La grève de Postes Canada perturbe les journaux communautaires

Olivia Carter
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Au cœur des communautés rurales du Canada, un lien d’information vital est en train d’être rompu alors que le conflit de travail à Postes Canada entre dans sa troisième semaine. Les journaux communautaires, qui dépendent des services postaux depuis des générations, font maintenant face à une crise existentielle tandis que leurs éditions imprimées restent non livrées dans les centres de distribution d’un océan à l’autre.

“Nous sommes essentiellement coupés de nos lecteurs,” explique Morgan Richardson, rédacteur en chef de La Chronique Lacustre dans l’Ontario rural. “Pour beaucoup de nos abonnés âgés qui n’utilisent pas Internet, leur journal hebdomadaire est leur principal lien avec les événements locaux, les avis de décès et les annonces communautaires.”

La grève, qui a commencé après que les négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont atteint une impasse concernant les augmentations salariales et les mesures de sécurité au travail, a eu des effets en cascade dans tout le pays. Alors que les centres urbains disposant de diverses options de livraison se sont adaptés, c’est le Canada rural qui subit les impacts les plus sévères.

Les journaux communautaires occupent depuis longtemps une place spéciale dans le paysage médiatique canadien. Contrairement à leurs homologues métropolitains, ces publications se concentrent intensément sur des enjeux hyperlocaux qui reçoivent rarement l’attention des médias nationaux. Les réunions du conseil municipal, les exploits sportifs des écoles secondaires et les collectes de fonds communautaires constituent l’épine dorsale de leur couverture.

Les données financières révèlent la position précaire de ces publications. Selon l’Association canadienne des médias d’information, les journaux communautaires fonctionnent généralement avec des marges bénéficiaires inférieures à 8%, les revenus des abonnements imprimés et de la publicité restant essentiels à leur survie malgré les efforts de transformation numérique.

“Nous avons déjà perdu 30% de nos revenus publicitaires ce mois-ci,” affirme Patricia Demers, éditrice du Phare du Nord au Manitoba. “Les annonceurs se retirent parce qu’ils savent que leurs dépliants et matériels promotionnels n’atteignent pas les foyers. Si cela continue encore deux semaines, nous devrons envisager des mises à pied temporaires.”

Le gouvernement fédéral a reconnu la situation mais a jusqu’à présent résisté aux appels pour légiférer le retour au travail des postiers, préférant laisser le processus de négociation collective suivre son cours. Le bureau du ministre du Travail Seamus O’Regan a publié une déclaration exhortant les deux parties à parvenir à un accord, mais s’est gardé de promettre une intervention.

“Les journaux communautaires subissent une double pression,” explique l’économiste des médias Dr. Samantha Torres de l’Université de la Colombie-Britannique. “Ils naviguaient déjà dans la transition numérique et la baisse des revenus de l’imprimé avant cette perturbation. Maintenant, avec l’arrêt de la distribution physique, ils perdent leurs lecteurs les plus fidèles – les Canadiens âgés qui préfèrent l’imprimé et vivent souvent dans des régions à accès Internet limité.”

Certaines publications ont tenté des solutions innovantes. La Sentinelle des Prairies en Saskatchewan a organisé des réseaux de livraison bénévoles avec des élèves du secondaire local, tandis que d’autres ont temporairement accru leur présence numérique par des infolettres d’urgence et une couverture renforcée sur les réseaux sociaux.

Les experts de l’industrie suggèrent que cette perturbation pourrait accélérer la tendance déjà préoccupante des “déserts d’information” – des communautés sans aucune couverture médiatique locale. Une étude de 2023 du Projet de recherche sur les nouvelles locales a identifié 204 communautés canadiennes qui ont déjà perdu leurs médias locaux depuis 2008, les zones rurales étant touchées de façon disproportionnée.

Pour des résidents comme Margaret Williams, 83 ans, de Timmins, Ontario, la perturbation va au-delà de l’inconvénient. “Je lis mon journal local tous les jeudis depuis 60 ans,” dit-elle. “Maintenant, je me sens déconnectée de ce qui se passe dans ma propre communauté. Ma fille essaie de me lire des articles de leur site web quand elle me rend visite, mais ce n’est pas pareil.”

Alors que les médiateurs travaillent pour ramener Postes Canada et le STTP à la table des négociations, le sort de dizaines de petites publications communautaires est en jeu. La perturbation actuelle met en lumière non seulement les défis des relations de travail, mais aussi des questions plus profondes sur la façon dont les communautés rurales restent informées dans un monde de plus en plus numérique.

Reste à voir si cette perturbation temporaire deviendra un point d’inflexion permanent dans le paysage médiatique local canadien – et dans ce cas, sommes-nous préparés pour un avenir où les voix des petites communautés sont de plus en plus réduites au silence?

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