Dans une escalade dévastatrice qui souligne la double crise de violence et de famine à Gaza, des frappes aériennes israéliennes ont tué 14 Palestiniens dans le nord de Gaza mardi, tandis que 10 autres sont morts dans des scènes chaotiques alors que des résidents désespérés se bousculaient pour obtenir de l’aide alimentaire. Ces incidents marquent l’une des journées les plus meurtrières de ces dernières semaines, alors que la situation humanitaire dans l’enclave atteint des proportions catastrophiques.
“Ce que nous avons vu aujourd’hui n’était pas seulement une frappe militaire, mais l’effondrement de toute apparence de protection humanitaire,” a déclaré Dr. Mahmoud Shalabi, coordinateur de santé pour l’organisation Aide Médicale pour les Palestiniens, s’exprimant depuis Gaza. “Des gens sont tués alors qu’ils cherchent le besoin le plus fondamental—la nourriture.“
L’armée israélienne a déclaré que les frappes aériennes visaient des combattants du Hamas opérant dans le camp de réfugiés de Jabaliya, affirmant que des renseignements avaient confirmé la présence de militants dans la zone. Cependant, les responsables de la santé à Gaza ont rapporté que les victimes comprenaient trois femmes et quatre enfants, soulevant davantage de questions sur la précision de ces opérations.
Le point de distribution alimentaire où 10 Palestiniens ont trouvé la mort est devenu une scène de désespoir lorsque des milliers de personnes se sont rassemblées après avoir entendu des rumeurs sur l’arrivée de farine et de conserves. Selon des témoins oculaires, la foule s’est précipitée quand les camions sont apparus, provoquant une bousculade qui s’est aggravée lorsque des coups de feu ont été tirés—bien que des récits contradictoires existent quant à la source des tirs.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a averti à plusieurs reprises que Gaza se trouve au bord de la famine. Plus de 85% des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont maintenant déplacés à l’intérieur du territoire, avec un accès limité à l’eau potable, aux soins médicaux et à un approvisionnement alimentaire régulier. Les agences d’aide internationale rapportent que le Gazaoui moyen survit avec moins de 1 000 calories par jour—moins de la moitié de l’apport recommandé.
“Nous assistons à la destruction systématique de l’infrastructure de sécurité alimentaire de Gaza,” a déclaré Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les Territoires palestiniens, dans une déclaration hier. “Les terres agricoles ont été rasées au bulldozer, la pêche restreinte, les boulangeries détruites, et les livraisons d’aide réduites à un filet.”
La crise a provoqué de nouveaux efforts diplomatiques, avec des responsables canadiens qui se joignent aux appels internationaux pour des couloirs humanitaires protégés. La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré hier que le Canada soutient “un accès immédiat et sans entrave à l’aide humanitaire” tout en continuant à plaider pour la protection des civils.
Les analystes économiques qui suivent la crise estiment que les dommages à la capacité de production alimentaire de Gaza prendront des années à restaurer. Avant le 7 octobre, l’agriculture locale fournissait environ 40% des besoins alimentaires de Gaza. Aujourd’hui, ce chiffre s’est effondré à moins de 5%, selon des évaluations économiques.
À la tombée de la nuit sur Gaza, on pouvait entendre les sons de bombardements renouvelés dans plusieurs zones. Les hôpitaux, fonctionnant déjà au-delà de leur capacité avec de graves pénuries de fournitures médicales, se préparaient à recevoir plus de victimes. À l’hôpital Al-Awda dans le nord de Gaza, le personnel médical a rapporté effectuer des chirurgies sans anesthésie et utiliser les lampes de téléphones portables pendant les coupures d’électricité.
La crise humanitaire qui s’intensifie soulève des questions fondamentales sur la protection des infrastructures civiles pendant les conflits prolongés : lorsqu’une population ne peut ni fuir ni accéder aux nécessités de base, quelle responsabilité la communauté internationale porte-t-elle pour assurer leur survie au-delà des expressions d’inquiétude?