Dans une mesure sans précédent reflétant la gravité des conditions environnementales actuelles, les autorités du Nouveau-Brunswick ont ordonné la fermeture de toutes les terres et sentiers de la Couronne à travers la province alors que les risques d’incendie de forêt atteignent des niveaux critiques. Cette restriction générale, entrée en vigueur jeudi à 15h (heure locale), représente l’une des fermetures de terres publiques les plus étendues de l’histoire récente de la province.
“Les conditions auxquelles nous faisons face ne sont pas seulement préoccupantes—elles sont carrément dangereuses,” a déclaré Mike Holland, ministre des Ressources naturelles et du Développement énergétique, lors d’un point de presse d’urgence jeudi. “Quand l’humidité descend sous les 30 pour cent et que les vents s’intensifient, nos forêts deviennent essentiellement une véritable poudrière.”
La fermeture touche environ 3,3 millions d’hectares de terres de la Couronne—soit près de 48 pour cent de la superficie totale de la province—y compris des destinations de randonnée populaires, des zones de camping et des sentiers récréatifs. Les responsables provinciaux ont souligné que la restriction s’applique à toutes les activités sur les terres de la Couronne, y compris la randonnée, le camping, la pêche et l’utilisation de VTT.
Les experts en prévention des incendies du ministère des Ressources naturelles signalent que les niveaux d’humidité du sol forestier ont atteint des mesures critiquement basses jamais observées depuis plus d’une décennie. L’indice de danger d’incendie de la province est actuellement à “extrême” pour près de 80 pour cent du territoire du Nouveau-Brunswick.
“Ce qui rend cette situation particulièrement alarmante, c’est à la fois la rapidité avec laquelle les conditions se sont détériorées et l’étendue géographique du risque,” a expliqué Dr. Amanda Richardson, spécialiste en écologie forestière à l’Université du Nouveau-Brunswick. “Nous ne parlons pas de points chauds isolés—toute la province est essentiellement prête à s’enflammer.”
Cette annonce survient alors que les ressources de lutte contre les incendies sont déjà étirées dans tout le Canada atlantique, avec plusieurs feux de forêt actifs nécessitant de l’attention dans la Nouvelle-Écosse voisine. Les autorités provinciales ont confirmé que cinq petits incendies de forêt ont été éteints au Nouveau-Brunswick au cours des dernières 72 heures.
Pour les communautés rurales qui dépendent de l’accès aux terres de la Couronne pour leurs activités traditionnelles, la fermeture représente à la fois une mesure de sécurité et un défi économique. Le secteur du tourisme fait face à une incertitude particulière alors que la restriction arrive juste au début de la saison des vacances d’été.
“Nous soutenons absolument la priorité donnée à la sécurité, mais on ne peut nier que cela crée des complications pour les entreprises qui gèrent déjà la reprise post-pandémique,” a noté Sarah McIntyre, directrice exécutive de l’Association de l’industrie touristique du Nouveau-Brunswick. “Les pourvoiries, les guides et les hébergeurs près des terres de la Couronne devront s’adapter rapidement.”
Des agents provinciaux ont été déployés aux points d’accès clés à travers le Nouveau-Brunswick pour assurer le respect de la fermeture. Les contrevenants s’exposent à des amendes potentielles commençant à 1 000 $ pour les personnes trouvées sur les terres de la Couronne pendant la période de restriction.
Les prévisions météorologiques n’offrent que peu de soulagement immédiat, les météorologues prévoyant des conditions sèches continues à travers la province pour au moins la semaine prochaine. Les responsables de la gestion des urgences provinciales indiquent que la fermeture restera en vigueur jusqu’à ce que des précipitations significatives améliorent les conditions.
“La décision de fermer une portion aussi importante des terres publiques n’est pas prise à la légère,” a ajouté Holland. “Mais quand on considère les conséquences potentielles d’un incendie majeur—la menace pour les maisons, l’habitat de la faune et la sécurité humaine—il n’y avait vraiment pas d’autre choix responsable qui s’offrait à nous.”
Alors que le Nouveau-Brunswick met en œuvre ces mesures de protection, des questions émergent quant aux implications à long terme des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents dans tout le Canada atlantique. Avec les scientifiques du climat qui prévoient des systèmes météorologiques plus volatils dans les années à venir, ce type de fermeture préventive à grande échelle deviendra-t-il une caractéristique régulière des étés maritimes?