Alors que des panaches de fumée traversent à nouveau la frontière, des législateurs républicains du Wisconsin et du Minnesota exigent des réponses des autorités canadiennes concernant la crise persistante des feux de forêt qui continue de dégrader la qualité de l’air dans les États du nord des États-Unis. Cette nouvelle pression diplomatique survient après que des millions d’Américains ont fait face à plusieurs reprises à des conditions d’air dangereuses au cours des deux derniers étés.
Le député républicain du Wisconsin Tom Tiffany, accompagné des représentants du Minnesota Pete Stauber et Michelle Fischbach, a envoyé la semaine dernière une lettre au ton ferme à l’ambassadrice canadienne Kirsten Hillman, remettant en question les stratégies de gestion des feux de forêt du Canada et ses capacités d’intervention. Leurs préoccupations surviennent après que certaines parties de leurs États ont enduré des semaines de ciels teintés d’orange et d’avertissements sur la qualité de l’air qui ont forcé les entraînements sportifs à l’intérieur, annulé des événements extérieurs et soulevé de sérieuses préoccupations de santé publique.
“Lorsque la fumée des feux de forêt canadiens rend répétitivement nos ciels dangereux et force nos concitoyens à rester à l’intérieur, nous avons l’obligation de poser des questions difficiles,” a déclaré Tiffany dans une entrevue avec CO24 News. “Il ne s’agit pas de pointer du doigt mais d’assurer une coopération transfrontalière sur un problème qui affecte des millions d’Américains.”
L’enquête parlementaire demande spécifiquement des informations sur les ressources de lutte contre les incendies du Canada, les stratégies de prévention, et ce que les législateurs ont qualifié de “lacunes apparentes” dans le confinement des brasiers avant qu’ils n’atteignent des proportions ingérables. La lettre fait référence à des données satellites montrant que les feux de forêt canadiens ont brûlé plus de 18 millions d’hectares depuis 2022 – une superficie plus grande que l’État de Washington.
Les responsables canadiens ont répondu en soulignant le caractère sans précédent des récentes saisons des feux, largement attribuable aux changements climatiques créant des conditions plus chaudes et plus sèches dans toute la forêt boréale. La porte-parole de Ressources naturelles Canada, Melissa Thomson, a souligné que le gouvernement fédéral a alloué 256 millions de dollars canadiens supplémentaires à la gestion des feux de forêt dans le budget de cette année.
“Le Canada prend ses responsabilités au sérieux et travaille diligemment avec les provinces, les territoires et les partenaires internationaux pour faire face à cette crise croissante,” a déclaré Thomson à CO24 dans une déclaration écrite. “Nous avons investi dans des systèmes de détection précoce, augmenté la capacité de lutte aérienne contre les incendies et formé du personnel supplémentaire, mais nous faisons face à des conditions d’incendie qui dépassent les précédents historiques.”
L’échange diplomatique souligne les tensions croissantes alors que les catastrophes liées au climat franchissent de plus en plus les frontières nationales. Les experts en politique environnementale notent que, bien que le Canada maintienne la responsabilité principale de la gestion de ses forêts, la nature transfrontalière de la fumée des feux de forêt soulève des questions complexes sur les obligations internationales.
“Lorsque les impacts environnementaux traversent les frontières, nous entrons dans une zone grise des relations internationales,” explique Dre Eleanor Weston, professeure de politique environnementale à l’Université de Toronto. “Aucun pays ne veut être perçu comme un mauvais voisin, mais ces feux de forêt représentent une nouvelle échelle de défi qui met à l’épreuve les cadres existants de coopération.”
Pour les résidents des communautés frontalières, la posture diplomatique offre peu de soulagement immédiat. À International Falls, au Minnesota, où les lectures de l’indice de qualité de l’air ont dépassé à plusieurs reprises 200 (considéré comme “très malsain”) cet été, Mark Josephson, propriétaire d’entreprise, a exprimé sa frustration.
“Les politiciens peuvent se pointer du doigt tant qu’ils veulent, mais ce dont nous avons besoin, ce sont des solutions pratiques,” a déclaré Josephson, qui exploite une entreprise touristique desservant les amateurs de plein air. “Quand l’air est trop dangereux à respirer, les visiteurs annulent leurs réservations et notre économie en souffre.”
Les experts de la santé avertissent que l’exposition répétée à la fumée des feux de forêt comporte des risques importants, particulièrement pour les populations vulnérables. Les particules microscopiques peuvent pénétrer profondément dans les poumons et même entrer dans la circulation sanguine, potentiellement causant ou exacerbant des problèmes respiratoires et cardiovasculaires.
Pendant ce temps, les responsables canadiens soulignent que les communautés nationales ont supporté le plus gros de la crise, avec des dizaines de milliers de Canadiens évacués de leurs maisons ces dernières années en raison des flammes qui avancent. Le problème a mis à rude épreuve les systèmes d’intervention d’urgence dans plusieurs provinces et a mis en évidence les vulnérabilités d’infrastructure dans les communautés éloignées.
Alors que les communications diplomatiques se poursuivent, les deux pays reconnaissent la nécessité d’une collaboration renforcée. Les États-Unis ont précédemment envoyé du personnel et de l’équipement de lutte contre les incendies pour aider les efforts canadiens, tandis que les agences météorologiques travaillent en étroite collaboration pour suivre les modèles de fumée et émettre des avertissements opportuns.
Alors que les modèles climatiques prévoient des saisons d’incendie de plus en plus graves dans les décennies à venir, la question demeure: les nations voisines peuvent-elles trouver des moyens efficaces pour aborder les défis environnementaux transfrontaliers avant qu’ils ne déclenchent des tensions internationales aussi brûlantes que les incendies eux-mêmes?