Les défis des petites entreprises canadiennes vers le zéro net face aux objectifs écologiques

Olivia Carter
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L’heure de pointe matinale au Café Bicyclette à Edmonton ressemble à celle de n’importe quel café animé, mais derrière le comptoir, le propriétaire Daniel Cournoyer fait face à des défis bien au-delà de la routine quotidienne. Comme des milliers de propriétaires de petites entreprises à travers le Canada, Cournoyer doit trouver un équilibre entre aspirations environnementales et réalités financières dans la quête d’émissions nettes nulles.

“Nous avons investi dans des équipements écoénergétiques et des emballages compostables, mais les coûts s’accumulent rapidement,” explique Cournoyer, jetant un œil à sa dernière facture d’électricité. “Il y a des jours où je me demande si nous pouvons nous permettre d’être aussi écologiques que nous le souhaitons.”

Ce sentiment fait écho dans toute la communauté des petites entreprises canadiennes, qui représentent 98% de toutes les entreprises canadiennes selon Statistique Canada. Alors que les grandes entreprises font souvent les manchettes avec des engagements climatiques ambitieux, les 1,2 million de petites entreprises du pays font face à une montée plus abrupte vers la durabilité avec beaucoup moins de ressources.

L’objectif du gouvernement fédéral d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050 a créé à la fois des opportunités et de l’anxiété chez les propriétaires de petites entreprises. Un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) révèle que 71% des petites entreprises considèrent la durabilité environnementale comme importante, mais 82% citent les coûts comme principal obstacle à la mise en œuvre d’initiatives vertes.

“Nous constatons un décalage inquiétant entre les attentes politiques et le soutien sur le terrain,” explique Laura Jones, vice-présidente exécutive de la FCEI. “Les petites entreprises veulent participer à la transition verte, mais beaucoup se remettent encore des pertes dues à la pandémie et font maintenant face aux pressions inflationnistes.”

Pour Maya Sethuraman, propriétaire d’une boutique de vêtements à Toronto, naviguer vers la durabilité ressemble à “mourir à petit feu”. Sa petite boutique a tenté de réduire son empreinte carbone en s’approvisionnant localement et en minimisant les emballages, mais elle a trouvé les processus de certification prohibitifs.

“J’ai envisagé de devenir certifiée carboneutre, mais les frais de consultation à eux seuls auraient effacé trois mois de profit,” explique Sethuraman. “Nous apportons des changements là où nous le pouvons, mais sans conseils abordables, c’est surtout de l’improvisation.”

Les experts en politique climatique reconnaissent ce fossé de mise en œuvre. Dre Catherine McKenna, ancienne ministre de l’Environnement et du Changement climatique, qui dirige maintenant le Groupe d’experts de haut niveau des Nations Unies sur les engagements de neutralité carbone, note que les petites entreprises ont besoin d’un soutien ciblé.

“Le défi n’est pas seulement financier—c’est aussi une question de connaissances et de capacités,” affirme McKenna. “De nombreuses petites entreprises n’ont pas de départements de développement durable ou de spécialistes qui comprennent la comptabilité carbone ou les améliorations en efficacité.”

Certaines municipalités ont reconnu cette lacune et lancé des initiatives d’aide. Le programme Climate Smart de Vancouver et le Carrefour d’économie verte de Toronto offrent des formations subventionnées et des certifications. Pendant ce temps, des institutions financières comme RBC et TD ont créé des programmes de prêts spécialisés pour les projets de durabilité des petites entreprises, bien que les critiques soutiennent que ces programmes restent sous-utilisés en raison de lacunes de sensibilisation et de la complexité des demandes.

Le programme de Prêt canadien pour des maisons plus vertes du gouvernement fédéral et divers rabais provinciaux ciblent principalement les propriétés résidentielles, laissant les petites entreprises commerciales avec moins d’options accessibles. Le récent budget fédéral incluait des promesses d’élargissement du financement pour la durabilité des petites entreprises, mais les calendriers de mise en œuvre restent flous.

Pour les entreprises rurales, les défis se multiplient. Jeff Horvath, qui dirige une petite entreprise manufacturière dans le nord de l’Ontario, fait face à un accès limité aux options d’énergie renouvelable et aux chaînes d’approvisionnement durables.

“Les grandes entreprises reçoivent un soutien direct et l’attention des programmes gouvernementaux,” observe Horvath. “Pendant ce temps, on s’attend à ce que nous fassions les mêmes transitions avec une fraction des ressources et presque sans conseils adaptés.”

Les analystes énergétiques soulignent des développements prometteurs malgré ces défis. Le coût des installations solaires a chuté de 89% depuis 2010, rendant l’énergie renouvelable de plus en plus viable pour les petites exploitations. Les solutions technologiques comme les thermostats intelligents et les systèmes de gestion d’énergie deviennent plus abordables et conviviaux.

Les approches communautaires peuvent offrir une voie à suivre. À Montréal, un collectif de petites entreprises du quartier Mile End a mis en commun des ressources pour embaucher un consultant en durabilité partagé et négocier de meilleurs tarifs sur les rénovations écologiques. Ce modèle collaboratif s’est depuis répandu dans d’autres zones d’amélioration commerciale à travers le Québec.

“Quand nous avons cessé de nous faire concurrence et commencé à collaborer sur la durabilité, nous avons trouvé des efficacités qu’aucun d’entre nous ne pouvait atteindre seul,” explique Marie Lapointe, fondatrice du collectif. “Cela a transformé notre approche non seulement des défis environnementaux mais aussi des affaires en général.”

Alors que le Canada poursuit son engagement climatique, le rôle des petites entreprises sera crucial pour atteindre les objectifs nationaux. Avec les petites entreprises représentant environ 25% des émissions totales du secteur des affaires canadien selon Environnement et Changement climatique Canada, leur impact collectif est significatif.

Le chemin pour concilier les objectifs environnementaux avec les réalités des petites entreprises reste difficile, mais potentiellement transformateur. Alors que les décideurs canadiens affinent leurs stratégies climatiques, développeront-ils les solutions adaptées et les systèmes de soutien accessibles qui permettront aux petites entreprises de prospérer dans un avenir carboneutre plutôt que de simplement survivre à la transition?

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