Une traque qui a duré des décennies s’est conclue de façon inattendue dans les rues de Toronto cette semaine lorsque les autorités ont appréhendé un fugitif de la Floride qui avait échappé à la justice pendant plus d’un quart de siècle. Gregory Thomas Matlok, 56 ans, fait maintenant face à une extradition après avoir été arrêté en lien avec un accident mortel survenu en 1998 qui a coûté la vie à deux personnes dans le comté de Miami-Dade.
Cette arrestation spectaculaire marque la fin d’une des plus longues affaires de fugitif en Floride. Matlok, qui aurait fui les États-Unis peu après la collision mortelle, s’était construit une nouvelle vie au Canada, vivant sous le radar pendant 26 ans alors que les autorités poursuivaient inlassablement leurs recherches.
Selon les enquêteurs du service de police de Miami-Dade, Matlok conduisait en état d’ébriété lorsqu’il a causé la collision qui a tué deux personnes le 6 décembre 1998. Les documents judiciaires révèlent qu’il faisait face à plusieurs accusations, notamment d’homicide involontaire avec facultés affaiblies et d’homicide par véhicule, mais il a disparu avant son procès.
“Cette arrestation démontre que le passage du temps ne diminue pas notre engagement envers la justice,” a déclaré la détective Maria Rodriguez de l’Unité des affaires non résolues de Miami-Dade. “Les familles des victimes ont attendu beaucoup trop longtemps pour obtenir une résolution, et bien que rien ne puisse ramener leurs proches, nous espérons que cette arrestation apporte une certaine paix.”
La percée est survenue après des efforts d’enquête renouvelés entre les autorités de la Floride et le Service de police de Toronto. Des spécialistes en criminalistique numérique auraient retracé Matlok grâce à des transactions financières qui ont finalement mené à sa résidence torontoise, où il vivait sous une identité d’emprunt.
Les autorités canadiennes ont confirmé que Matlok a comparu devant la Cour de justice de l’Ontario mardi pour une audience d’extradition. Il reste en détention en attendant d’autres procédures qui détermineront quand il sera renvoyé en Floride pour faire face aux accusations qui le poursuivent depuis plus de deux décennies.
Les familles des victimes, qui ont demandé le respect de leur vie privée pendant cette période, ont été informées immédiatement après l’arrestation. Un représentant d’une famille a déclaré qu’ils “n’avaient jamais perdu espoir que justice serait finalement rendue.”
Les experts juridiques notent que les cas impliquant des fugitifs qui ont échappé à la capture pendant des décennies présentent des défis uniques pour les procureurs.
“Quand une affaire est aussi ancienne, des témoins peuvent être décédés, les souvenirs s’estompent et les preuves peuvent se détériorer,” a expliqué l’avocate de la défense Jennifer Walters, qui n’est pas impliquée dans l’affaire. “Cependant, la gravité des crimes allégués signifie que les procureurs poursuivront probablement cette affaire vigoureusement malgré le temps écoulé.”
Le Service de police de Toronto a refusé de fournir des détails spécifiques sur les activités de Matlok pendant ses années au Canada, citant le processus d’extradition en cours. Toutefois, des sources proches de l’enquête suggèrent qu’il s’était créé une toute nouvelle identité et travaillait dans la construction sous un nom d’emprunt.
Cette affaire soulève d’importantes questions sur la coopération internationale dans la poursuite des fugitifs et la persistance de la justice au-delà des frontières. Alors que les frontières deviennent de plus en plus poreuses à l’ère numérique, ceux qui fuient leurs crimes peuvent-ils vraiment échapper à la justice, ou n’est-ce qu’une question de temps avant que celle-ci les rattrape?