Les enfants qui sont les plus jeunes de leur année scolaire font face à des risques significativement plus élevés de développer des problèmes de santé mentale par rapport à leurs camarades plus âgés, selon une nouvelle recherche innovante de l’Université de Toronto. Cette étude, s’étendant sur cinq ans et suivant plus de 10 000 élèves à travers les provinces canadiennes, révèle un schéma préoccupant que les éducateurs et les parents ne devraient plus ignorer.
L’équipe de recherche, dirigée par Dre Elaine Chen, a découvert que les enfants nés en décembre—typiquement les plus jeunes dans les classes canadiennes—avaient 31% plus de risques de recevoir un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et 27% plus de risques de souffrir de troubles anxieux que leurs camarades nés en septembre. La différence devient particulièrement prononcée pendant les années de transition, comme le passage de l’école primaire à l’école intermédiaire.
“Ce que nous observons n’est pas simplement un bruit statistique,” explique Dre Chen. “Ce sont des différences significatives qui persistent tout au long du parcours éducatif et potentiellement jusqu’à l’âge adulte. L’effet de l’âge relatif crée un écart de développement que certains enfants peinent à surmonter.”
Les implications vont au-delà de la santé mentale. Les performances académiques montrent des tendances similaires, les élèves les plus jeunes obtenant en moyenne 12% de moins aux évaluations standardisées en mathématiques et en lecture. Cet écart de performance se réduit légèrement au secondaire mais ne disparaît jamais complètement pour de nombreux élèves.
Les ministères provinciaux de l’Éducation commencent à prendre note. Le ministère de l’Éducation de l’Alberta a récemment lancé un programme pilote permettant une plus grande flexibilité dans les dates d’entrée à l’école, tandis que l’Ontario élargit ses ressources en santé mentale ciblant spécifiquement les élèves plus jeunes au sein de chaque niveau scolaire.
Le psychologue pour enfants Dr Marcus Thompson, qui n’a pas participé à l’étude, note que la sensibilisation est la première étape critique. “Les parents et les enseignants doivent reconnaître que ce qui pourrait apparaître comme un trouble d’apprentissage ou un problème comportemental pourrait en fait être une question de timing développemental,” a-t-il déclaré à CO24 News. “Des ajustements simples comme un soutien supplémentaire pendant les périodes critiques peuvent faire d’énormes différences.”
Les résultats mettent également en évidence les disparités socioéconomiques. Les familles disposant de ressources financières plus importantes choisissent souvent de retarder l’entrée à l’école des enfants nés près des dates limites—une pratique parfois appelée “redshirting”—tandis que les familles à faible revenu n’ont généralement pas cette option.
Certaines écoles mettent en œuvre des solutions innovantes. L’école primaire Riverdale à Toronto a été pionnière des classes d’âges mixtes où les élèves progressent en fonction de leur maturité développementale plutôt que de leur date de naissance uniquement. La directrice Sarah Jameson rapporte des résultats initiaux prometteurs: “Nous avons constaté des améliorations spectaculaires en matière de confiance et d’engagement académique, particulièrement chez nos élèves plus jeunes.”
L’équipe de recherche recommande plusieurs interventions pratiques, notamment une plus grande sensibilité au dépistage chez les prestataires de soins de santé, un soutien supplémentaire en classe pour les élèves plus jeunes, et des politiques de placement scolaire plus flexibles. Ils soulignent qu’une simple prise de conscience du problème peut aider les parents et les éducateurs à fournir un soutien approprié.
Alors que les écoles canadiennes se préparent pour la prochaine année scolaire, cette recherche rappelle opportunément que les dates de naissance comptent plus que nous ne l’avons précédemment reconnu dans les contextes éducatifs. Lorsqu’on considère les défis académiques ou comportementaux d’un enfant, leur âge relatif au sein de la classe peut être un facteur critique qui mérite une attention particulière.