Lundi soir, dans le calme, le cinéma et la télévision canadiens ont perdu l’une de leurs voix les plus distinguées. Graham Greene, l’acteur nommé aux Oscars dont les performances puissantes ont apporté profondeur et dignité aux personnages autochtones pendant quatre décennies, est décédé à l’âge de 73 ans.
Hilary, l’épouse de Greene, a confirmé que le célèbre acteur s’est éteint paisiblement dans sa résidence près de Toronto après une courte maladie, entouré de sa famille et de ses proches amis.
“Graham avait cette remarquable capacité à communiquer énormément avec un simple regard,” a déclaré son ami de longue date et réalisateur Chris Eyre, qui a collaboré avec Greene sur plusieurs projets. “Il n’était pas simplement un acteur autochtone; il était un artiste qui a transformé la façon dont les personnages autochtones étaient représentés dans les médias grand public.”
Né dans la réserve des Six Nations à Ohsweken, en Ontario, le chemin vers la célébrité de Greene n’a pas été immédiat. Avant de connaître le succès en tant qu’acteur, il a travaillé comme métallurgiste, technicien d’usine et ingénieur du son. Sa percée professionnelle est arrivée relativement tard, à 38 ans, lorsqu’il a été choisi pour le film épique “Danse avec les loups” en 1990 aux côtés de Kevin Costner.
Son interprétation du sage et stoïque Oiseau Bondissant lui a valu une nomination aux Oscars comme Meilleur acteur dans un second rôle, faisant de lui l’un des rares interprètes autochtones jamais reconnus par l’Académie. Cette performance a mis en évidence la capacité extraordinaire de Greene à transmettre des émotions profondes avec une expression subtile et mesurée—une marque de fabrique qui définirait son travail tout au long de sa carrière.
“Ce que Graham a fait pour la représentation autochtone ne peut être surestimé,” a souligné la cinéaste canadienne Alanis Obomsawin. “Avant lui, ces rôles étaient souvent joués par des acteurs non-autochtones ou écrits comme des stéréotypes. Graham a apporté authenticité, complexité et une immense humanité à chaque personnage.”
La filmographie de Greene se lit comme une chronologie de l’évolution des attitudes envers la représentation autochtone dans le cinéma nord-américain. De “Thunderheart” et “La Ligne verte” aux rôles télévisés dans “Bienvenue en Alaska,” “Defiance,” et “Longmire,” Greene a constamment livré des performances qui défiaient les spectateurs et élargissaient la gamme des personnages autochtones à l’écran.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a salué Greene comme “un pionnier qui a brisé les barrières pour les acteurs autochtones tout en représentant le Canada avec une dignité inégalée sur la scène mondiale.”
Ces dernières années, Greene avait assumé des rôles mémorables dans la série acclamée “Reservation Dogs” et avait terminé le tournage de deux longs métrages à venir prévus pour sortir plus tard cette année.
Au-delà de ses réalisations artistiques, Greene était connu pour son travail de défense des programmes artistiques pour les jeunes autochtones à travers le Canada. Il a créé la Fondation Greene en 2010, qui a fourni des bourses à plus de 300 jeunes artistes autochtones aspirant à des carrières dans le cinéma, la télévision et le théâtre.
Le décès de Greene survient à un moment où la narration autochtone gagne enfin une reconnaissance plus large dans le divertissement grand public, un changement qu’il a contribué à initier à travers des décennies de travail novateur.
Alors que les hommages affluent de toute l’industrie du divertissement et au-delà, le consensus est clair : Graham Greene n’a pas seulement joué des personnages mémorables—il a fondamentalement changé la façon dont les histoires autochtones sont racontées et qui a le droit de les raconter.
Dans une entrevue de 2020 avec le Centre du film canadien, Greene réfléchissait à son héritage : “Je n’ai jamais cherché à être un pionnier. Je voulais simplement être bon dans ce que je faisais. Si cela a ouvert des portes pour d’autres qui me ressemblent, alors c’est la plus grande réussite que je pouvais espérer.”
Alors que le Canada et la communauté cinématographique mondiale pleurent sa disparition, une question demeure : Comment le paysage de la représentation autochtone au cinéma aurait-il pu se développer sans la présence pionnière de Graham Greene, et quelle responsabilité avons-nous maintenant de poursuivre le chemin qu’il a contribué à tracer?