L’ombre d’une perturbation postale nationale plane davantage aujourd’hui alors que les négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont rencontré un nouvel obstacle, suscitant l’inquiétude de millions de Canadiens qui dépendent des services postaux pour tout, des livraisons de médicaments aux opérations commerciales.
Les pourparlers entre les deux parties se sont effondrés tôt ce matin après une séance marathon de négociations de 16 heures à Ottawa qui n’a pas permis de progresser de façon significative sur les questions fondamentales, notamment les salaires, les conditions de travail et la sécurité d’emploi. Cette rupture survient quelques jours avant la date limite de grève du syndicat, fixée au 25 septembre, date à laquelle plus de 55 000 employés des postes pourraient potentiellement cesser le travail.
“Nous sommes à la table de négociation de bonne foi depuis des mois, mais Postes Canada continue de proposer des solutions qui compromettent l’avenir de nos membres,” a déclaré Jan Simpson, présidente nationale du STTP, dans un communiqué diffusé après l’échec des pourparlers. “Nos travailleurs ont assuré le service pendant une pandémie et méritent un contrat qui reflète leur contribution essentielle à ce pays.”
La porte-parole de Postes Canada, Valérie Chartrand, a rétorqué que la société a présenté “des offres justes et raisonnables” qui équilibrent les préoccupations des travailleurs et les réalités financières auxquelles la société d’État est confrontée. “Nous restons déterminés à parvenir à un règlement négocié qui serve nos employés, nos clients et assure la viabilité à long terme du service postal,” a déclaré Chartrand.
Cette perturbation potentielle du service serait la première grève postale majeure depuis 2018, lorsque des arrêts de travail rotatifs ont entraîné un arriéré de près d’un million de colis avant que les travailleurs ne soient forcés de retourner au travail par une loi spéciale. Le moment est particulièrement préoccupant alors que les entreprises commencent leurs préparatifs pour la saison des expéditions des Fêtes, qui représente une part importante des revenus annuels pour de nombreux détaillants.
Selon les rapports de Canada News, les principaux points d’achoppement dans les négociations comprennent les changements proposés au régime de retraite pour les nouveaux employés, les conditions de travail des facteurs ruraux et suburbains, et les augmentations de salaire qui suivent le rythme de l’inflation, qui a durement touché les ménages canadiens ces dernières années.
Les défenseurs des petites entreprises sonnent déjà l’alarme quant à l’impact potentiel. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante estime qu’une grève prolongée pourrait coûter aux petites entreprises entre 500 millions et 1 milliard de dollars en revenus perdus et en coûts d’expédition supplémentaires.
“Cela ne pourrait pas arriver à un pire moment pour les petits détaillants qui comptent sur des options d’expédition abordables pour concurrencer des géants comme Amazon,” a déclaré Dan Kelly, président de la FCEI. “De nombreuses entreprises ne se sont pas complètement remises des pertes liées à la pandémie et des problèmes de chaîne d’approvisionnement.”
Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral a maintenu une approche non interventionniste, le ministre du Travail Steven MacKinnon exhortant les deux parties à poursuivre les négociations. Cependant, des sources au sein du gouvernement, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont indiqué à CO24 que des plans d’urgence sont en cours d’élaboration au cas où les services postaux essentiels seraient perturbés.
Pour les Canadiens ordinaires, la grève potentielle soulève des préoccupations pratiques. Service Canada a déjà émis des avis concernant d’éventuels retards dans les chèques de pension et de prestations, tandis que les défenseurs de la santé avertissent que des milliers de Canadiens qui reçoivent des médicaments par la poste pourraient faire face à des interruptions dangereuses de leurs traitements.
“Nous sommes particulièrement préoccupés par les aînés et les personnes à mobilité réduite qui dépendent de la livraison postale pour des médicaments essentiels,” a déclaré Laura Tamblyn Watts, PDG de CanAge, une organisation nationale de défense des aînés. “Dans de nombreuses communautés rurales, il n’existe tout simplement pas d’autres options de livraison.”
Les deux parties ont accepté de rencontrer des médiateurs fédéraux demain, dans ce que beaucoup considèrent comme un dernier effort pour éviter des perturbations de service. Le bureau d’affaires de CO24 a appris que plusieurs grands détaillants détournent déjà leurs expéditions vers des transporteurs privés, bien qu’à des coûts nettement plus élevés qui pourraient finalement être répercutés sur les consommateurs.
À l’approche de la date limite, la question demeure : le système postal canadien trouvera-t-il une voie à suivre qui équilibre les demandes des travailleurs et la durabilité opérationnelle, ou les Canadiens sont-ils sur le point de découvrir à quel point ils restent dépendants d’un service que beaucoup tiennent pour acquis jusqu’à ce qu’il ne soit plus disponible?