La perspective d’un conflit prolongé entre Israël et l’Iran se profile plus que jamais, alors que les responsables israéliens reconnaissent ouvertement leurs préparatifs pour ce qui pourrait devenir un engagement militaire de longue durée. Suite à l’attaque directe sans précédent de missiles iraniens sur le territoire israélien plus tôt ce mois-ci, le Moyen-Orient instable se trouve à un carrefour précaire qui menace de redessiner les dynamiques de pouvoir régionales.
“Nous assistons à un changement de paradigme dans la guerre de l’ombre qui oppose Israël et l’Iran depuis des décennies,” a déclaré Dr. Raphael Cohen, analyste principal en sécurité à l’Institut d’études stratégiques, lors d’une entrevue exclusive. “Ce qui était autrefois mené par des intermédiaires et des opérations secrètes a maintenant éclaté en confrontation militaire directe avec des implications potentiellement catastrophiques.”
L’établissement militaire israélien a considérablement modifié sa posture stratégique ces dernières semaines, le ministre de la Défense Yoav Gallant confirmant le redéploiement de systèmes de défense aérienne supplémentaires et la mobilisation d’unités de réserve spécialisées dans les opérations à longue portée. Ces mouvements signalent l’engagement d’Israël à maintenir une préparation opérationnelle pour des hostilités prolongées avec la République islamique.
Le cycle d’escalade actuel a commencé lorsque l’Iran a lancé environ 300 drones et missiles vers Israël le 13 avril, les responsables israéliens affirmant que leurs défenses aériennes ont intercepté près de 99% des menaces entrantes. Cette attaque représentait la première agression militaire directe depuis le territoire iranien contre Israël, marquant une rupture spectaculaire avec la préférence historique de Téhéran pour la guerre par procuration via des groupes comme le Hezbollah et le Hamas.
Les répercussions économiques se sont déjà matérialisées, les marchés mondiaux connaissant une volatilité alors que les prix du pétrole ont augmenté de près de 4% après le premier échange d’hostilités. Les analystes de Morgan Stanley prévoient des pics potentiels de prix allant jusqu’à 15% si le conflit s’étend pour inclure des attaques contre les infrastructures énergétiques dans le Golfe Persique.
“Les implications économiques s’étendent bien au-delà de la région immédiate,” note l’économiste canadienne Melissa Harrington. “Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les primes d’assurance maritime et les préoccupations de sécurité énergétique pourraient créer des effets d’entraînement dans l’économie mondiale à un moment où l’inflation demeure un défi persistant.”
La réponse diplomatique internationale a été caractérisée par des appels urgents à la retenue, la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly soulignant la nécessité d’une désescalade par les canaux diplomatiques établis. Cependant, ces appels semblent avoir peu d’impact alors que les deux parties intensifient leur rhétorique et leurs préparatifs militaires.
Compliquant davantage la situation, le conflit en cours à Gaza, où Israël poursuit ses opérations contre le Hamas suite aux attaques du 7 octobre. Les analystes militaires suggèrent que la capacité opérationnelle d’Israël est étirée sur plusieurs fronts, ce qui pourrait influencer la prise de décision stratégique concernant l’étendue et le moment de toute réponse à l’Iran.
“Israël fait face au défi de calibrer sa réponse pour démontrer sa détermination sans déclencher une guerre régionale à grande échelle,” explique l’ancien diplomate canadien Richard Marsden. “Le calcul doit équilibrer les objectifs de dissuasion contre les risques d’escalade incontrôlable.”
Les dirigeants iraniens ont maintenu une position de défi, le Guide suprême l’Ayatollah Ali Khamenei déclarant publiquement que Téhéran répondrait avec encore plus de force à toute riposte israélienne. Pendant ce temps, l’Iran continue de faire avancer son programme nucléaire, les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique indiquant une accélération des activités d’enrichissement d’uranium.
Alors que les tensions entre ces deux puissances régionales atteignent des sommets sans précédent, une question devient de plus en plus urgente : la communauté internationale peut-elle forger une voie diplomatique, ou sommes-nous témoins des premières étapes d’un conflit transformateur qui modifiera fondamentalement l’architecture de sécurité du Moyen-Orient pour les générations à venir?
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