Le casse-tête quotidien des embouteillages aux heures de pointe ne consomme pas seulement le temps des Canadiens—il affecte considérablement leur bien-être mental, selon une nouvelle recherche novatrice examinant la relation entre les habitudes de déplacement et la santé psychologique.
Une étude approfondie suivant plus de 5 000 travailleurs canadiens a révélé que les personnes ayant des trajets plus longs présentent des taux nettement plus élevés d’anxiété, de stress et de symptômes dépressifs par rapport à celles dont les temps de déplacement sont plus courts. Plus précisément, les navetteurs passant plus de 45 minutes dans chaque sens ont montré une augmentation de 37 % des niveaux de stress signalés et une probabilité 29 % plus élevée de chercher un soutien en santé mentale.
“Ce que nous constatons, c’est que les déplacements quotidiens ne sont pas simplement un inconvénient—ils deviennent une préoccupation légitime de santé publique,” explique Dre Samantha Reid, chercheuse principale à l’Institut de recherche sur le travail et la santé de l’Université de Toronto. “L’effet cumulatif de la congestion quotidienne, des retards imprévisibles des transports en commun et du temps perdu crée un facteur de stress chronique auquel de nombreux Canadiens ne peuvent tout simplement pas échapper.”
L’impact semble particulièrement prononcé dans les grandes régions métropolitaines du Canada. Les navetteurs de Toronto font face aux défis de santé mentale les plus graves, Vancouver et Montréal suivant de près. L’étude indique que les utilisateurs des transports en commun dans ces villes ont signalé des résultats légèrement meilleurs en matière de santé mentale que les automobilistes, bien que les deux groupes aient montré une tension importante par rapport aux télétravailleurs ou à ceux dont les trajets durent moins de 15 minutes.
Les implications financières aggravent le problème. Le navetteur canadien moyen dépense environ 5 200 $ par an en frais de transport—de l’argent que de nombreux participants ont déclaré qu’ils consacreraient autrement à des activités de bien-être ou à du temps en famille. Ce fardeau financier crée un stress supplémentaire qui détériore davantage la santé mentale, créant un cycle préoccupant.
Les employeurs commencent à reconnaître ces préoccupations. Plusieurs grandes entreprises canadiennes ont mis en place des modalités de travail flexibles spécifiquement conçues pour réduire les contraintes de déplacement. Le programme pilote de Bell Canada permettant aux employés de travailler à distance deux jours par semaine a signalé une diminution de 23 % de l’absentéisme et une augmentation de 17 % de la satisfaction professionnelle autodéclarée en six mois.
“Les entreprises qui reconnaissent le stress lié aux déplacements ne font pas seulement preuve de compassion—elles prennent des décisions commerciales judicieuses,” note Michael Cheung, consultant en bien-être au travail pour de grandes entreprises canadiennes. “La réduction de la charge de déplacement se traduit directement par une productivité accrue, une meilleure rétention et des coûts de soins de santé réduits.”
Les urbanistes et les responsables de la santé publique collaborent de plus en plus pour relever ces défis. La ville de Calgary a récemment lancé une initiative intégrant des considérations de santé mentale dans la planification des transports, tandis qu’Ottawa a étendu son infrastructure cyclable en citant spécifiquement le bien-être des navetteurs comme motivation principale.
Les villes canadiennes continuant de croître et l’infrastructure de transport peinant à suivre le rythme, les implications des déplacements quotidiens sur la santé mentale méritent une considération sérieuse de la part des décideurs, des employeurs et des individus. Les preuves suggèrent que nos trajets quotidiens vers le travail façonnent bien plus que nos horaires—ils influencent fondamentalement notre bien-être psychologique.
Alors que nous reconstruisons les modèles de travail dans un monde post-pandémique, la question la plus pressante est peut-être : le Canada peut-il créer des systèmes de transport et des modalités de travail qui privilégient la santé mentale au même titre que l’efficacité?