Le bruit rythmé de la balle de caoutchouc contre le mur résonne dans les courts vitrés de Toronto alors que le Péruvien Diego Elias, deuxième joueur mondial de squash, se prépare pour ce qui pourrait être le moment décisif de sa carrière. Les finales du PSA World Tour 2025, qui se dérouleront la semaine prochaine à Toronto, représentent bien plus qu’un simple tournoi pour Elias—c’est une sorte de retour aux sources.
“Toronto est comme ma deuxième maison maintenant,” me confie Elias lors d’une courte pause d’entraînement au Club Athlétique de Toronto, où il peaufine son jeu depuis son arrivée la semaine dernière. “J’y vis la moitié de l’année depuis 2022. L’énergie de cette ville, ses habitants—tout cela fait désormais partie de mon histoire.”
À 28 ans, Elias est au sommet de son art. Le “Puma péruvien”, comme l’ont surnommé ses fans, a accumulé un nombre impressionnant de titres PSA au cours des trois dernières saisons, confirmant son statut de talent incontournable dans ce sport. Sa fluidité de mouvement et sa précision tactique lui valent des comparaisons avec des légendes du squash comme Jonah Barrington et Jahangir Khan—un éloge considérable dans un sport qui valorise avant tout la maîtrise technique.
La relation de Toronto avec le squash a toujours été passionnée bien que relativement discrète. La ville abrite l’une des communautés de squash les plus dynamiques d’Amérique du Nord, avec des dizaines de clubs répartis dans ses quartiers. Ce qui rend les finales du Tour particulièrement significatives cette année, c’est l’importance croissante du squash dans la culture sportive canadienne—un changement partiellement attribué à la décision d’Elias de s’établir ici pendant la saison nord-américaine.
“Quand je suis venu à Toronto pour la première fois, je cherchais simplement une bonne base d’entraînement,” explique Elias. “Ce que j’ai trouvé, c’est une communauté qui m’a complètement adopté. Les ressources d’encadrement ici sont de classe mondiale, et la compétition me maintient en alerte.”
Le lien d’Elias avec Toronto va au-delà de la simple commodité. Son entraîneur, l’ancien numéro trois mondial Jonathon Power—le premier Nord-Américain à atteindre la première place mondiale au squash—a joué un rôle déterminant dans son développement. Leur collaboration, qui a débuté lorsqu’Elias n’avait que 16 ans, s’est épanouie en l’une des relations mentor-protégé les plus productives du sport.
“Jonathon n’enseigne pas seulement le squash,” affirme Elias, son admiration évidente. “Il vous apprend à réfléchir sur le court, à gérer la pression, à voir des opportunités que d’autres manquent. L’avoir à mes côtés a transformé mon approche du jeu.”
L’évolution du style de jeu d’Elias au cours des trois dernières années reflète l’influence de Power. Autrefois connu principalement pour son flair offensif, Elias a développé un jeu plus complet—patient quand nécessaire, explosif quand l’opportunité se présente. Cette flexibilité tactique s’est avérée particulièrement efficace contre le numéro un mondial Ali Farag, qu’Elias a battu trois fois lors de leurs cinq dernières confrontations.
Pour les passionnés de squash torontois, accueillir les finales du Tour représente une rare occasion de voir les meilleurs joueurs du monde sur leur sol. Les billets se sont vendus en quelques heures après leur mise en vente—preuve de la popularité croissante du squash et du pouvoir d’attraction d’Elias dans sa ville d’adoption.
“L’ambiance des tournois canadiens est toujours spéciale,” note Elias. “Mais celle-ci est différente. Il y a cette sensation d’anticipation que je n’ai jamais connue auparavant. Les gens m’arrêtent dans la rue pour me souhaiter bonne chance—parfois j’oublie que je ne suis pas à Lima!”
L’importance du tournoi dépasse le parcours personnel d’Elias. À l’heure où le squash poursuit ses efforts pour être inclus aux Jeux olympiques—ayant raté de peu le programme de Los Angeles 2028—des événements comme les finales du Tour servent de vitrines essentielles pour un sport souvent négligé par les médias grand public.
“Nous jouons parmi les matchs les plus exigeants physiquement de tous les sports,” affirme Elias avec une conviction tranquille. “Le niveau de condition physique, de stratégie et de force mentale requis est extraordinaire. De plus en plus de gens commencent à le reconnaître, et des tournois comme celui-ci aident à attirer de nouveaux regards sur le squash.”
Alors que notre conversation s’achève, Elias retourne sur le court d’entraînement, où Power l’attend. L’intensité de leur séance témoigne des enjeux de la compétition à venir. Pour Elias, une victoire à Toronto représenterait bien plus qu’un simple trophée—ce serait la validation des choix qui l’ont amené ici, un hommage à la ville devenue sa seconde patrie.
“Gagner ici signifierait tout,” reconnaît-il, dans un rare moment de sentimentalité perçant à travers sa concentration compétitive. “Pas seulement pour ma carrière, mais pour tous ceux qui m’ont soutenu à Toronto. Cette ville m’a tant donné—je ne souhaite rien de plus que de lui rendre la pareille.”
À l’approche des finales du Tour, Toronto se prépare à célébrer son champion d’adoption. Qu’Elias remporte le titre ou non, son parcours de prodige péruvien à icône torontoise du squash illustre parfaitement la capacité du sport à transcender les frontières et à forger des liens inattendus. Dans un monde de plus en plus marqué par les divisions, il y a quelque chose de rafraîchissant dans l’histoire d’un athlète péruvien trouvant son foyer compétitif dans une métropole canadienne—et, ce faisant, élevant à la fois son jeu et sa ville d’adoption.