Dans un revirement significatif qui a apporté une vague de soulagement dans le système éducatif du Nouveau-Brunswick, le gouvernement provincial a annoncé hier une injection de 14,6 millions de dollars pour les districts scolaires, revenant effectivement sur les restrictions budgétaires antérieures qui menaçaient des centaines de postes d’enseignants à travers la province.
L’annonce, faite par le ministre de l’Éducation Bill Hogan aux côtés du premier ministre Blaine Higgs, survient après plusieurs semaines de pression croissante de la part des parents, des éducateurs et des partis d’opposition préoccupés par l’impact potentiel des réductions de personnel sur la qualité des classes et les services de soutien aux élèves.
“Nous avons entendu les préoccupations des Néo-Brunswickois haut et fort,” a déclaré Hogan lors de la conférence de presse à l’école intermédiaire Bliss Carman de Fredericton. “Ce financement supplémentaire représente notre engagement à maintenir les normes éducatives tout en poursuivant la responsabilité fiscale nécessaire.”
La crise de financement a commencé plus tôt cette année lorsque les districts ont reçu l’instruction de préparer des budgets avec d’importantes contraintes, menant à des avertissements selon lesquels jusqu’à 350 postes d’enseignants pourraient être éliminés à l’échelle provinciale. Le district scolaire anglophone Est à lui seul avait prévu la perte de 61 postes, tandis que l’anglophone Sud anticipait la suppression d’environ 80 emplois d’enseignants.
David Costello, un éducateur chevronné et analyste politique auprès de l’Association des enseignants du Nouveau-Brunswick, a déclaré à CO24 News que ce revirement représente “une victoire pour la prise de décision fondée sur des preuves en éducation.”
“Quand on calcule l’impact réel du retrait de centaines d’enseignants de notre système, on parle d’augmentation de la taille des classes, de réduction des programmes spécialisés et, en fin de compte, de résultats d’apprentissage compromis,” a expliqué Costello. “Le gouvernement a finalement reconnu cette réalité.”
L’allocation de fonds sera distribuée proportionnellement entre les sept districts scolaires en fonction de la population étudiante et des évaluations de besoins spécifiques. Selon les chiffres du gouvernement, environ 10,2 millions de dollars seront consacrés à la préservation des postes d’enseignants, tandis que les 4,4 millions de dollars restants soutiendront les assistants en éducation et les programmes d’apprentissage spécialisés.
Malgré cette évolution positive, les critiques de l’opposition maintiennent que la situation représente un modèle troublant dans l’approche du gouvernement Higgs envers l’éducation. Le critique libéral en matière d’éducation, Benoit Bourque, a qualifié l’épisode de “gestion de crise fabriquée.”
“D’abord ils créent la panique en menaçant de coupes dévastatrices, puis ils arrivent avec une restauration partielle des fonds et s’attendent à des applaudissements,” a déclaré Bourque aux journalistes. “Pendant ce temps, notre système d’éducation reste chroniquement sous-financé par rapport aux autres provinces.”
L’analyse financière révèle que même avec cette nouvelle injection, le financement par élève au Nouveau-Brunswick reste environ 7% en dessous de la moyenne nationale. Les données de Statistique Canada montrent que la province a dépensé 14 815 $ par élève en 2022-2023, comparativement à la moyenne canadienne de 15 912 $.
Les groupes de défense des parents qui se sont mobilisés contre les coupes ont exprimé un optimisme prudent. Jennifer McKenzie, porte-parole de la coalition des Parents du Nouveau-Brunswick pour l’éducation publique, a salué l’annonce tout en soulignant la nécessité d’une vigilance continue.
“C’est ce qui se produit lorsque les communautés s’unissent pour l’avenir de nos enfants,” a déclaré McKenzie. “Mais nous avons besoin de formules de financement durables et prévisibles qui ne soumettent pas notre système éducatif à ces théâtralités politiques annuelles.”
Les districts scolaires vont maintenant réviser leurs budgets pour l’année académique 2024-25, un processus qui, selon les administrateurs, nécessitera une délibération minutieuse pour maximiser l’impact des fonds restaurés.
Alors que le Nouveau-Brunswick navigue à travers ces défis de financement éducatif, des questions plus larges se profilent concernant les priorités fiscales de la province et ses politiques de taxation. Avec l’un des taux d’imposition des sociétés les plus bas du Canada atlantique, certains économistes suggèrent que la génération de revenus — plutôt que les réductions de dépenses — pourrait offrir une voie plus durable vers des budgets équilibrés sans compromettre les services essentiels.
La question qui se pose maintenant aux Néo-Brunswickois : ce répit financier représentera-t-il un tournant dans l’approche de la province en matière d’investissement dans l’éducation, ou simplement une réponse politique temporaire à la pression publique dans un cycle électoral?