Dans un revirement de situation qui souligne les complexités des affaires d’agressions sexuelles historiques, un homme de 81 ans de l’Ontario a été acquitté d’accusations remontant à plusieurs décennies, mettant fin à une épreuve judiciaire de trois ans. Le résident du comté de Simcoe, qui faisait face à de graves allégations datant des années 1970, a été déclaré non coupable à l’issue d’un procès qui a mis en lumière les défis liés à la poursuite d’affaires avec des preuves limitées et des délais importants.
“Le système judiciaire exige des preuves au-delà de tout doute raisonnable, et dans ce cas, ce seuil n’a tout simplement pas été atteint,” a expliqué l’avocate de la défense criminelle Marilyn Richardson, spécialisée dans les affaires historiques. “Quand des décennies s’écoulent entre un incident présumé et les poursuites, les souvenirs s’estompent, les témoins disparaissent, et les preuves physiques deviennent pratiquement impossibles à récupérer.”
Les documents judiciaires révèlent que les allégations provenaient d’incidents qui se seraient produits entre 1972 et 1976, lorsque le plaignant était mineur. L’affaire a été portée en justice après le dépôt d’accusations en 2020, suite à ce que les enquêteurs ont décrit comme “un examen détaillé des preuves disponibles.” Cependant, la défense a réussi à faire valoir que les incohérences dans les témoignages et l’absence de preuves corroborantes laissaient trop de place au doute raisonnable.
L’acquittement a relancé les discussions parmi les experts juridiques de CO24 Politique sur les défis particuliers auxquels font face tant les plaignants que les accusés dans les affaires d’agressions sexuelles historiques. Bien que la loi canadienne n’impose plus de délais de prescription pour ces infractions graves, les difficultés pratiques pour prouver des allégations remontant à plusieurs décennies demeurent considérables.
“Ces affaires représentent un équilibre délicat entre rendre justice aux victimes et garantir à l’accusé un procès équitable,” a noté Dr. Emily Thurston, professeure d’éthique juridique à la faculté de droit d’Osgoode Hall. “Plus le délai entre l’incident et le signalement est long, plus cet équilibre devient difficile à maintenir.”
Pour l’accusé, maintenant octogénaire, l’acquittement met fin à des années de stress et d’incertitude. Sa famille a publié une déclaration exprimant son soulagement tout en reconnaissant le poids émotionnel que le processus avait eu sur toutes les parties impliquées. Le bureau du procureur de la Couronne a confirmé qu’il ne fera pas appel du verdict.
Cette affaire rejoint un nombre croissant d’allégations historiques qui font leur chemin dans le système judiciaire canadien, soulevant d’importantes questions sur la façon dont notre système de justice traite des allégations vieilles de plusieurs décennies à une époque où les attitudes sociales envers les agressions sexuelles évoluent. Les groupes de défense des victimes ont exprimé leur déception quant au résultat tout en reconnaissant les défis liés aux preuves.
Alors que notre société continue de chercher la meilleure façon de traiter les torts historiques tout en préservant l’intégrité de nos principes juridiques, des cas comme celui-ci nous forcent à affronter des questions difficiles : comment équilibrer le droit des plaignants à être entendus avec la présomption d’innocence lorsque les preuves ont été érodées par le passage du temps?