Dans une affaire qui a suscité un vif débat sur les limites entre la liberté d’expression et la propagande haineuse, l’unité des crimes haineux de la Colombie-Britannique poursuit son enquête sur Charlotte Kates, coordonnatrice nationale du Réseau de solidarité Samidoun pour les prisonniers palestiniens, près d’un an après des déclarations controversées lors d’un rassemblement pro-Hamas à Vancouver.
L’enquête, qui a débuté suite à une manifestation d’octobre 2023 où Kates aurait fait des commentaires soutenant l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, dépasse maintenant les délais initiaux sans résolution claire en vue. Le Service des poursuites de la C.-B. n’a pas encore annoncé si des accusations seront portées en vertu des lois canadiennes sur les discours haineux, soulevant des questions sur la complexité de telles affaires et les seuils juridiques pour engager des poursuites.
“La norme pour les poursuites dans les cas de discours haineux est exceptionnellement élevée au Canada,” explique Mira Goldstein, experte juridique spécialisée en droit constitutionnel à l’Université de Toronto. “Les enquêteurs doivent démontrer non seulement que les déclarations étaient offensantes, mais qu’elles ont délibérément promu la haine contre un groupe identifiable d’une manière qui représente un véritable danger pour la cohésion sociale.”
L’affaire a suscité une attention supplémentaire suite aux récentes décisions des gouvernements canadien et américain de désigner Samidoun comme entité terroriste. Les responsables canadiens ont cité les liens présumés de l’organisation avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), que le Canada a inscrit comme groupe terroriste depuis 2003.
Des responsables de l’application de la loi, s’exprimant sous couvert d’anonymat en raison de l’enquête en cours, indiquent que le retard découle de la nécessité d’analyser minutieusement les facteurs contextuels, y compris l’intention, les préjudices potentiels et le contenu précis des déclarations faites lors du rassemblement. “Ces enquêtes nécessitent un examen méticuleux des preuves, une consultation avec des experts en la matière et une considération attentive des droits d’expression protégés par la Charte,” a expliqué une source.
L’affaire met en évidence les tensions croissantes au Canada concernant les manifestations liées au conflit israélo-palestinien, les autorités s’efforçant de trouver un équilibre entre l’expression politique vigoureuse et les interdictions de promotion de la haine ou de la violence. Des enquêtes similaires ont été ouvertes à Toronto, Montréal et Ottawa suite à des plaintes concernant la rhétorique lors de diverses manifestations à travers le pays.
Les organisations de défense juives ont exprimé leur frustration quant à la lenteur de l’enquête. “Lorsque des déclarations publiques semblent célébrer la violence contre des civils en raison de leur identité, il devrait y avoir des conséquences rapides,” a déclaré Daniel Levi du Congrès juif canadien. “Ce long délai envoie un message troublant sur le sérieux avec lequel de tels incidents sont traités.”
Les groupes de défense des libertés civiles mettent toutefois en garde contre des poursuites trop zélées. “Les dispositions du code criminel contre la propagande haineuse doivent être appliquées avec une extrême prudence,” a noté l’avocate des droits civils Samantha Chen. “Le droit d’exprimer des opinions politiques controversées, voire offensantes, est fondamental pour la démocratie, particulièrement concernant les conflits internationaux où les perspectives sont profondément divisées.”
Alors que cette enquête se poursuit sans résolution immédiate en vue, les Canadiens de tous bords politiques se demandent: quand le plaidoyer passionné franchit-il la ligne du discours haineux punissable, et comment notre société peut-elle protéger à la fois les communautés vulnérables et les libertés fondamentales d’expression dans des périodes de plus en plus polarisées?
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