L’IA protège la migration des caribous dans l’Arctique canadien

Olivia Carter
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Alors que l’Arctique se transforme sous la pression implacable des changements climatiques, les troupeaux emblématiques de caribous du Canada font face à des défis sans précédent pour leurs anciens parcours migratoires. Dans une initiative novatrice dévoilée hier, les autorités canadiennes de la faune ont déployé des systèmes d’intelligence artificielle avancés pour surveiller et protéger ces populations vulnérables à travers les vastes territoires nordiques.

L’initiative, baptisée “CaribouGuard“, représente un investissement de 17,4 millions de dollars d’Environnement et Changement climatique Canada, combinant imagerie satellite, capteurs à distance et algorithmes d’apprentissage automatique pour suivre les déplacements des caribous avec une précision remarquable. “Ce qui nécessitait auparavant des dizaines de chercheurs sur le terrain travaillant dans des conditions extrêmes peut maintenant être accompli grâce à un réseau de stations de surveillance améliorées par l’IA”, a expliqué la Dre Renée Dumont, scientifique principale du projet, lors de la conférence de presse d’hier à Yellowknife.

Le moment ne pourrait être plus critique. Les récentes études du Service canadien de la faune indiquent que le troupeau de caribous de la Porcupine a diminué de près de 23 % depuis 2017, tandis que le troupeau de Bathurst a connu un effondrement catastrophique de sa population de plus de 98 % depuis 1986. Ces statistiques ont sonné l’alarme dans les communautés environnementales du monde entier.

“Le système d’IA ne se contente pas de compter les animaux”, note Thomas Nakoolak, un agent de conservation inuit du Nunavut qui collabore au projet. “Il identifie les changements environnementaux affectant les routes migratoires, prédit les obstacles potentiels et nous aide à prendre des décisions en temps réel pour protéger les troupeaux.” L’intégration par Nakoolak des connaissances écologiques traditionnelles à la technologie de pointe a été déterminante pour calibrer l’IA afin qu’elle reconnaisse les subtils comportements que les chasseurs autochtones observent depuis des générations.

Le système a déjà prouvé sa valeur durant la saison migratoire de ce printemps. Lorsque des dégels inhabituellement précoces ont créé des traversées de rivières dangereuses le long des routes traditionnelles, CaribouGuard a détecté des modèles d’hésitation dans les mouvements des troupeaux et a alerté les équipes de conservation qui ont pu mettre en œuvre des mesures de protection temporaires. “Nous avons reçu des alertes automatisées trois jours avant que nous n’aurions autrement remarqué le problème”, a confirmé Hannah Bergman, directrice du Service de la faune.

Cependant, cette approche technologique a suscité des débats parmi les experts en conservation. Les critiques soutiennent que la technologie seule ne peut pas résoudre les défis fondamentaux auxquels sont confrontées les populations de caribous. “La surveillance par IA est précieuse, mais sans s’attaquer à la fragmentation de l’habitat due au développement industriel, ces efforts ne font que documenter le déclin plutôt que de le prévenir”, avertit le Dr James Wilkinson, écologiste de la faune à l’Université de la Colombie-Britannique.

Les implications économiques vont au-delà de la conservation. Les communautés nordiques dépendantes du caribou pour leur subsistance et leurs pratiques culturelles peuvent bénéficier d’efforts de conservation plus précis. “De meilleures informations signifient des quotas de chasse plus durables et une protection des aires de mise bas essentielles”, explique Robert Kakfwi, représentant du ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest.

L’aspect peut-être le plus prometteur est la capacité du système à éclairer les décisions politiques. Les données recueillies par CaribouGuard influenceront directement les désignations d’aires protégées, les approbations de permis de développement et les stratégies d’adaptation au climat dans tout le Nord. “Nous passons d’une conservation réactive à une conservation prédictive”, déclare la ministre de l’Environnement Sophie Lambert. “Cela représente un changement fondamental dans notre approche de la gestion de la faune dans des paysages en mutation.”

Alors que le Canada fait œuvre de pionnier avec cette approche, d’autres nations arctiques observent attentivement. Des systèmes similaires sont à l’étude en Alaska, au Groenland et en Scandinavie, créant potentiellement un réseau circumpolaire de surveillance de la faune améliorée par l’IA.

Reste à voir si cette intervention technologique est arrivée à temps pour inverser la trajectoire inquiétante des populations de caribous, ou si elle nous fournira simplement une compréhension plus détaillée de leur déclin. Alors que les caribous poursuivent leurs voyages ancestraux à travers un Nord en rapide mutation, notre capacité d’innovation sera-t-elle suffisante pour assurer leur survie?

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