Dans une démarche stratégique visant à remédier aux pénuries critiques de main-d’œuvre dans le secteur de la santé, l’Île-du-Prince-Édouard a considérablement élargi son programme de bourses Marion Reid pour les étudiants en santé, soutenant désormais près de deux fois plus de futurs professionnels de la santé. L’initiative, dont le financement a plus que doublé pour atteindre 500 000 $ cette année, représente l’un des efforts les plus complets de la province pour renforcer son bassin de personnel médical.
“Nous investissons dans les étudiants insulaires qui deviendront nos futurs médecins, infirmiers et professionnels de la santé alliés,” a déclaré le ministre de la Santé Mark McLane lors d’une conférence de presse à Charlottetown jeudi. “En éliminant les barrières financières pour ces étudiants, nous ne soutenons pas seulement leur éducation—nous investissons dans la durabilité de notre système de santé.”
Lancé initialement en 2022 avec un financement de 200 000 $, le programme a été établi en l’honneur de Marion Reid, première femme lieutenant-gouverneur de l’Î.-P.-É. qui a servi de 1990 à 1995. L’expansion de cette année a permis à 53 étudiants de recevoir des bourses allant jusqu’à 10 000 $ chacun, comparativement à seulement 28 bénéficiaires l’an dernier.
L’impact de la bourse est déjà évident chez des étudiants comme Dominique Keizer, étudiante en deuxième année de médecine à l’Université Memorial qui a reçu du soutien par l’entremise du programme. “Le soulagement financier est incroyable,” a expliqué Keizer. “Les études de médecine entraînent des coûts énormes, et ce financement me permet de me concentrer davantage sur mes études plutôt que de m’inquiéter constamment des finances.”
Ce qui distingue cette initiative des programmes de bourses typiques est son approche stratégique pour répondre aux pénuries spécifiques en soins de santé. Une considération prioritaire est accordée aux étudiants poursuivant des carrières dans des domaines à forte demande, notamment la médecine familiale, les soins infirmiers, les services paramédicaux et diverses professions de la santé alliées où la province fait face à des défis critiques de dotation.
Le gouvernement rapporte qu’environ 90 % des anciens bénéficiaires de bourses sont soit retournés exercer à l’Î.-P.-É., soit ont l’intention de le faire après avoir terminé leurs études. Ce taux de retour surpasse considérablement les statistiques typiques de rétention pour les communautés rurales et insulaires, suggérant que l’efficacité du programme va au-delà du soutien financier pour favoriser des liens significatifs avec la province.
McLane a souligné que l’expansion du programme ne représente qu’une composante de l’approche multidimensionnelle de la province en matière de planification de la main-d’œuvre en santé. “Nous travaillons simultanément à améliorer la rétention des professionnels de la santé existants tout en assurant un flux constant de nouveaux diplômés,” a-t-il déclaré.
Bien que le financement accru ait permis à plus d’étudiants de recevoir du soutien, le processus de demande demeure compétitif. Les responsables ont signalé avoir reçu 176 demandes cette année, ce qui signifie que seulement environ 30 % des candidats ont pu être accommodés malgré l’augmentation du financement.
La province envisage déjà une expansion supplémentaire du programme pour l’année académique 2025-2026, élargissant potentiellement les critères d’admissibilité et augmentant le financement total basé sur les résultats de cette année et les projections de main-d’œuvre.
Alors que l’Île-du-Prince-Édouard continue de naviguer à travers ses défis en soins de santé, y compris des pénuries persistantes de personnel dans plusieurs disciplines et établissements, des initiatives comme la Bourse Marion Reid représentent des investissements ciblés dans des solutions durables. Mais des questions demeurent: ces professionnels de la santé formés localement resteront-ils à l’Î.-P.-É. à long terme, et ce modèle d’investissement stratégique en ressources humaines peut-il efficacement répondre aux facteurs complexes qui alimentent la crise de la main-d’œuvre en santé au Canada?