L’éclosion de rougeole qui a frappé le Nord de la Colombie-Britannique pendant près de deux mois montre enfin des signes d’apaisement, le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique (BCCDC) confirmant qu’il ne reste aucun cas actif dans la région sanitaire du Nord. Cette évolution marque une étape importante dans la lutte des responsables de la santé publique contre cette maladie hautement contagieuse qui a touché 17 personnes depuis début mai.
“Nous sommes prudemment optimistes concernant la situation actuelle,” a déclaré la Dre Bonnie Henry, médecin hygiéniste en chef de la province, lors du point de presse d’hier. “Cependant, nous devons rester vigilants car la période d’incubation de la rougeole peut s’étendre jusqu’à 21 jours, ce qui signifie que de nouveaux cas pourraient encore apparaître.”
L’éclosion, qui a commencé lorsqu’un voyageur international non vacciné est revenu à Fort St. John, a provoqué une réaction rapide des autorités sanitaires du Nord. Des cliniques de vaccination d’urgence ont été établies dans toute la région, avec une attention particulière pour les communautés ayant des taux de vaccination historiquement plus faibles.
Selon les données du BCCDC, les taux de vaccination dans certaines communautés du Nord de la C.-B. étaient tombés en dessous du seuil de 95% nécessaire pour l’immunité collective ces dernières années. L’éclosion a servi de rappel brutal des conséquences de l’hésitation vaccinale, ont noté les responsables de la santé.
“Ce que nous avons constaté dans le Nord de la C.-B. souligne l’importance cruciale de maintenir une couverture vaccinale élevée,” a expliqué la Dre Danuta Skowronski, responsable de l’épidémiologie au BCCDC. “Lorsque les taux de vaccination baissent, nous créons des poches de vulnérabilité où des maladies hautement infectieuses comme la rougeole peuvent se propager rapidement.”
La réponse à l’éclosion comprenait un traçage extensif des contacts, les responsables de la santé ayant identifié et surveillé plus de 300 expositions potentielles. Les écoles de Fort St. John et de Dawson Creek ont mis en œuvre des politiques d’exclusion temporaire pour les élèves non vaccinés, tandis que plusieurs lieux publics ont subi des protocoles de nettoyage en profondeur.
Le ministre de la Santé Adrian Dix a salué l’effort collaboratif qui a aidé à contenir l’éclosion. “L’action rapide de nos équipes de santé publique, combinée à la coopération communautaire, a empêché ce qui aurait pu être une urgence sanitaire beaucoup plus étendue,” a-t-il déclaré lors de l’annonce d’hier.
L’impact économique de l’éclosion a également été important. Les entreprises locales ont signalé une diminution de l’achalandage pendant le pic de l’éclosion, les opérateurs touristiques notant des annulations de visiteurs préoccupés par une exposition potentielle. Les implications financières se sont étendues aux coûts des soins de santé, les estimations suggérant que les efforts de réponse ont dépassé 1,2 million de dollars.
Les responsables provinciaux de la santé ont profité de cette éclosion pour renouveler leurs appels au renforcement des programmes de vaccination dans toute la C.-B. Le gouvernement envisage maintenant des changements de politique qui faciliteraient le suivi du statut vaccinal dans les écoles et les garderies, bien qu’aucune exigence de vaccination obligatoire n’ait été proposée.
“Nous évaluons plusieurs approches pour améliorer notre registre de vaccination et nos systèmes de rappel,” a expliqué le ministre Dix. “Notre objectif est de simplifier la mise à jour des vaccins recommandés pour les familles.”
Alors que le Nord de la C.-B. émerge de ce défi sanitaire, la conversation s’est orientée vers la prévention des futures éclosions. Les experts en santé publique soulignent que la rougeole reste endémique dans de nombreuses régions du monde, ce qui signifie que les voyages internationaux continueront de présenter des risques de réintroduction.
Le BCCDC continue de recommander deux doses du vaccin RRO (rougeole, rubéole, oreillons) pour une protection optimale, particulièrement avant les voyages internationaux. Pour ceux qui ne sont pas certains de leur statut vaccinal, des tests sérologiques sont disponibles auprès des fournisseurs de soins primaires.
Alors que les communautés du Nord de la C.-B. reprennent leurs activités normales, la question demeure: cette éclosion servira-t-elle de catalyseur nécessaire pour combler les lacunes persistantes dans nos programmes de vaccination, ou les leçons apprises s’estomperont-elles à mesure que la menace immédiate diminue?