Le déclin de l’investissement des entreprises au Canada révèle des faiblesses économiques plus profondes

Sarah Patel
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Les gratte-ciel étincelants du quartier financier de Toronto contrastent fortement avec la réalité qui se dévoile dans les tableurs et les salles de conseil d’administration à travers le pays. Les investissements commerciaux canadiens ont chuté à des niveaux préoccupants, les dépenses en capital dans le secteur manufacturier ayant diminué de 9,5 % au premier trimestre 2024 par rapport à l’année précédente. Ce déclin n’est pas simplement une anomalie statistique, mais un signal d’alarme indiquant des problèmes structurels plus profonds dans les fondements économiques du Canada.

“Nous assistons à une crise de confiance dans l’environnement commercial canadien,” affirme l’économiste Melissa Chen de l’Institut économique canadien. “Lorsque les entreprises retardent ou annulent systématiquement leurs plans d’expansion, cela indique des préoccupations fondamentales concernant la rentabilité future et le potentiel de croissance.”

Le recul du secteur manufacturier est particulièrement alarmant compte tenu de son rôle traditionnel de pilier économique. Les ateliers qui bourdonnaient autrefois d’activité sont de plus en plus silencieux, les dirigeants d’entreprises dirigeant leurs capitaux ailleurs. Selon les données de Statistique Canada, près de 40 % des investissements manufacturiers prévus ont été soit réduits, soit complètement abandonnés au cours des 18 derniers mois.

Cette sécheresse d’investissements s’étend au-delà du secteur manufacturier. Les entreprises technologiques, autrefois considérées comme le point brillant de l’avenir économique du Canada, ont réduit leurs investissements nationaux de 12,3 % tout en augmentant simultanément leurs dépenses dans leurs opérations américaines. Le message est clair : les entreprises perçoivent de meilleurs rendements et moins d’obstacles au sud de la frontière.

Les incertitudes tarifaires pèsent lourd dans cette équation. La menace constante de changements dans les barrières commerciales a créé un effet paralysant sur la planification à long terme. Lors de ma conversation avec Martin Lafleur, PDG de NorthStar Components, un fabricant montréalais de pièces de précision, sa frustration était palpable.

“Comment puis-je m’engager dans une expansion d’usine de 20 millions de dollars quand je ne sais pas si les tarifs douaniers rendront soudainement mes produits non compétitifs?” s’interroge Lafleur. “Nous avons mis trois projets majeurs en attente cette année seulement. Ce sont des emplois non créés, des innovations non poursuivies.”

La politique prolongée de taux d’intérêt élevés de la Banque du Canada a aggravé ces défis. Bien que les préoccupations inflationnistes aient justifié les hausses de taux initiales, leur persistance a créé un environnement prohibitif pour les investissements à forte intensité de capital. Les coûts d’emprunt pour les entreprises ont augmenté en moyenne de 3,2 points de pourcentage depuis 2022, modifiant considérablement le calcul du retour sur investissement.

Le tableau régional révèle des disparités inquiétantes. L’Alberta a connu la baisse la plus marquée des investissements commerciaux, avec une chute de 15,7 % d’une année sur l’autre. Autrefois puissance d’investissement du pays, la province peine maintenant à attirer les capitaux nécessaires pour se diversifier au-delà de son secteur énergétique traditionnel.

L’écart de productivité du Canada avec les États-Unis continue de se creuser comme conséquence directe de ce déficit d’investissement. La croissance de la productivité du travail stagne à un maigre 0,8 % par an, soit moins de la moitié du taux américain. Sans investissement significatif en capital pour équiper les travailleurs d’outils et de technologies de pointe, cet écart ne fera que s’élargir.

Les récentes propositions budgétaires du gouvernement fédéral visant à stimuler les investissements commerciaux par des incitatifs fiscaux et des subventions ont été accueillies avec scepticisme par les leaders de l’industrie. L’association Manufacturiers et Exportateurs du Canada a décrit ces mesures comme “insuffisantes pour résoudre les problèmes fondamentaux de compétitivité” auxquels font face les entreprises canadiennes.

Ce retrait des investissements comporte des implications à long terme pour l’avenir économique du Canada. Les dépenses en capital retardées aujourd’hui signifient une capacité de production réduite demain, moins d’emplois de qualité et un potentiel d’innovation diminué. Les conséquences s’étendent au-delà des bilans des entreprises pour toucher les communautés et les travailleurs à l’échelle nationale.

Pour les travailleurs canadiens, la baisse des investissements se traduit directement par une croissance salariale supprimée et moins d’opportunités d’avancement. Lorsque les entreprises n’élargissent pas ou ne modernisent pas leurs opérations, les effets d’entraînement touchent tout le monde, des ouvriers qualifiés aux ingénieurs et aux gestionnaires.

Qu’est-ce qui inverserait cette tendance préoccupante? Les chefs d’entreprise pointent constamment vers trois facteurs: la certitude réglementaire, des politiques fiscales compétitives et des infrastructures qui facilitent des opérations efficaces. Sans progrès significatif sur ces fronts, le Canada risque d’être de plus en plus marginalisé dans la compétition mondiale pour les capitaux d’investissement.

La voie à suivre exige une reconnaissance honnête de la gravité du problème. Il ne s’agit pas d’un ralentissement cyclique, mais de la preuve de faiblesses structurelles qui demandent une attention globale. Pour que le Canada retrouve sa position de destination de choix pour les investissements, les décideurs politiques doivent s’attaquer aux préoccupations fondamentales qui poussent les capitaux ailleurs.

Le Canada relèvera-t-il ce défi, ou continuerons-nous à regarder les dollars d’investissement s’écouler vers des juridictions plus compétitives? La réponse façonnera notre paysage économique pour les décennies à venir.

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