Le soleil matinal filtre à travers les fenêtres de la classe tandis que les élèves de l’école primaire de Regina se rassemblent en cercle, leurs voix s’élevant dans un chant traditionnel cri. Ce n’est pas simplement une activité scolaire—c’est une partie d’un profond parcours éducatif à l’École Mother Teresa, où la réconciliation a dépassé les manuels scolaires pour devenir une pratique vivante.
“Nous n’enseignons pas seulement la culture autochtone, nous la vivons aux côtés de nos élèves,” explique la directrice Sharlene Holliday, dont l’école a embrassé l’éducation à la vérité et à la réconciliation avec un dévouement remarquable. “Ces enfants grandissent en comprenant l’histoire et le patrimoine d’une manière que les générations précédentes n’ont jamais eu l’occasion d’expérimenter.”
L’approche de l’école représente un changement significatif dans la façon dont les établissements éducatifs canadiens abordent l’héritage douloureux des pensionnats autochtones et des politiques coloniales. Plutôt que de traiter les perspectives autochtones comme un complément au programme, l’École Mother Teresa les a tissées dans la trame même de l’apprentissage quotidien.
Le mois dernier, les élèves ont participé à un cercle de partage impliquant toute l’école, où des aînés des communautés autochtones locales ont partagé des histoires et des enseignements traditionnels. Emily Chen, élève de 4e année, se souvient de l’expérience avec enthousiasme : “Nous avons appris à propos de la roue médicinale et comment tout est connecté. Ça m’a fait réfléchir différemment sur ma vision du monde qui m’entoure.”
Le parcours de l’école vers une réconciliation significative a commencé il y a cinq ans, lorsque le personnel a entrepris un développement professionnel complet pour comprendre les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation pour l’éducation. Ce qui a commencé comme des événements culturels occasionnels s’est transformé en une approche intégrée touchant tout, des annonces matinales aux leçons de mathématiques.
Les enseignants incorporent les connaissances autochtones dans toutes les matières—étudiant l’utilisation traditionnelle des plantes dans les cours de sciences, explorant l’économie autochtone en études sociales, et lisant des œuvres d’auteurs autochtones en arts langagiers. Ces efforts s’alignent avec les recommandations d’experts en éducation qui soulignent que l’éducation à la réconciliation doit être intégrée dans l’ensemble du programme plutôt qu’isolée dans des unités spécifiques.
“Le défi que rencontrent de nombreuses écoles est de traiter le contenu autochtone comme un supplément,” note Dr. Marie Wilson, consultante en éducation et défenseure de l’éducation autochtone. “Ce qui est remarquable dans l’approche de Mother Teresa, c’est la façon naturelle dont ces perspectives sont intégrées dans l’apprentissage quotidien.”
Les parents ont observé des changements profonds dans la compréhension et les attitudes de leurs enfants. Michael Running Bird, dont la fille est en troisième année, partage : “Quand j’étais à l’école, il y avait de la honte associée à nos traditions. Maintenant, ma fille rentre à la maison en expliquant nos pratiques culturelles avec fierté et les enseigne à ses jeunes frères et sœurs.”
L’impact de l’école s’étend au-delà de ses murs. Les élèves ont présenté leurs projets de réconciliation lors d’événements communautaires, éduquant les adultes sur l’histoire des pensionnats et les contributions autochtones à la société canadienne. L’an dernier, leur installation artistique “Marcher ensemble” à l’hôtel de ville de Regina a attiré des centaines de visiteurs et suscité d’importantes conversations sur la réconciliation.
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, les éducateurs reconnaissent que la véritable réconciliation est un parcours continu nécessitant un apprentissage et une adaptation constants. L’école consulte régulièrement les gardiens du savoir autochtone et les membres de la communauté pour s’assurer que leur approche reste respectueuse et authentique.
“Ce travail n’est pas toujours confortable,” admet Priya Sharma, enseignante de 6e année. “Il y a des conversations difficiles et des moments de confrontation avec une histoire douloureuse. Mais voir comment nos élèves embrassent naturellement des perspectives diverses me donne un immense espoir pour l’avenir.”
Alors que le Canada continue de se débattre avec son passé colonial, des écoles comme Mother Teresa démontrent comment l’éducation peut devenir un puissant véhicule de guérison et de compréhension. Leur exemple soulève une question essentielle pour les communautés à travers le pays : comment pourrions-nous tous contribuer à créer un avenir où la réconciliation n’est pas seulement enseignée, mais vécue dans nos actions et relations quotidiennes?