Une communauté est sous le choc après la fusillade policière mortelle de Nooran Rezayi, 16 ans, à Québec ce jeudi dernier—un incident qui a déclenché un intense débat sur la responsabilité policière et le besoin urgent de déployer largement des caméras corporelles au sein des forces de l’ordre canadiennes.
La fusillade s’est produite lorsque la police de Québec a répondu à des signalements concernant une personne prétendument armée d’un couteau près de l’École secondaire Roger-Comtois, à environ deux kilomètres de l’endroit où les agents ont finalement confronté l’adolescent. Selon les rapports préliminaires du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), l’organisme de surveillance policière du Québec, les agents ont fait usage de leurs armes après ce qu’ils ont décrit comme une situation “menaçante”, bien que les détails essentiels sur la nature exacte de la confrontation demeurent flous.
Ce qui rend cette affaire particulièrement litigieuse, c’est que les policiers de Québec ne sont actuellement pas équipés de caméras corporelles, laissant un vide critique dans les preuves objectives de la rencontre. “Cette tragédie met au premier plan le besoin pressant de protocoles standardisés pour les caméras corporelles dans tous les services de police au Canada,” a déclaré Martine Dubois, défenseure des libertés civiles, qui s’est montrée vocale dans les appels croissants à une réforme policière à travers le Québec.
La famille de la victime a contesté la version officielle. Par l’entremise de leur avocat, ils ont exprimé un profond scepticisme quant à la séquence des événements telle que décrite par les autorités. “Nooran était une âme douce qui n’avait jamais manifesté de tendances violentes,” a confié Ahmad Hossaini, représentant de la famille, à CO24 News. “Nous exigeons de la transparence et une enquête approfondie et indépendante pour comprendre pourquoi une force mortelle a été utilisée contre un adolescent.”
Le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, a reconnu la gravité de la situation, annonçant que son ministère accélérerait son examen de la mise en œuvre des caméras corporelles, qui progressait auparavant à un rythme mesuré. “Nous ne pouvons ignorer qu’il existe une technologie qui pourrait apporter de la clarté dans ces situations tragiques,” a déclaré Bonnardel lors d’une conférence de presse d’urgence.
L’incident a suscité des comparaisons avec des confrontations similaires dans d’autres juridictions où les images des caméras corporelles ont soit disculpé des agents, soit fourni des preuves cruciales d’inconduite. Le service de police de Montréal n’a commencé son déploiement à grande échelle de caméras corporelles qu’au début de cette année, tandis que Toronto et Vancouver ont fait des progrès significatifs dans leurs programmes de mise en œuvre.
“Ce que nous observons, c’est une approche fragmentée des mesures de responsabilité policière à travers le Canada,” a expliqué Dr. Richard Thompson, professeur de criminologie à l’Université Laval. “Certaines juridictions ont adopté les caméras corporelles tandis que d’autres invoquent des préoccupations liées aux coûts, à la vie privée ou à des limitations techniques. Le résultat est une mosaïque incohérente de responsabilisation.”
Des militants communautaires ont organisé des veillées pour Rezayi, avec des centaines de personnes rassemblées devant l’hôtel de ville de Québec vendredi soir. Les orateurs ont appelé à des changements immédiats de politique, notamment une formation obligatoire à la désescalade axée spécifiquement sur les interactions avec les jeunes et les personnes en crise de santé mentale, bien que les autorités n’aient pas confirmé si la santé mentale était un facteur dans cette affaire.
Le BEI a assigné huit enquêteurs à l’affaire et a demandé à tout témoin de se manifester avec des informations. Des analystes médico-légaux indépendants ont également été engagés pour examiner la scène et les armes impliquées. Leurs conclusions préliminaires sont attendues dans les dix jours, bien qu’une enquête complète puisse prendre des mois.
Alors que les communautés à travers le Canada suivent le déroulement de cette affaire, la question fondamentale demeure: à une époque de technologie avancée et de demandes croissantes de transparence, pouvons-nous nous permettre d’avoir des forces de police opérant sans caméras corporelles lorsque des vies—particulièrement celles de nos jeunes—sont en jeu?