L’écart de la production pétrolière du Canada face au climat s’élargit : rapport

Olivia Carter
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Le décalage entre les engagements climatiques du Canada et sa trajectoire de production de combustibles fossiles a atteint des niveaux alarmants, selon une analyse approfondie publiée hier par l’Initiative de politique climatique. Le rapport révèle que, alors que le Canada défend publiquement des objectifs ambitieux de réduction des émissions sur la scène mondiale, sa production pétrolière devrait augmenter d’environ 17 % d’ici 2030 – créant ce que les experts décrivent comme un “paradoxe politique-production” qui menace de saper les objectifs climatiques nationaux.

“Nous assistons à une contradiction fondamentale dans la stratégie énergétique du Canada,” explique Dr. Sarah Richardson, auteure principale du rapport. “Le gouvernement s’est engagé à réduire les émissions de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, pourtant les prévisions de production de la Régie de l’énergie du Canada montrent que nous nous dirigeons exactement dans la direction opposée.”

L’étude, qui a examiné les prévisions de production par rapport aux modélisations climatiques de plusieurs sources, souligne que l’expansion des sables bitumineux de l’Alberta représente environ 80 % de la croissance prévue. Cette expansion à elle seule pourrait ajouter entre 25 et 30 mégatonnes d’émissions de carbone annuellement d’ici la fin de la décennie.

Les représentants de l’industrie défendent ces augmentations de production, en soulignant les innovations technologiques visant à réduire l’intensité des émissions par baril. “Les producteurs canadiens réalisent des investissements sans précédent dans les technologies de captage du carbone et l’efficacité opérationnelle,” a déclaré James Thornton, porte-parole de l’Association canadienne des producteurs pétroliers. “Nous nous concentrons sur la production du pétrole le plus responsable au monde.”

Cependant, les climatologues et les experts en politiques soulignent que ce sont les volumes absolus d’émissions, et non les mesures d’intensité, qui ont ultimement un impact sur le réchauffement climatique. Dr. Michael Trent de l’Institut d’action climatique de l’Université de la Colombie-Britannique note que “les améliorations d’efficacité sont dépassées par la croissance de la production, ce qui entraîne une augmentation nette des émissions au moment précis où nous avons besoin de réductions drastiques.”

Le gouvernement fédéral fait face à une pression croissante pour combler cet écart grandissant entre la rhétorique climatique et la réalité de la production. Des sondages récents indiquent que 68 % des Canadiens soutiennent des mesures plus strictes pour aligner la politique énergétique sur les objectifs climatiques, tandis que les observateurs internationaux remettent de plus en plus en question les références du Canada en matière de leadership climatique.

Les implications vont au-delà des préoccupations environnementales et touchent le domaine économique. Le rapport avertit que le Canada risque une exposition financière importante à mesure que les marchés mondiaux s’éloignent progressivement des combustibles fossiles. Les investissements dans la capacité de production qui dépassent la demande compatible avec le climat pourraient entraîner des actifs échoués évalués à des milliards de dollars.

Les communautés autochtones situées à proximité des projets d’expansion ont soulevé des préoccupations supplémentaires. “Ces augmentations de production affectent directement nos territoires traditionnels tout en contribuant à la crise climatique même qui menace nos modes de vie,” a déclaré Jennifer Whitehorse, défenseure du climat de la Première Nation Chipewyan d’Athabasca.

Alors que les négociations internationales sur le climat s’intensifient à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de l’année prochaine, l’écart croissant entre la production et le climat au Canada présente des défis tant nationaux que diplomatiques. Le gouvernement fédéral doit naviguer entre les pressions concurrentes des parties prenantes de l’industrie, des défenseurs de l’environnement et des partenaires internationaux, tout en essayant de maintenir sa crédibilité sur les questions climatiques.

La question qui se pose maintenant aux décideurs politiques est de savoir si le Canada peut concilier ses doubles identités de champion du climat et de grand producteur de pétrole, ou si l’une des priorités devra finalement céder le pas à l’autre dans la lutte de plus en plus urgente contre le changement climatique.

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