Des experts appellent à une refonte de la politique d’innovation au Canada

Olivia Carter
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Dans une évaluation cinglante qui a résonné dans les couloirs politiques d’Ottawa, d’éminents experts en innovation exigent une refonte complète de l’approche canadienne pour bâtir une économie fondée sur le savoir. Le système actuel, selon eux, n’a pas réussi à transformer les milliards de dépenses gouvernementales en croissance économique significative, laissant le Canada de plus en plus vulnérable dans un paysage mondial en rapide évolution.

“Nous constatons une déconnexion fondamentale entre l’intention politique et la réalité économique,” affirme Jim Balsillie, ancien co-PDG de BlackBerry et fondateur du Centre pour les droits numériques. “Malgré des décennies de programmes bien intentionnés, le Canada continue de reculer dans les indicateurs de productivité et d’innovation tandis que d’autres nations progressent rapidement.”

Cette critique survient alors que le Canada fait face à des défis économiques croissants. Des données récentes de Statistique Canada révèlent que la croissance de la productivité est restée stagnante pendant près de deux décennies, avec des investissements des entreprises en recherche et développement tombant à seulement 0,8 pour cent du PIB—bien en dessous de la moyenne de l’OCDE de 1,7 pour cent.

Le professeur Dan Breznitz de l’Université de Toronto, co-auteur de l’influent “Innovation in Real Places,” souligne des problèmes structurels au cœur du problème. “Nos politiques actuelles récompensent la génération d’idées mais échouent lamentablement à la commercialisation et à la création de richesse à l’intérieur de nos frontières,” a déclaré Breznitz à CO24. “Nous avons créé un système où les contribuables canadiens subventionnent des recherches qui finissent par générer des profits et des emplois ailleurs.”

Les experts identifient plusieurs failles critiques dans l’écosystème d’innovation du Canada. D’abord, l’accent excessif mis sur la recherche universitaire sans soutien correspondant à la commercialisation. Ensuite, la fragmentation des programmes entre plusieurs ministères et agences, créant des labyrinthes bureaucratiques que les startups peinent à naviguer. Enfin, une structure d’incitations fiscales qui récompense la recherche en phase initiale mais offre peu de soutien durant la difficile “vallée de la mort” où les technologies prometteuses doivent se transformer en produits commercialisables.

“Nous n’avons pas besoin de plus d’accélérateurs, d’incubateurs ou de subventions de recherche,” note l’analyste en politique technologique Viet Vu de l’Institut Brookfield. “Ce dont le Canada a désespérément besoin, c’est d’une stratégie nationale cohérente qui aligne la protection de la propriété intellectuelle, les politiques d’approvisionnement, le développement des talents et les marchés de capitaux vers la construction d’entreprises canadiennes qui peuvent s’étendre mondialement tout en gardant leur siège social ici.”

Le gouvernement fédéral a répondu par des promesses de réviser les programmes existants. Le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, a reconnu ces préoccupations dans une récente déclaration, notant que “nous devons nous assurer que chaque dollar investi dans l’innovation apporte un bénéfice maximal aux travailleurs et aux entreprises canadiennes.”

Les groupes industriels restent toutefois sceptiques quant aux changements progressifs. Le Conseil des innovateurs canadiens, représentant des entreprises technologiques en expansion, a appelé à une refonte complète plutôt qu’à des ajustements fragmentaires. “Le monde n’attend pas que le Canada se ressaisisse,” a déclaré le président du Conseil, Benjamin Bergen, dans un récent mémoire politique. “Pendant que nous bricolons avec les critères d’admissibilité aux programmes, d’autres nations mettent en œuvre des stratégies globales pour capturer des parts de marché mondiales.”

Les comparaisons internationales dressent un tableau particulièrement troublant. Des pays comme Israël, Singapour et la Finlande—avec des populations plus petites que celle du Canada—ont réussi à bâtir des écosystèmes d’innovation qui surpassent constamment les mesures de brevets, de croissance d’entreprise et de pénétration des marchés d’exportation. Leurs approches partagent des éléments communs: investissement ciblé dans des secteurs spécifiques, cadres solides de propriété intellectuelle et systèmes éducatifs alignés qui produisent des talents adaptés aux priorités économiques.

“Le Canada possède tous les ingrédients pour réussir,” insiste Balsillie. “Des universités de classe mondiale, des systèmes financiers stables et une qualité de vie enviable pour attirer les talents. Ce qui nous manque, c’est la cohérence stratégique et le courage de réimaginer comment la politique d’innovation se traduit en prospérité économique.”

Alors que la concurrence mondiale s’intensifie et que la disruption technologique s’accélère, les enjeux pour le Canada continuent d’augmenter. La question qui se pose maintenant aux décideurs politiques n’est pas de savoir si une réforme est nécessaire, mais s’ils peuvent agir assez rapidement et audacieusement pour inverser des décennies de sous-performance avant que le Canada ne perde définitivement du terrain dans la course mondiale à l’innovation.

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