Groupe de danse culturelle filipino de Saskatoon préserve le patrimoine

Daniel Moreau
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Dans le sous-sol animé d’une église du côté ouest de Saskatoon, la musique traditionnelle philippine résonne contre les murs tandis que des danseurs évoluent en mouvements synchronisés, leurs costumes colorés peignant la salle d’éclats rouges, jaunes et bleus. C’est l’ensemble de danse folklorique philippine Kababayang Pilipino qui, depuis plus de vingt ans, fait bien plus que simplement se produire—ils préservent un élément essentiel de leur identité culturelle à des milliers de kilomètres de son origine.

“Quand je danse, je me sens connectée à mes ancêtres, à la terre d’où viennent mes parents,” explique Irene Herrera, qui a rejoint l’ensemble il y a cinq ans après avoir déménagé à Saskatoon depuis Manille. “Même si je construis ma vie au Canada, ces mouvements me rappellent qui je suis et d’où je viens.”

Fondé en 1998, le groupe est devenu bien plus qu’une simple troupe de danse—c’est désormais une pierre angulaire de la vie communautaire philippine en Saskatchewan. Chaque dimanche après-midi, des membres âgés de six à soixante ans se rassemblent pour pratiquer des danses qui racontent la vie rurale aux Philippines, des événements historiques et des célébrations culturelles qui traversent les siècles.

Les Philippines comptent plus de 7 000 îles, chacune avec des traditions culturelles distinctes. Cette diversité se reflète dans le répertoire de l’ensemble, qui comprend le tinikling, où les danseurs sautent entre des poteaux de bambou, le singkil d’influence musulmane qui raconte l’histoire d’une princesse naviguant dans une forêt pendant un tremblement de terre, et le pandanggo sa ilaw, où les interprètes équilibrent des lampes à huile tout en dansant.

“Beaucoup d’enfants nés ici n’ont jamais vu ces danses exécutées dans leur contexte naturel,” affirme la directrice artistique Maria Santos. “À travers nos spectacles, nous créons un pont vivant entre les générations et les continents.”

Ce qui rend leur travail particulièrement vital est la réalité de l’érosion culturelle dans les communautés immigrantes. Les Philippins-Canadiens de deuxième et troisième génération se retrouvent souvent à naviguer entre les cultures, perdant parfois contact avec des traditions que leurs parents ou grands-parents tenaient pour acquises. L’ensemble offre non seulement une formation aux techniques de danse, mais aussi une éducation sur la signification historique et culturelle derrière chaque mouvement.

“Ma fille ne parlait pas le tagalog quand elle a commencé à danser avec le groupe,” partage Catherine Reyes, parent d’un membre de l’ensemble. “Maintenant, elle apprend non seulement la langue, mais comprend pourquoi ces traditions sont importantes. Cela a ouvert des conversations sur notre histoire familiale qui n’auraient peut-être jamais eu lieu autrement.”

Au-delà de servir la communauté philippine, le groupe est devenu ambassadeur culturel auprès de la société canadienne au sens large. Ils se produisent lors de festivals multiculturels, d’événements scolaires et de célébrations communautaires dans toute la Saskatchewan. L’année dernière, ils ont participé à plus de 30 représentations publiques, présentant à des milliers de personnes les expressions culturelles philippines.

Le groupe a fait face à des défis, particulièrement pendant la pandémie lorsque les rassemblements en personne étaient limités. Ils se sont tournés vers des pratiques en ligne, créant des vidéos pédagogiques qui ont rejoint, de façon inattendue, des Philippins à travers le Canada et même à l’international. Ce qui avait commencé comme une mesure provisoire est devenu une stratégie de sensibilisation supplémentaire, les reliant à d’autres groupes de préservation culturelle dans le monde entier.

“La technologie nous a permis d’échanger des idées avec des ensembles similaires de Toronto à la Californie en passant par Manille,” explique le coordinateur de l’ensemble, Ben Ramos. “Nous participons à une conversation mondiale sur la façon de maintenir les traditions vivantes dans les communautés diasporiques.”

Le financement reste un défi permanent. Les matériaux pour les costumes, les droits musicaux, la location de salles et les frais de déplacement s’additionnent rapidement. Le groupe fonctionne principalement grâce aux contributions des membres, aux dons communautaires et aux subventions artistiques occasionnelles. Malgré les contraintes financières, ils s’engagent à maintenir une participation abordable, veillant à ce que le coût ne devienne pas un obstacle à la connexion culturelle.

Alors que le Canada continue d’évoluer en tant que société multiculturelle, des groupes comme l’ensemble de danse folklorique philippine Kababayang Pilipino démontrent comment la préservation culturelle renforce plutôt qu’affaiblit l’identité nationale. Ils illustrent comment les immigrants peuvent participer pleinement à la société canadienne tout en maintenant des liens significatifs avec leur patrimoine.

“Ce ne sont pas des pièces de musée que nous préservons,” souligne Santos. “La culture est vivante, respire et s’adapte. Certaines de nos chorégraphies incorporent des éléments contemporains tout en respectant les formes traditionnelles. C’est ainsi que les traditions restent pertinentes—elles évoluent sans perdre leur essence.”

Alors que le paysage culturel de Saskatoon continue de se diversifier, le travail de l’ensemble prend une signification encore plus grande. Ils n’enseignent pas seulement des pas de danse; ils démontrent comment l’identité culturelle peut être simultanément préservée et partagée, créant une communauté plus texturée et compréhensive pour tous.

Pour ceux qui regardent les danseurs pratiquer leurs pas complexes un dimanche après-midi, une chose devient évidente : le patrimoine n’est pas seulement quelque chose dont il faut se souvenir—c’est quelque chose à vivre, à célébrer et à transmettre. Et parfois, la préservation culturelle la plus profonde ne se produit pas dans les musées ou les manuels, mais dans les sous-sols d’églises, les centres communautaires et les gymnases d’écoles où les gens se rassemblent pour maintenir les traditions en mouvement.

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