Une coalition de défenseurs de la santé des femmes d’Ottawa a lancé un appel urgent au gouvernement fédéral, exigeant des investissements substantiels dans la recherche et les soins de santé des femmes dans le prochain budget 2024. Cette initiative survient alors que les préoccupations grandissent concernant les besoins spécifiques en matière de santé des femmes qui continuent d’être négligés dans le paysage des soins de santé au Canada.
“Nous faisons face à un moment critique où les problèmes de santé des femmes ne peuvent plus être relégués à la périphérie de notre système de santé,” a déclaré la Dre Maryam Sharma, directrice du Collectif pour la santé des femmes d’Ottawa, lors d’une conférence de presse tenue lundi sur la Colline du Parlement. “Des décennies de sous-financement ont créé des lacunes dangereuses dans la recherche, le traitement et les stratégies de prévention spécifiquement adaptées au corps des femmes.”
La coalition, composée de professionnels de la santé, de chercheurs et de défenseurs des patientes, a présenté à la ministre des Finances Chrystia Freeland une proposition détaillée décrivant les domaines d’investissement clés nécessitant une attention immédiate. Leur demande comprend une allocation dédiée de 500 millions de dollars sur cinq ans pour traiter des conditions historiquement sous-financées comme l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques et les complications liées à la grossesse.
Les données de recherche présentées par le groupe révèlent des disparités troublantes. Les femmes au Canada attendent en moyenne 7,5 ans pour un diagnostic d’endométriose, tandis que le financement de la recherche sur la santé cardiovasculaire des femmes — malgré qu’elle soit la principale cause de décès chez les Canadiennes — reçoit moins d’un tiers des ressources allouées à la recherche cardiaque masculine.
Le moment choisi pour cette démarche de plaidoyer s’aligne stratégiquement avec le processus de consultation prébudgétaire du gouvernement et s’appuie sur une sensibilisation publique croissante suite à la Stratégie pour la santé des femmes annoncée l’an dernier, que les critiques ont décrite comme prometteuse mais considérablement sous-financée.
“Ce que nous recherchons n’est pas un traitement spécial, mais plutôt une correction fondée sur des preuves d’un déséquilibre historique,” a expliqué la Dre Karen Liu, chercheuse en santé reproductive à l’Université d’Ottawa. “Lorsque nous améliorons les résultats de santé des femmes, nous renforçons les familles, les milieux de travail et notre économie dans son ensemble.”
La proposition de la coalition a gagné le soutien de tous les partis politiques, plusieurs députés de l’opposition et du gouvernement signalant leur approbation. Cette rare démonstration d’unité politique suggère que la question pourrait transcender les clivages partisans alors que les négociations budgétaires se poursuivent.
Les économistes de la santé soutenant l’initiative ont souligné les économies potentielles à long terme pour le système de santé canadien. Un diagnostic précoce et des traitements ciblés pourraient réduire considérablement l’impact économique annuel de 7,3 milliards de dollars des affections chroniques touchant les femmes, selon leur analyse.
“Il ne s’agit pas simplement de combler un écart de financement, mais de reconnaître que le corps des femmes a des besoins médicaux distincts qui nécessitent des recherches et des soins spécialisés,” a déclaré Élise Johnston, une défenseure des patientes qui a vécu un parcours diagnostique de sept ans pour son endométriose. “Chaque jour sans financement adéquat se traduit par des souffrances inutiles pour des millions de Canadiennes.”
À l’approche de l’annonce du budget fédéral, la coalition prévoit d’amplifier son message par le biais de forums communautaires et de campagnes de sensibilisation numériques. Ils ont également demandé des rencontres avec les ministres provinciaux de la Santé pour coordonner une approche nationale des initiatives en matière de santé des femmes.
La question qui se pose maintenant aux décideurs politiques est de savoir si le Canada est prêt à faire les investissements nécessaires pour combler l’écart entre les sexes en matière de santé, ou si les besoins médicaux spécifiques des femmes continueront d’être traités par des initiatives fragmentaires et sous-financées. Comme l’a demandé avec pertinence une défenseure : “En 2024, pouvons-nous vraiment prétendre avoir un système de santé moderne lorsque les besoins spécifiques en matière de santé de la moitié de la population restent chroniquement sous-financés?”