Le compte à rebours est lancé vers une potentielle perturbation nationale du courrier alors que Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) retournent à la table des négociations à quelques semaines seulement du déclenchement possible d’une grève. Avec environ 55 000 travailleurs postaux prêts à quitter leur poste d’ici la mi-mai, les entreprises et les Canadiens d’un bout à l’autre du pays se préparent à d’importantes interruptions de livraison pendant ce que les experts considèrent comme un conflit de travail particulièrement mal synchronisé.
Les négociations ont repris hier à Ottawa après une impasse de six semaines qui a suscité de nombreuses inquiétudes quant à la perspective d’un arrêt complet des services postaux. Des sources proches des pourparlers indiquent que les deux parties restent très éloignées sur plusieurs questions clés, notamment les augmentations salariales, les protocoles de sécurité au travail et la question controversée de la restructuration des itinéraires de livraison qui a été un point d’achoppement lors des conflits de travail précédents.
“Il ne s’agit pas seulement de rémunération, mais de préserver un service postal de qualité pour tous les Canadiens tout en garantissant des conditions de travail équitables pour ceux qui l’assurent,” a déclaré Martin Tremblay, président national du STTP, dans un communiqué publié lundi. “Nos membres font face à des charges de travail et des taux de blessures croissants tandis que la direction continue de privilégier les marges bénéficiaires plutôt que la qualité du service.”
La porte-parole de Postes Canada, Sarah Chen, a répliqué que la société d’État a présenté une “offre juste et raisonnable” qui équilibre les préoccupations des travailleurs avec les réalités économiques. “Nous restons déterminés à parvenir à un accord qui répond aux priorités de nos employés tout en maintenant la viabilité financière dans un marché de plus en plus numérique,” a déclaré Chen à CO24 News.
L’arrêt de travail potentiel survient à un moment particulièrement difficile pour les petites entreprises qui se remettent encore des difficultés liées à la pandémie. Une récente enquête de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a révélé que 68 % des propriétaires de petites entreprises dépendent considérablement de Postes Canada pour l’expédition de produits, la facturation et la réception des paiements, et beaucoup n’ont pas de plans d’urgence pour des interruptions prolongées du courrier.
L’analyste économique Devon Williams note que le calendrier aggrave les pressions existantes sur la chaîne d’approvisionnement. “Avec l’inflation qui reste préoccupante dans la plupart des secteurs, une perturbation postale crée un obstacle supplémentaire pour les entreprises qui tentent de stabiliser leurs opérations,” a expliqué Williams. “Les effets d’entraînement pourraient être substantiels, surtout pour les communautés éloignées où les options de livraison alternatives sont limitées ou inexistantes.”
Ce différend marque le dernier chapitre de relations de travail de plus en plus tendues entre le service postal et ses employés. Le dernier arrêt de travail majeur en 2018 s’est terminé par une législation de retour au travail, une mesure que les représentants du STTP ont qualifiée de compromettante pour les droits de négociation collective. Avec une composition différente du gouvernement