Entrepreneur autochtone du Nouveau-Brunswick allie affaires et culture

Olivia Carter
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Dans la paisible région côtière de la Première Nation Natoaganeg au Nouveau-Brunswick, une renaissance culturelle s’opère grâce à la vision entrepreneuriale d’Amber Solomon. Cette propriétaire d’entreprise Mi’kmaw de 33 ans a transformé sa passion pour l’art et les traditions autochtones en Bilijk, une entreprise florissante qui témoigne de la puissance de la préservation culturelle par le commerce.

“Je ne me suis jamais imaginée comme chef d’entreprise,” confie Solomon, son espace de travail entouré de pièces artisanales vibrantes qui fusionnent les motifs traditionnels Mi’kmaw avec l’esthétique contemporaine. “Mais j’ai toujours ressenti la responsabilité de maintenir nos traditions vivantes, de veiller à ce que ces pratiques ne s’estompent pas avec le temps.”

Le parcours de Solomon a commencé il y a cinq ans lorsqu’elle a remarqué une tendance préoccupante dans sa communauté. De nombreux artisans qualifiés qui maîtrisaient l’artisanat traditionnel Mi’kmaw vieillissaient, et les jeunes générations semblaient de plus en plus déconnectées de ces pratiques culturelles. Plutôt que d’accepter cette érosion culturelle, elle a décidé de créer un pont entre la tradition et le commerce moderne.

Bilijk—qui signifie “appartenance” en langue Mi’kmaw—propose une gamme variée de produits comprenant des bijoux artisanaux incorporant le travail du piquant, des vêtements personnalisés avec des motifs traditionnels et des articles cérémoniels qui servent à des fins tant fonctionnelles que spirituelles. Ce qui distingue le modèle d’affaires de Solomon est son engagement envers l’éducation parallèlement au commerce.

“Chaque pièce vient avec une histoire,” explique Solomon. “Quand les clients achètent nos produits, ils n’achètent pas simplement un article—ils se connectent avec des centaines d’années d’histoire et de savoir Mi’kmaw.”

L’impact économique des entreprises autochtones comme Bilijk s’étend bien au-delà des marges bénéficiaires. Selon un rapport de 2022 du Conseil canadien pour l’entreprise autochtone, l’entrepreneuriat autochtone génère environ 30 milliards de dollars annuellement pour l’économie canadienne, tout en créant des opportunités d’emploi vitales dans des communautés qui font souvent face à d’importants défis économiques.

La chef Patricia Bernard de la Première Nation Natoaganeg salue l’approche innovante de Solomon: “Ce qu’Amber a créé n’est pas seulement une entreprise—c’est une institution culturelle. Elle offre un travail significatif aux membres de la communauté tout en s’assurant que nos traditions restent pertinentes pour les générations futures.”

En effet, Solomon emploie actuellement sept membres de la communauté, dont la plupart ont appris leur métier par le partage traditionnel des connaissances. Son atelier est devenu une salle de classe informelle où les aînés enseignent aux jeunes artisans, créant un cycle continu de préservation culturelle.

L’entreprise a fait face à sa part de défis, particulièrement durant la pandémie lorsque le tourisme—une source importante de revenus—a pratiquement disparu. Pourtant, la résilience de Solomon a conduit à un virage inattendu vers les marchés numériques, élargissant la portée de Bilijk bien au-delà des frontières du Nouveau-Brunswick.

“Nous expédions maintenant à des clients partout en Amérique du Nord et même en Europe,” note Solomon avec fierté. “Les gens recherchent de plus en plus des produits authentiques et significatifs avec de véritables histoires derrière eux. C’est quelque chose que nous pouvons offrir que les articles produits en masse ne peuvent pas.”

Le succès de Solomon n’est pas passé inaperçu dans les cercles politiques. Le mois dernier, elle a été invitée à participer à une table ronde fédérale sur le développement économique autochtone, où elle a plaidé pour un soutien accru aux entrepreneurs culturels qui font face à des défis uniques pour accéder au capital et naviguer dans les cadres réglementaires.

“Les entreprises autochtones fonctionnent souvent avec des valeurs et des objectifs différents des entreprises conventionnelles,” explique Solomon. “Nous avons besoin de systèmes économiques qui reconnaissent ces différences et fournissent un soutien approprié.”

Alors que Bilijk continue de croître, Solomon reste fidèle à sa vision fondatrice: utiliser l’entreprise comme véhicule pour la préservation culturelle et l’autonomisation communautaire. Son plan quinquennal comprend l’ouverture d’un centre culturel où les visiteurs pourront expérimenter les traditions Mi’kmaw de première main à travers des ateliers et des démonstrations.

“Le succès pour moi ne se mesure pas en marges bénéficiaires,” réfléchit Solomon. “Il se mesure au nombre de jeunes qui apprennent ces compétences, au nombre d’aînés qui peuvent partager leur savoir, et au nombre de personnes qui acquièrent une appréciation plus profonde de la culture Mi’kmaw.”

Alors que l’entrepreneuriat autochtone continue de croître partout au Canada, des entreprises comme Bilijk offrent un modèle convaincant de développement économique qui honore l’identité culturelle plutôt que d’exiger son sacrifice. La question est maintenant de savoir si les institutions économiques traditionnelles et les politiques gouvernementales évolueront assez rapidement pour soutenir ces entreprises ancrées culturellement qui redéfinissent le succès selon leurs propres termes.

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