Dans un développement inquiétant qui soulève de sérieuses questions sur la sécurité carcérale au Québec, les autorités recherchent actuellement Lori “Bill” Germa, meurtrière condamnée de 69 ans, qui s’est évadée de l’établissement correctionnel Maison Tanguay à Laval lundi. Il s’agit de la deuxième détenue à fuir d’une prison québécoise ces dernières semaines, intensifiant l’examen du système correctionnel de la province.
Service correctionnel Canada a confirmé que Germa, qui purgeait une peine à perpétuité pour meurtre au deuxième degré commis en 1995, a été découverte manquante lors du dénombrement du soir à l’unité à sécurité minimale. La Sûreté du Québec a émis une alerte à l’échelle de la province et mis en place une équipe spéciale dédiée pour retrouver la fugitive.
“Nous déployons toutes les ressources disponibles pour localiser cette personne,” a déclaré l’inspectrice Marie Beausoleil de la Sûreté du Québec. “Le public ne devrait pas approcher la suspecte mais contacter immédiatement la police s’il dispose d’informations concernant sa localisation.”
Cette évasion suit de près un autre incident très médiatisé à l’Institution Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines, où le prisonnier Étienne Charbonneau s’est enfui le 22 juin. La proximité de ces événements a poussé le ministre fédéral de la Sécurité publique du Canada à ordonner une révision immédiate des protocoles de sécurité dans tous les établissements correctionnels du Québec.
Les criminologues signalent des problèmes systémiques qui pourraient contribuer à ces failles de sécurité. “Deux évasions en si peu de temps suggèrent des lacunes potentielles dans la surveillance ou l’adhérence aux procédures,” a expliqué Dre Isabelle Tremblay, professeure de criminologie à l’Université McGill. “Les établissements à sécurité minimale fonctionnent sur un modèle basé sur la confiance, mais il y a clairement des vulnérabilités qui doivent être traitées.”
Des documents obtenus par CO24 News révèlent que Germa avait été transférée en sécurité minimale en 2019 après avoir démontré ce que les responsables ont décrit comme “des progrès significatifs de réhabilitation” pendant ses 24 années d’incarcération. Des critiques remettent en question la pertinence des évaluations de risque effectuées avant son transfert.
Le Syndicat des agents correctionnels du Canada alerte depuis longtemps sur les pénuries de personnel affectant les opérations de sécurité. “Nous tirons la sonnette d’alarme concernant les niveaux de personnel inadéquats depuis des années,” a déclaré le représentant syndical Jean Morency. “Quand vous fonctionnez avec moins d’agents que nécessaire, les lacunes de surveillance deviennent inévitables.”
Les résidents locaux expriment une inquiétude croissante concernant la sécurité communautaire. “C’est terrifiant de penser qu’il y a des criminels dangereux qui se promènent dans nos quartiers,” a déclaré Marie Côté, résidente de Laval. “Nous méritons une meilleure protection et plus de transparence concernant ces échecs de sécurité.”
Alors que cette enquête se déroule parallèlement aux débats politiques en cours sur la réforme de la justice pénale, une question exige une attention urgente : nos établissements correctionnels privilégient-ils la réhabilitation au détriment de la sécurité publique, ou s’agit-il d’un symptôme de défaillances institutionnelles plus profondes nécessitant une réforme globale?