Débat sur l’Impact Climatique des Exportations de GNL du Canada

Olivia Carter
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Dans les eaux glaciales au large de la côte de la Colombie-Britannique, un débat controversé s’intensifie autour des ambitieux projets d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) du Canada. Alors que la construction de l’imposante installation LNG Canada à Kitimat se poursuit, les leaders de l’industrie et les représentants gouvernementaux présentent de plus en plus les exportations de gaz naturel canadien comme une solution aux défis climatiques mondiaux – une affirmation qui suscite un examen minutieux de la part des experts environnementaux et des analystes politiques.

“Le GNL canadien peut remplacer la production d’électricité au charbon sur les marchés asiatiques, réduisant potentiellement les émissions mondiales de gaz à effet de serre”, a affirmé le ministre de l’Énergie Jonathan Wilkinson lors d’une récente conférence industrielle à Vancouver. Cet argument est devenu la pierre angulaire de la volonté du Canada d’étendre son empreinte GNL, le Premier ministre Justin Trudeau lui-même qualifiant les exportations de gaz canadien de “carburant de transition” dans le parcours mondial vers la décarbonisation.

La position du gouvernement repose sur un calcul apparemment simple: lorsqu’il est brûlé pour produire de l’électricité, le gaz naturel génère environ la moitié des émissions de carbone du charbon. La Chine et l’Inde étant encore fortement dépendantes de l’électricité au charbon, les représentants canadiens soutiennent que fournir ces marchés en GNL pourrait engendrer un bénéfice climatique net malgré les émissions associées à la production et au traitement domestiques.

Cependant, un examen plus approfondi révèle des complexités importantes qui remettent en question cette narration. “L’avantage du gaz par rapport au charbon en matière d’émissions peut être complètement effacé lorsqu’on tient compte des fuites de méthane tout au long de la chaîne d’approvisionnement”, explique Dr. Sarah Johnson, chercheuse en politique climatique à l’Université de la Colombie-Britannique. Le méthane, composant principal du gaz naturel, est environ 86 fois plus puissant que le dioxyde de carbone pour piéger la chaleur sur une période de 20 ans.

Des mesures atmosphériques récentes au-dessus des régions de production en Colombie-Britannique et en Alberta suggèrent que les taux de fuite de méthane pourraient être significativement plus élevés que les chiffres officiellement rapportés. Une étude de 2023 publiée dans Environmental Science & Technology a révélé que les émissions réelles dans certains champs gaziers canadiens dépassaient les estimations gouvernementales de 1,5 à 2,5 fois – un écart qui modifie substantiellement les calculs climatiques.

Au-delà de la question du méthane se pose le problème des dynamiques du marché. “Il existe peu de preuves que le GNL canadien remplacerait principalement le charbon plutôt que de concurrencer les investissements en énergies renouvelables“, note l’économiste de l’énergie Martin Chen de l’Institut climatique canadien. “Sur de nombreux marchés asiatiques, la véritable compétition n’est pas entre le gaz et le charbon, mais entre le gaz et l’énergie solaire et éolienne dont les coûts diminuent rapidement.”

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a souligné que pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, il faut non seulement passer du charbon au gaz, mais réduire rapidement la dépendance à tous les combustibles fossiles. Cela crée une réalité inconfortable pour les aspirations canadiennes en matière de GNL: même si le gaz canadien est relativement plus propre que les alternatives, l’expansion des infrastructures de combustibles fossiles pourrait verrouiller les émissions pour des décennies alors que la science climatique indique la nécessité de réductions drastiques.

Les perspectives autochtones ajoutent une autre dimension à cette question multiforme. Alors que la Nation Haisla s’est associée au projet LNG Canada, y voyant des opportunités économiques pour leur communauté, d’autres Premières Nations ont exprimé des préoccupations concernant les impacts environnementaux et les processus de consultation.

“Nous reconnaissons les bénéfices économiques potentiels, mais comprenons également notre responsabilité en tant que gardiens de la terre et de l’eau“, explique Crystal Smith, conseillère en chef de la Nation Haisla. “Ce partenariat représente notre droit de déterminer notre propre avenir économique tout en maintenant des normes environnementales.”

Les enjeux financiers sont énormes. L’installation LNG Canada représente un investissement de 40 milliards de dollars, avec des projets supplémentaires à diverses étapes de planification pouvant ajouter des dizaines de milliards de plus. Pour un secteur énergétique canadien encore en convalescence après des années de controverses sur les pipelines et de prix pétroliers volatils, le GNL représente une opportunité économique significative.

Pourtant, les experts en politique climatique avertissent que les marchés mondiaux du gaz naturel pourraient ne pas rester stables tout au long de la durée de vie opérationnelle de ces installations, qui s’étend sur plusieurs décennies. “Les pays sérieux dans leur engagement d’atteindre des émissions nettes nulles devront éventuellement réduire l’utilisation du gaz naturel ou l’associer à des technologies coûteuses de captage du carbone”, explique Dr. Johnson. “Les exportateurs canadiens pourraient faire face à des risques d’actifs délaissés si les politiques climatiques mondiales se resserrent plus rapidement que prévu.”

Alors que le Canada navigue dans ce paysage complexe, la question fondamentale demeure: un pays engagé dans le leadership climatique peut-il concilier ses objectifs de réduction des émissions avec des plans d’expansion des exportations de combustibles fossiles? La réponse dépend non seulement des calculs techniques d’émissions, mais de considérations plus profondes sur la justice énergétique mondiale, les transitions économiques et la responsabilité partagée dans la lutte contre le changement climatique.

Le Canada devrait-il prioriser les bénéfices économiques immédiats et les réductions potentielles d’émissions à court terme à l’étranger, ou se concentrer sur l’accélération de la transition vers des systèmes énergétiques véritablement durables, tant au niveau national que mondial?

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