La douce brise d’été sur Woodstock, Ontario, porte aujourd’hui des souvenirs—des souvenirs d’une vie tragiquement écourtée et d’étapes à jamais non réalisées. Le 15 juillet aurait marqué le 25e anniversaire de Victoria “Tori” Stafford, un quart de siècle de vie qui aurait dû être rempli de réussites, de célébrations et de rêves accomplis. Au lieu de cela, son père Rodney Stafford se tient devant son mémorial, réfléchissant à la fille dont la vie a été volée à seulement huit ans.
“Il n’y avait rien que nous puissions faire,” a confié Rodney à CO24 dans une entrevue exclusive, sa voix ferme mais chargée du poids de seize années de chagrin. “J’imagine parfois ce qu’elle pourrait faire maintenant—peut-être terminer l’université, commencer sa carrière, peut-être même penser à fonder sa propre famille.“
L’enlèvement et le meurtre de Tori Stafford en 2009 ont profondément choqué le Canada, devenant l’un des crimes les plus dévastateurs contre un enfant dans notre pays. Michael Rafferty et Terri-Lynne McClintic ont été reconnus coupables de meurtre au premier degré et condamnés à l’emprisonnement à perpétuité pour leur rôle dans la mort de la jeune fille. L’affaire a suscité des discussions nationales sur la sécurité des enfants et des appels à la réforme judiciaire.
Rodney a canalisé son chagrin dans le militantisme, en créant la fondation Victoria’s Ribbons of Hope, qui soutient les familles touchées par des tragédies similaires et fait campagne pour une protection plus forte des enfants. “L’héritage de Tori vit dans chaque enfant que nous aidons à protéger,” a-t-il expliqué. “Chaque anniversaire devient une autre occasion de s’assurer que son nom représente un changement positif.”
Le soutien communautaire reste fort à Woodstock, où les résidents se sont rassemblés pour une marche commémorative tôt ce matin. Des rubans violets—la couleur préférée de Tori—ornaient les arbres le long du parcours, tandis que les écoles locales observaient des moments de silence. Le maire Trevor Smith a annoncé des plans pour un programme élargi de sécurité des enfants nommé en l’honneur de Tori.
Dre Elena Whitman, spécialiste des traumatismes infantiles à l’Université de Toronto, explique que les commémorations publiques servent plusieurs objectifs. “Ces hommages aident les membres de la famille à gérer leur deuil continu tout en permettant aux communautés de guérir collectivement,” a-t-elle déclaré à CO24. “Ils nous rappellent aussi notre responsabilité partagée de protéger les membres vulnérables de la société.”
L’affaire continue d’influencer les approches canadiennes de justice pénale. L’année dernière, le Parlement a adopté des amendements aux protocoles de notification des victimes, en partie inspirés par le plaidoyer de la famille Stafford après les controverses concernant le transfert temporaire de McClintic dans un pavillon de guérison autochtone en 2018.
“Vingt-cinq ans—c’est une étape impossible à comprendre,” a dit Rodney, regardant les photographies de sa fille exposées au site commémoratif. “Je me demande quelle femme elle serait devenue, le rire que je reconnaîtrais encore, les yeux qui s’illumineraient encore aux anniversaires.”
Alors que le crépuscule tombe sur cet anniversaire sombre, la question de Rodney reste en suspens—une question qui continue de défier notre société : Comment honorons-nous ceux qui sont partis trop tôt tout en veillant à ce que nos systèmes de protection évoluent pour empêcher que de telles tragédies ne se reproduisent?