Le vrombissement des moteurs de Formule 1 revient au Circuit Gilles Villeneuve ce week-end alors que Montréal accueille son événement sportif phare sous une surveillance sans précédent. Après que le week-end du Grand Prix de l’année dernière ait sombré dans la controverse avec des allégations de prix excessifs, d’hospitalité médiocre et de faux pas organisationnels, les responsables municipaux et les organisateurs ont lancé une ambitieuse campagne de réhabilitation pour restaurer la réputation ternie de l’événement.
“Cette année représente plus qu’une simple course—c’est notre occasion de démontrer que Montréal peut offrir une expérience de classe mondiale digne de la Formule 1,” a déclaré Marie Bellerose, PDG de Tourisme Montréal, lors d’une entrevue exclusive. “Nous avons complètement revu notre approche, en mettant l’accent sur la valeur, la transparence et l’expérience montréalaise authentique qui a fait la renommée de cet événement.”
Le week-end du Grand Prix 2024 a généré environ 65 millions de dollars d’activité économique, mais a laissé un goût amer lorsque des visiteurs ont signalé des factures de restaurant dépassant 500 $ pour des repas ordinaires et des chambres d’hôtel ayant triplé de prix avec un préavis minimal. La controverse a poussé la direction de la Formule 1 à émettre un rare blâme public, le PDG Stefano Domenicali avertissant que ce sport “attend mieux de ses villes partenaires.”
La stratégie de réhabilitation de Montréal comprend un nouveau comité de surveillance des prix avec des représentants de l’industrie hôtelière, des agences de protection des consommateurs et du gouvernement municipal. Plus de 200 restaurants et 45 hôtels ont signé un “Engagement de Prix Équitable”, s’engageant à une tarification transparente et des suppléments raisonnables pendant le week-end de l’événement.
“Nous avons reconnu que nous avions un sérieux problème de perception et de réalité l’année dernière,” a expliqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’une conférence de presse hier. “La Formule 1 amène environ 100 000 visiteurs dans notre ville et diffuse notre image à 400 millions de téléspectateurs dans le monde entier. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre un autre revers réputationnel.”
Les analystes de l’industrie touristique demeurent prudemment optimistes quant aux efforts de redressement. “Montréal fait face à une bataille difficile,” note l’expert en hospitalité Jean Tremblay de l’Université du Québec. “Le tourisme événementiel est extraordinairement compétitif, et la Formule 1 ne manque pas de villes qui se disputent pour accueillir des courses. L’impact économique va bien au-delà du week-end de course—il façonne les décisions des entreprises concernant les congrès, le marketing touristique et les investissements internationaux.”
Les responsables de la Formule 1 ont publiquement exprimé leur soutien aux efforts de Montréal tout en maintenant une surveillance rigoureuse en privé. Selon des sources, l’organisation de course a déployé une équipe plus importante que d’habitude pour surveiller l’expérience de l’événement, recueillant des commentaires en temps réel des participants et comparant les prix aux moyennes historiques.
Les entreprises canadiennes ont adopté l’effort de réhabilitation comme essentiel pour la réputation touristique du pays. “Ce qui se passe à Montréal se reflète sur toutes les destinations canadiennes,” explique Beth Williams, présidente de l’Association de l’industrie touristique du Canada. “Nous constatons une coopération sans précédent entre des entreprises concurrentes parce que tout le monde reconnaît que les enjeux s’étendent bien au-delà d’un seul week-end.”
Les premiers indicateurs suggèrent que la stratégie pourrait fonctionner. Les réservations d’hôtel anticipées montrent une augmentation de 12 % par rapport à l’année dernière, malgré les défis de réputation, et les réservations de restaurants sont en hausse de 8 % par rapport aux niveaux de 2024. Les ventes internationales de billets ont retrouvé les niveaux d’avant la controverse, particulièrement du lucratif marché américain.
Pour les Montréalais comme Pierre Gagnon, qui a assisté à chaque Grand Prix depuis 1995, le rétablissement de la réputation est personnel. “Cet événement fait partie de l’identité de notre ville,” m’a-t-il confié en installant son point d’observation le long du circuit. “L’année dernière était embarrassante pour ceux d’entre nous qui sont fiers de l’hospitalité montréalaise. Nous sommes naturellement accueillants—ce qui s’est passé n’était pas représentatif de qui nous sommes.”
Alors que les séances d’essais commencent demain, la question demeure : une ville peut-elle réparer sa réputation internationale en un seul week-end, ou les dommages à la tradition du Grand Prix de Montréal ont-ils créé des conséquences durables pour le premier événement de sport automobile du Canada?