Dans un changement important qui pourrait transformer la gouvernance éducative à travers la province, le gouvernement de l’Ontario se prépare à élargir ses capacités de supervision des conseils scolaires locaux—une démarche qui semble directement influencée par les récentes prises de contrôle de conseils scolaires très médiatisées.
Les responsables provinciaux de l’éducation ont confirmé hier que le ministère de l’Éducation élabore des cadres de supervision améliorés qui accorderaient à Queen’s Park une autorité plus large pour intervenir dans les opérations des conseils scolaires avant que les situations n’atteignent des niveaux critiques. Cette approche proactive survient après que la province a été contrainte de nommer des superviseurs pour prendre le contrôle du conseil scolaire du district Thames Valley et du conseil scolaire du district Kawartha Pine Ridge au cours de l’année écoulée.
“Ce que nous avons constaté avec les récentes prises de contrôle des conseils a mis en évidence des faiblesses structurelles dans notre modèle de supervision actuel,” a déclaré le ministre de l’Éducation Stephen Lecce dans une entrevue exclusive. “Plutôt que d’attendre que les conseils soient en désarroi complet, nous créons des mécanismes pour répondre aux préoccupations de gouvernance à des stades plus précoces.”
L’intervention à Thames Valley, qui a touché plus de 80 000 élèves à London et dans les communautés environnantes, a suivi des mois de dysfonctionnement où les conseillers scolaires se sont engagés dans des disputes publiques et n’ont pas réussi à résoudre de graves problèmes opérationnels. À Kawartha Pine Ridge, des défaillances similaires de gouvernance ont provoqué l’action provinciale.
Les analystes politiques du bureau de CO24 Politique ont appris que l’expansion de la supervision proposée établirait un système d’avertissement à trois niveaux avant la mise en œuvre d’un contrôle supervisé complet. Cette approche graduée comprendrait une formation obligatoire en gouvernance, la nomination de conseillers spéciaux et la mise en œuvre de plans d’amélioration opérationnelle—tout cela avant l’étape finale de la prise de contrôle provinciale complète.
Les associations de conseils scolaires ont exprimé des réactions mitigées. La présidente de l’Association des conseils scolaires publics de l’Ontario, Cathy Abraham, a reconnu la nécessité de la responsabilisation, mais a mis en garde contre la remise en question du contrôle démocratique local.
“Nous reconnaissons qu’il existe des cas où une intervention peut être nécessaire,” a noté Abraham, “mais tout nouveau cadre doit respecter le fait que les conseillers scolaires sont des représentants démocratiquement élus responsables devant leurs communautés.”
Ce changement de politique semble également influencé par des modèles de supervision similaires en Colombie-Britannique et en Alberta, où les ministères provinciaux de l’éducation ont développé des protocoles d’intervention plus nuancés qui préservent la gouvernance locale tout en répondant aux problèmes de performance.
Les implications financières demeurent une préoccupation centrale pour de nombreux intervenants en éducation. La Fédération des enseignantes et des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario a remis en question si une supervision élargie pourrait devenir un prétexte pour le contrôle provincial des budgets des conseils pendant les périodes de contrainte fiscale.
“Le moment soulève des questions légitimes quant à savoir s’il s’agit vraiment d’améliorer la gouvernance ou de contrôler les dépenses,” a déclaré Karen Littlewood, présidente de la FEESO. “L’excellence éducative nécessite à la fois une bonne gouvernance et un financement adéquat.”
Le ministère prévoit de publier des projets de règlements pour consultation publique d’ici le début du printemps, avec une mise en œuvre ciblée pour l’année scolaire 2024-25. Les responsables ont souligné que le cadre est conçu avec la contribution de conseillers scolaires expérimentés, d’experts en éducation et de spécialistes en gouvernance.
Alors que l’Ontario navigue dans cet équilibre délicat entre le contrôle local et la supervision provinciale, la question fondamentale demeure: une approche plus interventionniste peut-elle améliorer les résultats éducatifs tout en respectant le principe de gouvernance démocratique locale dans nos écoles?