Les Dépenses de Livraison de Nourriture de la Génération Z Explosent au Canada

Sarah Patel
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Dans le sous-sol faiblement éclairé de Mia Chen, développeuse de logiciels de 24 ans à Vancouver, un rituel familier se déroule presque tous les soirs. La notification distinctive d’une livraison retentit dans le silence alors qu’un autre repas arrive à sa porte—sa troisième commande DoorDash cette semaine. Chen n’est pas un cas isolé; elle représente l’avant-garde d’un changement profond dans le paysage de consommation canadien.

“Je sais que je pourrais économiser en cuisinant, mais après une journée de 10 heures à fixer du code, la dernière chose que je veux, c’est passer une heure de plus dans la cuisine,” explique Chen, faisant défiler l’historique de son application de livraison qui révèle plus de 400$ dépensés le mois dernier. “Ce n’est pas juste une question de commodité—c’est racheter mon temps.”

De nouvelles données financières révèlent que les consommateurs canadiens de la génération Z (nés entre 1997 et 2012) consacrent une part sans précédent de leur revenu disponible aux services de livraison alimentaire—près de trois fois plus que les générations plus âgées. Cette tendance persiste malgré l’inflation qui pousse les coûts de livraison à des niveaux record, un repas livré coûtant maintenant 40% de plus que son équivalent au restaurant.

Cette tendance révèle des facteurs économiques et de style de vie complexes. Bien que la génération Z soit confrontée à des marchés immobiliers historiquement difficiles et à d’importantes dettes étudiantes, leur approche des priorités financières diffère nettement des générations précédentes. Plutôt que de se concentrer exclusivement sur l’accumulation de biens, beaucoup privilégient les dépenses basées sur l’expérience et les services qui font gagner du temps.

Morgan Williams, planificateur financier spécialisé dans le conseil aux jeunes clients, observe un changement fondamental de mentalité. “Les générations précédentes considéraient les repas au restaurant comme des plaisirs occasionnels. Pour de nombreux jeunes professionnels aujourd’hui, externaliser la préparation des repas n’est pas perçu comme un luxe mais comme une stratégie pratique de gestion du temps dans des carrières à haute pression aux frontières floues entre vie professionnelle et personnelle.”

Cette hausse coïncide avec l’expansion spectaculaire de l’infrastructure de livraison alimentaire au Canada. Depuis 2019, le nombre de restaurants sur les principales plateformes a augmenté de 117%, les zones de livraison s’étendant bien au-delà des centres urbains. L’investissement dans les “cuisines fantômes”—des installations de préparation alimentaire destinées uniquement à la livraison—a doublé chaque année pendant trois années consécutives, selon les données du secteur.

Pour Devon Jackson, 26 ans, parajuriste à Toronto, le calcul est simple. “Je facture 85$ de l’heure. Si je dépense 25$ de plus pour une livraison au lieu de passer une heure à faire les courses et à cuisiner, je suis gagnant si j’utilise ce temps de façon productive,” raisonne-t-il, tout en admettant que la réalité ne correspond pas toujours à la théorie.

Tous les experts financiers ne voient pas cette tendance d’un bon œil. Elena Morales, spécialiste en planification de retraite, prévient que des dépenses apparemment modestes s’accumulent de façon dramatique avec le temps. “Un repas livré à 30$ trois fois par semaine au lieu d’une alternative cuisinée à la maison à 10$ représente plus de 3 100$ par an—de l’argent qui, investi avec des rendements même modestes sur plusieurs décennies, se traduit par des dizaines de milliers de dollars perdus pour la retraite.”

L’impact environnemental suscite également des préoccupations, les emballages à usage unique et les émissions liées aux livraisons créant une empreinte carbone substantielle. Plusieurs municipalités canadiennes envisagent maintenant des réglementations ciblant les déchets de livraison.

L’industrie elle-même répond aux préférences de la génération Z. UberEats Canada a récemment lancé des initiatives de durabilité, notamment des options d’éco-emballage et des programmes de compensation carbone ciblant spécifiquement les préoccupations environnementales des jeunes consommateurs. Entre-temps, les modèles d’abonnement offrant des frais réduits pour les utilisateurs réguliers ont connu une croissance de 85% d’une année sur l’autre, misant sur la formation d’habitudes plutôt que sur une utilisation occasionnelle.

Certains consommateurs de la génération Z trouvent un juste milieu. Jules Lavoie, graphiste montréalais, a mis en place un plan de repas personnel “3-2-2” hebdomadaire : trois repas faits maison, deux visites au restaurant et deux livraisons. “C’est une question d’équilibre. Je budgétise spécifiquement pour les aliments de commodité plutôt que de prétendre que je vais soudainement devenir un adepte de la préparation de repas.”

Il reste à savoir si ce modèle de dépenses représente un phénomène temporaire ou un changement générationnel permanent. Ce qui est clair, c’est que la livraison alimentaire est passée du statut de plaisir occasionnel à celui de pilier du mode de vie pour de nombreux jeunes Canadiens, remodelant non seulement les finances personnelles mais l’ensemble de l’industrie de la restauration.

Alors que le cycliste de livraison s’éloigne de l’immeuble de Chen, elle est déjà de retour à son bureau, en train de coder. Les 15$ supplémentaires dépensés pour la livraison peuvent sembler gaspillés sur un tableur, mais dans le calcul complexe de la vie moderne, pour beaucoup de membres de la génération Z, cela finit par avoir du sens.

Sarah Patel est journaliste spécialisée en affaires et mode de vie, se concentrant sur les tendances de consommation et l’analyse économique.

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