Dans une révélation frappante qui devrait inquiéter parents et éducateurs, seulement quatre pour cent des Canadiens estiment que nos écoles méritent d’excellentes notes en matière d’éducation sur les changements climatiques. Cette évaluation désastreuse provient d’une enquête nationale approfondie qui expose d’importantes lacunes dans la façon dont les établissements d’enseignement canadiens préparent les élèves à ce que beaucoup considèrent comme le défi déterminant de leur génération.
L’enquête, menée par des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université Lakehead, a recueilli les réponses de plus de 3 800 Canadiens à travers le pays. Les résultats dressent un tableau préoccupant d’un décalage entre l’urgence croissante de l’action climatique et la réponse éducative dans nos salles de classe.
“Ce que nous observons est un décalage fondamental entre l’ampleur de la crise climatique et la façon dont nous équipons les jeunes pour la comprendre et y faire face,” déclare Dre Ellen Field, l’une des principales chercheuses de l’étude. “Quand 96 pour cent des répondants estiment que nos écoles n’offrent pas une éducation climatique de niveau ‘A’, nous devons reconnaître qu’il s’agit d’un échec systémique.”
Plus préoccupant encore, les enseignants eux-mêmes ont signalé d’importants obstacles à une éducation climatique efficace. Près de 70 pour cent ont cité le manque de formation comme obstacle majeur, tandis que 64 pour cent ont mentionné l’insuffisance des ressources pédagogiques. Par ailleurs, 61 pour cent ont souligné le temps limité en classe comme un autre obstacle à une éducation climatique adéquate.
Les conséquences de cette lacune éducative vont au-delà des murs de la classe. Les jeunes Canadiens rapportent de plus en plus d’éco-anxiété et de frustration face au manque de connaissances pratiques qu’ils reçoivent sur une question qui façonnera fondamentalement leur avenir. Alors que les catastrophes liées au climat s’intensifient partout au Canada et dans le monde, ce déficit de connaissances représente non seulement un échec éducatif mais aussi une préoccupation potentielle de santé publique.
“Nous élevons une génération qui comprend que la crise climatique existe mais qui manque d’outils pour s’y engager de façon significative,” note la spécialiste en éducation environnementale, Dre Maya Richardson. “Cela crée une dangereuse combinaison de sensibilisation sans capacité d’action.”
Ces résultats surviennent à un moment critique de la politique canadienne, où les politiques climatiques sont de plus en plus au centre des plateformes électorales et du discours public. Plusieurs provinces ont commencé à réviser leurs programmes pour intégrer davantage de contenu sur le climat, mais l’enquête suggère que ces efforts restent insuffisants et appliqués de manière incohérente.
Du point de vue des affaires, les implications sont tout aussi importantes. Alors que le Canada effectue une transition vers une économie plus verte, les employeurs recherchent de plus en plus des travailleurs possédant des compétences en matière de littératie climatique et de durabilité – précisément les connaissances que nos écoles ne parviennent pas à développer actuellement.
Les chercheurs derrière l’enquête ont appelé à une stratégie nationale coordonnée sur l’éducation climatique, comprenant une formation obligatoire des enseignants, des ressources curriculaires mises à jour et des approches interdisciplinaires qui intègrent les connaissances climatiques dans toutes les matières plutôt que de les isoler aux cours de sciences.
“Il ne s’agit pas de politique – il s’agit de préparer les jeunes au monde dont ils héritent,” affirme Field. “L’éducation climatique devrait inclure la compréhension de la science, bien sûr, mais aussi le développement des compétences sociales, émotionnelles et pratiques nécessaires pour naviguer dans un monde en changement.”
Alors que les impacts climatiques s’accélèrent et que les dirigeants mondiaux peinent à atteindre les objectifs d’émissions, la question devient de plus en plus urgente : pouvons-nous nous permettre de diplômer une autre génération non préparée aux réalités climatiques auxquelles elle sera confrontée, ou cette enquête servira-t-elle de signal d’alarme dont notre système éducatif a désespérément besoin?