Dans une annonce révolutionnaire qui marque un changement radical dans le paysage énergétique de l’Ontario, le premier ministre Doug Ford a dévoilé hier les plans du premier centre de serveurs à Réacteurs Modulaires de Petite taille (RMP) au monde, dans le cadre d’une vaste initiative d’expansion nucléaire de 20 milliards de dollars. Cette installation emblématique, qui sera construite à Darlington, représente une fusion audacieuse entre l’énergie nucléaire et la technologie des centres de données, susceptible de transformer à la fois le secteur énergétique du Canada et ses capacités d’infrastructure numérique.
“Nous ne construisons pas simplement des centrales électriques, nous créons l’épine dorsale énergétique pour l’avenir numérique de l’Ontario,” a déclaré Ford lors de la cérémonie d’annonce, entouré de dirigeants du secteur énergétique et d’élus municipaux. “Cet investissement positionne notre province à l’avant-garde de l’énergie propre et de l’innovation numérique.”
Ce projet ambitieux présente une intégration novatrice de la technologie RMP avec une infrastructure informatique à haute densité, créant essentiellement un centre de traitement de données autonome qui promet des émissions de carbone quasi nulles. Selon les documents provinciaux publiés avec l’annonce, l’installation abritera 12 unités RMP NuScale, générant collectivement 924 mégawatts d’électricité tout en alimentant plus de 200 000 serveurs.
Les analystes énergétiques notent que cela représente une rupture significative avec les modèles traditionnels de distribution d’électricité. “Ce que nous voyons, c’est essentiellement la production d’énergie au point de consommation,” explique Dre Leanne McKinnon, chercheuse en politique nucléaire à l’Université de Toronto. “En éliminant les pertes de transmission et en couplant directement la production avec l’informatique à forte demande, ils atteignent des taux d’efficacité impossibles avec les systèmes conventionnels de réseau.”
Le gouvernement provincial prévoit que l’initiative créera environ 7 500 emplois durant la construction et 1 200 postes permanents une fois opérationnelle. Les évaluations d’impact économique suggèrent que l’installation pourrait contribuer annuellement à hauteur de 1,8 milliard de dollars au PIB de l’Ontario lorsqu’elle fonctionnera à pleine capacité.
Les groupes environnementaux ont offert des réactions mitigées. La Coalition canadienne pour le climat a salué les aspects zéro émission du projet, mais a exprimé des préoccupations concernant la gestion des déchets nucléaires. “Bien que nous reconnaissions les avantages en termes de carbone, nous avons besoin d’une clarté absolue sur les solutions de stockage à long terme pour le combustible usé,” a déclaré Danielle Laroche, directrice exécutive de la coalition.
Ce projet ne représente qu’une composante de la stratégie nucléaire plus large de Ford, qui comprend la remise à neuf des réacteurs existants à Bruce Power et l’ajout potentiel de nouvelles unités sur les sites nucléaires existants. Ce plan global vise à augmenter la capacité nucléaire de l’Ontario d’environ 40 % au cours des deux prochaines décennies, répondant ainsi aux demandes énergétiques projetées liées à la croissance démographique et à l’expansion industrielle.
Les critiques, dont la porte-parole de l’opposition en matière d’énergie Sara Patel, remettent en question la viabilité économique de tels investissements massifs. “Le gouvernement engage des fonds publics sans précédent dans le nucléaire alors que les alternatives renouvelables continuent de diminuer en coût,” a déclaré Patel en réponse à l’annonce. “Les Ontariens méritent une analyse coûts-avantages transparente comparant toutes les options disponibles.”
Les initiés de l’industrie du secteur technologique ont réagi avec enthousiasme au concept de centre de serveurs. “Cela pourrait positionner le Canada comme un leader dans le traitement durable des données,” a noté Vincent Chang, PDG de TechNorth Solutions. “Avec des demandes de données qui croissent exponentiellement, disposer d’une capacité de traitement carboneutre devient de plus en plus précieux sur le marché mondial.”
La construction devrait débuter début 2026, avec une mise en service de la première phase prévue pour 2029. L’achèvement complet de l’installation est projeté pour 2032, bien que les analystes énergétiques préviennent que les projets nucléaires font historiquement face à d’importants défis de calendrier.
Alors que les marchés mondiaux de l’énergie continuent d’évoluer et que les demandes d’infrastructure numérique s’accélèrent, l’expérience du centre de serveurs RMP de l’Ontario sera étroitement surveillée par des juridictions du monde entier. La question demeure : cette fusion audacieuse entre l’énergie nucléaire et l’infrastructure numérique se révélera-t-elle être une étape visionnaire vers un avenir durable, ou les défis techniques et financiers d’une telle intégration sans précédent s’avéreront-ils trop redoutables, même pour ce plan ambitieux?