Une Première Nation de l’Ontario évacuée face aux feux de forêt, des centaines de personnes contraintes de fuir
Dans une course contre les flammes dévastatrices, plus de 800 résidents de la Première Nation du lac North Caribou ont été forcés d’abandonner leurs maisons alors que des incendies menacent leur communauté isolée du nord-ouest de l’Ontario. L’évacuation, qui a débuté dimanche, a dispersé les membres de la communauté dans six localités d’accueil, dans une tentative désespérée d’assurer leur sécurité pendant que les équipes d’urgence combattent l’incendie qui s’approche.
Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a confirmé que l’incendie, désigné RED068, a été détecté à seulement trois kilomètres de la Première Nation samedi. Dimanche, la détérioration de la qualité de l’air due à l’épaisse fumée a déclenché le plan d’intervention d’urgence de la communauté, les dirigeants prenant la difficile décision d’évacuer tous les résidents en raison de la menace imminente.
“Quand un feu de forêt menace une communauté vulnérable, surtout une avec un accès routier limité, l’évacuation devient non seulement prudente mais essentielle,” a déclaré Jon Pegg, Commissaire des incendies de l’Ontario, qui coordonne les efforts d’intervention d’urgence provinciaux. “La fenêtre de sécurité peut se refermer rapidement dans ces situations.”
Selon Gestion des situations d’urgence Ontario, les évacués ont été relocalisés à Thunder Bay, Sioux Lookout, Kapuskasing, Timmins, Smooth Rock Falls et Hearst. Cette dispersion généralisée reflète à la fois l’ampleur de l’évacuation et les défis logistiques liés au déplacement d’une communauté entière dans l’urgence.
Le chef Cornelius Benson de la Première Nation du lac North Caribou a décrit le coût émotionnel de l’évacuation: “Notre peuple est résilient, mais être séparé de notre territoire, même temporairement, crée une profonde anxiété. Plusieurs aînés n’ont jamais eu à évacuer auparavant, et ils s’inquiètent pour nos sites culturels et nos territoires traditionnels.”
L’incendie près du lac North Caribou n’est qu’un des 26 feux actifs qui brûlent actuellement dans le nord-ouest de l’Ontario. Les données provinciales montrent que six de ces incendies demeurent hors de contrôle, soulignant les défis importants auxquels font face les équipes de pompiers. La situation a été exacerbée par des conditions inhabituellement sèches et des changements dans les régimes de vent qui ont compliqué les efforts de confinement.
Services aux Autochtones Canada s’est mobilisé pour fournir du soutien aux évacués, travaillant aux côtés des agences provinciales et des communautés d’accueil pour assurer l’hébergement temporaire, les services alimentaires et les soins médicaux. Cependant, David Beardy, un évacué, a exprimé des préoccupations concernant le déplacement prolongé: “Certains membres de notre communauté ont des problèmes de santé chroniques qui nécessitent des soins spécialisés. Être loin de notre centre de santé crée des complications supplémentaires.”
Cette évacuation marque le troisième déplacement majeur de communautés des Premières Nations dans le nord-ouest de l’Ontario cette saison des incendies, après les évacuations antérieures à Poplar Hill et à la Première Nation de Deer Lake. Des climatologues ont noté que les communautés autochtones du Nord subissent des impacts disproportionnés des saisons de feux de forêt de plus en plus volatiles, soulevant des questions sur la préparation aux urgences à long terme dans ces régions.
Alors que les avions et les équipes au sol de lutte contre les incendies travaillent à contenir le brasier, les responsables provinciaux sont incapables de fournir un calendrier pour le retour des résidents. Isabelle Chenard, porte-parole du ministère, a indiqué que “les conditions météorologiques, le comportement du feu et les évaluations de la qualité de l’air détermineront ultimement quand il sera sécuritaire pour les membres de la communauté de rentrer chez eux.”
Pour les centaines d’évacués maintenant dispersés dans le nord de l’Ontario, les jours à venir apportent incertitude et inquiétude pour les maisons et la communauté qu’ils ont été forcés d’abandonner. Leur situation soulève une question troublante: alors que les changements climatiques intensifient les menaces d’incendies de forêt dans le nord du Canada, investissons-nous adéquatement à la fois dans l’intervention d’urgence et dans la résilience nécessaire aux communautés éloignées des Premières Nations face à ces risques croissants?