Le martèlement rythmique des dépenses d’Ottawa s’est intensifié au fil des ans, envoyant des ondes de choc à travers les fondations économiques du Canada. Les dépenses du gouvernement fédéral ont gonflé à des niveaux sans précédent, passant de 332,2 milliards de dollars en 2019-2020 à un montant vertigineux de 462,5 milliards de dollars en 2022-2023—une augmentation époustouflante de 39,2% en seulement trois ans.
Ce ne sont pas que des chiffres abstraits sur un bilan budgétaire. Pour les Canadiens ordinaires, cette trajectoire de dépenses pointe vers une réalité fiscale inévitable : des impôts plus élevés s’en viennent. Les mathématiques des finances gouvernementales laissent peu de place à l’interprétation.
“Quand les dépenses gouvernementales augmentent à ce rythme, cela crée une pression significative sur la génération de revenus,” explique Dr. Mikal Anderson, économiste principal à l’Institut canadien de politique fiscale. “La dette fédérale a dépassé 1,2 billion de dollars, et le service de cette dette coûte à lui seul près de 44 milliards de dollars par an aux contribuables—presque l’équivalent de notre budget de défense nationale.”
La flambée des dépenses a commencé comme une réponse d’urgence à la pandémie de COVID-19, mais contrairement au virus, les dépenses gouvernementales n’ont pas reculé. Au contraire, elles se sont structurellement enracinées dans les opérations fédérales, avec de nouveaux programmes permanents et une bureaucratie élargie nécessitant un financement soutenu.
Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a récemment averti que cette voie de dépenses est “insoutenable sans mesures de revenus significatives”—un langage bureaucratique pour des augmentations d’impôts. Son bureau projette un déficit structurel d’environ 18 à 20 milliards de dollars annuellement, même après la fin complète des dépenses liées à la pandémie.
Les experts en politique fiscale pointent vers plusieurs cibles probables pour une taxation accrue. Les taux d’inclusion des gains en capital pourraient passer des 50% actuels à 66% ou même 75%, un mouvement qui affecterait significativement les investisseurs et les propriétaires d’entreprises. Les taux d’imposition des sociétés, actuellement à 15% au fédéral, pourraient remonter vers les niveaux d’avant 2010 de 18-21%.
Pour les personnes à revenus élevés, l’écriture semble être sur le mur. Le gouvernement a déjà mis en œuvre une taxe de luxe sur les véhicules, les aéronefs et les bateaux, signalant son aisance à cibler les Canadiens fortunés. De nouvelles tranches d’imposition pour ceux qui gagnent plus de 250 000 $ par an demeurent une possibilité distincte.
“L’introduction récente du Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété et d’autres crédits d’impôt ciblés suggère que l’approche du gouvernement sera de donner d’une main tout en prenant plus de l’autre,” note Samantha Chen, stratège fiscale chez Westport Financial. “Les Canadiens devraient se préparer à un environnement fiscal plus complexe où des augmentations générales sont jumelées avec des exceptions spécifiques pour des objectifs politiques préférentiels.”
La comparaison internationale ajoute un contexte supplémentaire à la situation fiscale du Canada. Bien que notre ratio dette fédérale/PIB d’environ 42% reste inférieur à celui de certains pairs du G7, notre fardeau combiné de dette fédérale-provinciale dépasse largement les 100% du PIB—un territoire qui déclenche historiquement des ajustements significatifs de politique fiscale.
Pour les Canadiens ordinaires, les implications vont au-delà des discussions politiques abstraites. Une famille gagnant 120 000 $ pourrait faire face à 3 000-5 000 $ supplémentaires en impôts annuels si les changements proposés se matérialisent. Les propriétaires de petites entreprises pourraient voir leurs taux d’imposition effectifs grimper de 5 à 8 points de pourcentage grâce à des ajustements fiscaux combinés des sociétés et des particuliers.
La pression sur les finances gouvernementales ne montre aucun signe d’apaisement. Les paiements de transfert en santé aux provinces devraient augmenter substantiellement pour répondre aux besoins de notre population vieillissante. Les initiatives sur le changement climatique nécessitent des milliards en nouvelles dépenses. Et les besoins en infrastructure à travers les réseaux de transport vieillissants du pays, les systèmes énergétiques et les installations publiques exigent des investissements en capital significatifs.
Sans réductions dramatiques des dépenses—qui semblent politiquement infaisables étant donné les engagements actuels—le fardeau fiscal des Canadiens augmentera inévitablement. Les seules questions qui restent sont: combien, quand, et qui portera la charge la plus lourde.
Alors que les contribuables naviguent dans ce paysage changeant, une certitude émerge: la facture du gouvernement fédéral élargi du Canada arrive à échéance, et elle sera payée à même les poches de ses citoyens.