Une crise sanitaire inquiétante continue de se développer dans les communautés du Nord de l’Ontario, alors que les responsables provinciaux de la santé ont confirmé hier douze nouveaux cas de rougeole, portant le total à 27 infections depuis le début de l’épidémie il y a trois semaines. Cette maladie virale hautement contagieuse a principalement touché Thunder Bay et les régions environnantes, avec des cas qui apparaissent maintenant dans les régions de Sudbury et de North Bay.
“Nous sommes confrontés à une souche extrêmement virulente qui se propage avec une efficacité remarquable,” a déclaré la Dre Elena Reyes, médecin-hygiéniste en chef adjointe de l’Ontario. “Ce qui rend cette situation particulièrement préoccupante, c’est que plus de 60% des cas confirmés concernent des personnes non vaccinées, y compris des enfants trop jeunes pour être vaccinés et ceux dont les parents ont refusé la vaccination.”
L’accélération rapide des cas a déclenché des mesures d’urgence dans toutes les unités sanitaires du nord de la province. Les autorités ont établi des cliniques de vaccination temporaires dans les centres communautaires, les écoles et les centres commerciaux pour augmenter les taux d’immunité. Selon les données provinciales, la couverture vaccinale dans certaines communautés touchées est inférieure au seuil de 95% nécessaire pour une immunité collective efficace contre la rougeole.
Au Centre de santé régional de Lakehead à Thunder Bay, les unités pédiatriques signalent des complications préoccupantes chez les plus jeunes patients. “Nous avons admis quatre enfants souffrant de pneumonie secondaire à l’infection de la rougeole,” a noté le Dr James Wilson, chef de la pédiatrie. “Un enfant a été transféré dans un établissement spécialisé à Toronto avec une suspicion d’encéphalite, qui peut causer des dommages neurologiques permanents.”
L’épidémie a généré d’importantes perturbations dans la vie quotidienne à travers le Nord de l’Ontario. Trois écoles du district de Thunder Bay sont temporairement passées à l’apprentissage à distance après des expositions confirmées, tandis que les garderies des régions touchées ont mis en œuvre des protocoles de dépistage rigoureux. Santé Canada a envoyé des approvisionnements supplémentaires de vaccins et des équipes de soutien épidémiologique pour aider les autorités sanitaires locales.
Les experts en santé publique soulignent que la rougeole, autrefois presque éliminée au Canada, a réapparu en grande partie en raison de la baisse des taux de vaccination. La maladie se propage par des gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air et peut rester viable dans l’air jusqu’à deux heures après le départ d’une personne infectée.
“Ce que beaucoup ne réalisent pas, c’est que la rougeole est l’une des maladies les plus contagieuses connues en médecine, un seul cas pouvant infecter 12 à 18 personnes non protégées,” a expliqué la Dre Anita Sharma, spécialiste des maladies infectieuses à l’École de médecine du Nord de l’Ontario. “Le vaccin ROR offre une protection de 97% avec deux doses, ce qui fait de la vaccination notre outil le plus puissant contre les épidémies.”
La réponse communautaire a été mitigée. Alors que de nombreux résidents se précipitent pour s’assurer que leurs vaccinations sont à jour, la surveillance des médias sociaux révèle la propagation inquiétante de fausses informations sur la sécurité des vaccins. Les responsables de la santé ont lancé une campagne d’information coordonnée sur les plateformes traditionnelles et numériques pour combattre l’hésitation vaccinale avec des messages fondés sur des preuves.
L’impact économique de l’épidémie est également devenu évident. Les opérateurs touristiques signalent des annulations pendant ce qui devrait être la haute saison estivale, et plusieurs événements communautaires à venir risquent d’être reportés. La Chambre de commerce du Nord de l’Ontario estime que les pertes potentielles pourraient dépasser 3,5 millions de dollars si l’épidémie se poursuit jusqu’en août.
Les responsables provinciaux et fédéraux ont promis des ressources supplémentaires pour contenir la propagation. La ministre de la Santé, Sarah Campbell, a annoncé hier un financement d’urgence de 2,8 millions de dollars pour soutenir l’expansion des tests, la recherche des contacts et les efforts de vaccination dans toute la région.
Alors que les équipes de santé publique travaillent sans relâche pour maîtriser cette épidémie, la situation soulève des questions inconfortables sur notre vulnérabilité collective face à des maladies autrefois considérées comme vaincues. Avec une augmentation de 18% des cas de rougeole dans le monde au cours de la dernière année selon l’Organisation mondiale de la Santé, à quel point les communautés canadiennes sont-elles préparées à protéger leurs citoyens les plus vulnérables contre des maladies évitables qui ont trouvé de nouveaux points d’ancrage dans notre monde interconnecté?