une défense énergique des pratiques commerciales canadiennes, le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a riposté aux récentes caractérisations faites par l’ambassadeur américain au Canada, David Cohen, qui a décrit le Canada comme étant “méchant et désagréable” dans les négociations commerciales. Cette tension diplomatique émerge au milieu des discussions en cours sur le bois d’œuvre, un point de friction récurrent dans les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis.
“Continuez comme ça,” a déclaré Eby avec une détermination évidente lors d’une conférence de presse à Victoria hier. “Si défendre les travailleurs forestiers de la C.-B., si défendre l’économie canadienne, si défendre nos communautés dépendantes de la forêt signifie que nous sommes ‘méchants et désagréables’, alors nous devrions continuer à être méchants et désagréables.”
Les commentaires du premier ministre sont une réponse directe aux déclarations de l’ambassadeur Cohen lors d’un forum économique la semaine dernière, où le diplomate américain a exprimé sa frustration face à ce qu’il a qualifié d’approche intransigeante du Canada dans les négociations commerciales, particulièrement concernant les exportations de bois d’œuvre.
Les analystes commerciaux notent que cette joute verbale représente plus qu’une simple rhétorique diplomatique. Le différend sur le bois d’œuvre a tendu les relations bilatérales pendant des décennies, les États-Unis imposant à plusieurs reprises des droits sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre, affirmant qu’elles sont injustement subventionnées par les gouvernements provinciaux—une accusation que les responsables canadiens rejettent systématiquement.
“La réalité est que nous avons gagné à plusieurs reprises devant des tribunaux internationaux qui ont conclu que notre bois n’est pas injustement subventionné,” a souligné Eby. “Les Américains continuent d’imposer des tarifs parce que cela profite à leurs producteurs de bois, pas parce que c’est la bonne chose à faire.”
Les données économiques appuient l’affirmation d’Eby. La relation commerciale Canada-États-Unis, évaluée à environ 2,6 milliards de dollars par jour, demeure le plus important partenariat commercial bilatéral d’Amérique du Nord malgré ces tensions périodiques. Les exportations forestières à elles seules contribuent à hauteur d’environ 43 milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne et soutiennent plus de 200 000 emplois directs à travers le pays.
Dr. Marissa Chen, professeure de commerce international à l’Université de Toronto, offre un contexte: “Ce que nous voyons est typique de la relation Canada-États-Unis—une posture publique accompagnée de négociations pragmatiques en coulisses. Les deux parties comprennent l’importance fondamentale de maintenir des liens économiques solides malgré des désaccords sectoriels spécifiques.”
Le différend survient dans un contexte plus large d’incertitude commerciale, avec l’élection présidentielle américaine à venir qui pourrait signaler des changements dans la politique commerciale nord-américaine. Les responsables canadiens de tous bords politiques ont souligné la nécessité d’une approche unifiée dans les relations avec leur plus grand partenaire commercial.
Pour les communautés de la Colombie-Britannique, où la foresterie demeure une industrie fondamentale, l’issue de ces négociations a des implications significatives. Les représentants de l’industrie notent que les droits américains ont forcé la fermeture de plusieurs scieries ces dernières années, particulièrement dans les petites communautés où les opportunités d’emploi alternatives sont limitées.
Alors que les deux nations naviguent dans cette dernière période de tensions diplomatiques, une question fondamentale se pose: le Canada et les États-Unis peuvent-ils trouver une résolution durable au différend sur le bois d’œuvre qui honore à la fois les principes de libre-échange et les réalités économiques des communautés dépendantes de cette ressource vitale?
