Alors que d’immenses panaches de fumée recouvrent à nouveau les grandes villes canadiennes cet été, les chercheurs ont découvert une nouvelle menace inquiétante qui se cache dans cette brume : des niveaux sans précédent de métaux toxiques. Les premières conclusions de plusieurs stations de recherche environnementale en Colombie-Britannique et en Ontario suggèrent que la fumée des feux de forêt de cette année contient des concentrations significativement plus élevées d’arsenic, de plomb et de mercure que celles documentées lors des saisons d’incendie précédentes.
“Ce que nous observons pendant la saison des feux de 2025 est profondément préoccupant,” explique la Dre Sarah Thornton, toxicologue environnementale à l’Université de la Colombie-Britannique. “La combinaison de conditions de sécheresse de plus en plus graves et d’incendies brûlant dans des régions forestières boréales auparavant intactes libère des métaux lourds qui se sont accumulés dans le sol et la végétation depuis des décennies.”
Les métaux détectés dans les échantillons de fumée recueillis à Toronto et Vancouver au cours du mois dernier dépassent les directives de Santé Canada sur la qualité de l’air par des facteurs de trois à sept, selon le composé spécifique. Ces résultats s’inscrivent dans une tendance inquiétante observée dans toute l’Amérique du Nord alors que les changements climatiques intensifient le comportement des feux de forêt.
Les autorités sanitaires provinciales ont réagi en mettant à jour leurs avis publics, recommandant désormais aux populations vulnérables – notamment les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles souffrant de problèmes respiratoires – de rester à l’intérieur même lors d’alertes de qualité de l’air modérées. La toxicité accrue de la fumée cette année a incité les responsables à recalibrer les évaluations de risques qui se concentraient auparavant principalement sur les matières particulaires.
“Les implications sanitaires vont bien au-delà de l’inconfort respiratoire immédiat,” avertit le Dr Michael Chang, pneumologue à l’Hôpital général de Toronto. “Ces métaux peuvent s’accumuler dans les tissus corporels et potentiellement causer des problèmes neurologiques et développementaux à long terme, particulièrement chez les enfants.”
Les données d’Environnement Canada indiquent que la fumée des feux de forêt a déjà affecté la qualité de l’air dans les grands centres de population pendant 28 jours depuis mai – presque le double de la période d’exposition enregistrée à la même époque l’année dernière. Les impacts économiques s’accumulent également, avec des estimations préliminaires de la Chambre de commerce du Canada suggérant des pertes de productivité dépassant 2,3 milliards de dollars à l’échelle nationale.
Le gouvernement fédéral a promis 75 millions de dollars supplémentaires pour l’équipement de surveillance de la qualité de l’air et les initiatives de santé publique, bien que les critiques soutiennent que cela est bien loin de répondre aux causes profondes de l’intensification des saisons des feux. Les communautés autochtones des régions nordiques sont touchées de manière disproportionnée, avec des ordres d’évacuation affectant plus de 15 000 résidents dans quatre provinces.
Les chercheurs d’Environnement et Changement climatique Canada ont lancé un programme de surveillance élargi pour suivre les concentrations de métaux tout au long de la saison des incendies, avec des résultats qui devraient éclairer les futures politiques de santé publique et les protocoles d’intervention d’urgence.
Alors que les Canadiens se préparent à ce que les météorologues prévoient être des mois d’épisodes de fumée intermittents, la question se pose avec une nouvelle urgence : comment nos systèmes de santé vont-ils s’adapter pour faire face aux conséquences à long terme de ces expositions de plus en plus toxiques dans un monde qui se réchauffe?