Dans une affaire qui pourrait transformer les soins de santé mentale à travers la Colombie-Britannique, sept plaignants ont lancé une contestation constitutionnelle contre les dispositions de la Loi sur la santé mentale de la province qui permettent un traitement involontaire sans le consentement du patient. La poursuite, déposée lundi à la Cour suprême de la C.-B., s’attaque à ce que les défenseurs appellent une disposition de “consentement présumé” profondément problématique qui prive les patients de droits fondamentaux lorsqu’ils sont détenus en vertu de la loi.
“Il ne s’agit pas de savoir si quelqu’un a besoin de soins, mais plutôt de son droit d’avoir son mot à dire dans ces soins,” a déclaré Laura Johnston, directrice juridique de Health Justice, l’une des organisations soutenant cette contestation. “Actuellement, lorsqu’une personne est détenue involontairement en vertu de la Loi sur la santé mentale, elle perd automatiquement tout pouvoir décisionnel sur son traitement psychiatrique.”
La législation, qui n’a pas connu de révision substantielle depuis 1964, permet aux médecins d’administrer un traitement sans obtenir de consentement une fois qu’une personne est certifiée en vertu de la loi. Cette disposition affecte des milliers de Britanno-Colombiens chaque année, avec des admissions involontaires en hausse constante au cours de la dernière décennie, atteignant plus de 20 000 ces dernières années.
Parmi les plaignants figure Louise Maurakis, qui décrit son expérience de traitement forcé comme traumatisante. “Être maintenue et recevoir des injections de médicaments alors que je les suppliais d’arrêter est quelque chose qui reste gravé en vous,” a confié Maurakis à CO24 News. “Cela brise quelque chose de fondamental dans la relation entre le patient et le prestataire de soins.”
La poursuite soutient que la Colombie-Britannique se trouve pratiquement seule parmi les provinces canadiennes dans son approche du consentement des patients. Alors que d’autres juridictions ont évolué vers des cadres plus respectueux des droits qui reconnaissent la capacité des personnes atteintes de troubles mentaux à participer aux décisions de traitement, la législation de la C.-B. demeure notablement restrictive.
Mark Iyengar, porte-parole du ministère de la Santé mentale et des Dépendances, a accusé réception de la poursuite mais a refusé de commenter en détail, notant que “comme cette affaire est devant les tribunaux, il serait inapproprié de commenter les spécificités du dossier.”
La contestation juridique survient au milieu d’un examen public croissant des services de santé mentale à travers le Canada. Un rapport de 2022 de l’Ombudsman de la C.-B. a révélé d’importantes lacunes procédurales dans l’application de la Loi sur la santé mentale, notamment des formulaires de certification incomplets et une notification inadéquate des droits.
“Il existe une idée fausse fondamentale selon laquelle les personnes en crise de santé mentale sont incapables de prendre des décisions,” a expliqué Dre Marina Singh, une psychiatre qui soutient la contestation juridique. “Les preuves montrent que les approches collaboratives du traitement mènent à de meilleurs résultats et à un meilleur rétablissement.”
Les organisations de défense des droits des personnes handicapées soulignent les normes internationales des droits de la personne, notamment la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, que le Canada a ratifiée mais pas entièrement mise en œuvre. Ces normes mettent l’accent sur la prise de décision assistée plutôt que sur la prise de décision substitutive.
La poursuite ne cherche pas à éliminer l’hospitalisation involontaire dans les situations de crise, mais vise à séparer la détention de la perte automatique du pouvoir décisionnel en matière de traitement. Les plaignants proposent des alternatives telles que des directives préalables, des protocoles de prise de décision assistée et des mécanismes de seconde opinion qui ont fait leurs preuves dans d’autres juridictions.
Les experts juridiques suggèrent que l’affaire pourrait avoir des implications au-delà de la Colombie-Britannique, influençant potentiellement la législation sur la santé mentale dans toutes les provinces canadiennes. La contestation soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre la fourniture de soins nécessaires et le respect de l’autonomie individuelle.